Artiste/Groupe:

Dimmu Borgir

CD:

Eonian

Date de sortie:

Mai 2018

Label:

Nuclear Blast

Style:

Black Metal Symphonique

Chroniqueur:

Orion

Note:

18/20

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Il aura fallu presque huit ans au trio ShagrathSilenozGalder pour que ce nouvel album de Dimmu Borgir voit le jour. Une longue attente donc, qui nous aura laissé tout le loisir de nous questionner sur l’avenir du groupe. Et puis l’année dernière était enfin commercialisé le concert symphonique du groupe en DVD, comme pour rappeler à tout le monde que Dimmu Borgir était toujours vivant. C’est maintenant enfin du nouveau matériel qui nous est proposé. Chouette ! Ou pas (ça dépend de ce qu’on attend de ce nouvel album du groupe). Verdict ci-dessous… 

Je ne vais pas vous faire languir plus longtemps : si vous n’avez pas aimé Abrahadabra, il y a très peu de chance que ce nouveau Dimmu Borgir vous plaise. En même temps, ce n’est pas franchement une surprise, on l’avait vu venir. Eonian est la suite logique d'Abrahadabra dans l’évolution musicale de Dimmu Borgir. Mais bon, je préfère prévenir d’entrée ceux qui attendaient un hypothétique "retour aux sources" du groupe, inutile qu’ils perdent leur temps à lire cette chronique, cet album ne sera pas pour eux. Sur Eonian, le groupe est de moins en moins black (du moins, comme pas mal de personnes l'entendent) et de plus en plus symphonique.

On entre directement dans le vif du sujet avec The Unveiling. Une intro aux sonorités indus, des chœurs qui rappellent le morceau Dimmu Borgir, la touche symphonique bien mise en avant, un chant pas trop agressif au début, le retour de chœurs majestueux sur le refrain… On sent tout de suite que Dimmu a cherché à explorer un peu plus loin la voie vers le mélodique. Le second titre, Interdimensional Summit, premier extrait dévoilé par le groupe, est tout à fait dans la continuité d'Abrahadabra, alliant le côté mélodique (le solo de guitare notamment) et symphonique avec la force et la froideur du style Dimmu. Le refrain est bien travaillé pour rester en tête un moment. Ca commence fort. Et déjà, tous les "true black metalleux" qui étaient restés ont foutu le camp… 

Ce qui frappe, évidemment, ce sont ces chœurs (des vrais, enregistrés par le Schola Cantorum Choir, chorale déjà présente sur l’album précédent et que l’on avait pu voir à l’oeuvre sur le DVD Forces Of The Northern Night) qui ont pris une place importante, pour ne pas dire prépondérante, dans la musique du groupe : on les trouve sur quasiment tous les morceaux. Ils viennent enrichir les titres en apportant une touche majestueuse, venant faire contrepoids au chant black de Shagrath. Les orchestrations ne sont pas en reste, elles sont impressionnantes. D’aucuns trouveront tout ça bien trop grandiloquent, voire pompeux. Pas moi, je trouve ça juste classe (il faut bien sûr aimer le sympho). En tout cas, Dimmu Borgir peut se relancer dans une série de concerts symphoniques car tout l’album s’y prête. A contrario, en formation "normale", le groupe devrait avoir recours à pas mal de bandes sur scène pour le rendu de ces chœurs…
On pourra toujours poser cette question rhétorique : Que reste-t-il de black dans la musique de Dimmu ? Eh bien pas mal de choses, en fait. Le chant de Shagrath bien sûr, le tapissage à la double sur la plupart des titres, la rythmique bien puissante et compacte et l’ambiance, toujours aussi noire. En cela, le groupe n’a pas renié son passé. On retrouve aussi bien sûr l’agressivité propre au black sur quelques passages (Lightbringer, Archaic Correspondence, Alpha Aeon Omega…).
Mais le groupe a aussi envie d’innover, comme on peut s'en rendre compte avec Council Of Wolves And Snakes, le second titre dévoilé en vidéo, ce qui en soi était une prise de risque car c’est certainement le morceau qui ressemble le moins à du Dimmu Borgir. Un titre déroutant, il faut l’avouer, avec lequel j’ai eu un peu de mal aux premières écoutes mais qui se dévoile petit à petit. On y trouve notamment un passage ethnique avec quelques chants tribaux, créant une ambiance assez proche du Roots de Sepultura. Shagrath est majoritairement en mode narratif, le milieu du morceau fait presque ambient et la fin plus symphonique avec l’arrivée des chœurs. C’est aussi cette succession d’ambiances qui rend ce titre assez difficile à cerner. Ca reste pour le moment le morceau que j'apprécie le moins sur ce nouvel album.

Archaic Correspondence, autre compo plus compliquée à appréhender (mais quand même moins aventureuse que Council), renoue dans sa partie centrale avec les sonorités indus entrevues dans l’intro du premier titre. Si ce n’est pas totalement nouveau pour Dimmu (Puritania ou Blood Hunger Doctrine), cela montre tout de même ce besoin de faire évoluer le son du groupe. Ce titre nous propose également dans sa deuxième partie un chant masculin en voix claire qui vient répondre à Shagrath. Les musiciens de Dimmu Borgir aiment dire qu'ils ne font jamais deux fois le même album. Eonian vient confirmer leurs propos. 
Franchement, rarement un album ne me donne envie de le réécouter à peine terminé. Eonian est de ceux-ci. Des premières notes de The Unveiling jusqu’au superbe instrumental mélancolique, Rites Of Passage, qui clôt magistralement cet album, Dimmu Borgir maitrise son art noir à la perfection et nous offre un nouveau voyage dans son univers ésotérique en repoussant encore les frontières du Black Metal, genre musical décidément pluriel.

Eonian est juste énorme. C’est une œuvre musicale épique, complexe, riche, où la beauté des arrangements orchestraux côtoie la froideur propre au Black Metal. Dimmu Borgir suit sa route et franchit encore un palier dans son évolution musicale. C’est déjà une évidence, cet album ne fera pas l'unanimité (et de toute façon, quel album le peut ?), mais la créativité du groupe ne peut être remise en cause.
Dimmu Borgir fête cette année ses vingt-cinq ans d’existence et n’a plus rien à prouver à personne. Après un silence de huit ans, il vient confirmer avec Eonian son titre de maître du metal extrême symphonique, que personne ne lui avait ravi en son absence de toute façon. 

 

Tracklist de Eonian :

01. The Unveiling
02. Interdimensional Summit
03. ÆTheric
04. Council of Wolves and Snakes
05. The Empyrean Phoenix
06. Lightbringer
07. I Am Sovereign
08. Archaic Correspondence
09. Alpha Aeon Omega
10. Rite of Passage