Un véritable coup de foudre. C'est ce que je me suis dit à l'écoute des premières secondes de cet album et ce que je continue de me dire après me l'être passé de nombreuses fois en intégralité. On tient là ce que les anglophones appellent un « instant classic », pour ma part.

Haruspex et Lucifug, respectivement bassiste et vocaliste chez Primogenorum (également de l'écurie Forever Plagued), ont monté ce projet en parallèle.
Quelque part, Dis Orcus n'est pas très différent de Primogenorum, du moins de ce que j'ai pu en entendre (soit leur dernier album en date, Damned Hearts In The Abyss Of Madness). C'est juste que pour ce récent projet, ils ont encore un peu plus épuré leur propos, en virant le côté alambiqué qu'on retrouve parfois chez Primogenorum, et calé la musique sur un tempo doom exclusif. La dimension onirique et spatiale qui s'en dégage est également un élément propre à Dis Orcus. On est moins proche de Burzum, plus d'un Lurker Of Chalice sur les parties les plus atmosphériques du projet de Wrest.

Le groupe ukrainien a véritablement un son qui lui est propre, la guitare tourne en trémolo continu et d'une incroyable légèreté, éthéré ; des passages en lead mélodiques viennent régulièrement s'ajouter, mais toujours avec cette impression de légèreté. Léger certes, mais d'une grande complexité, qui se révèle petit à petit. Et de fait, on entend tout aussi bien la basse, qui joue des notes à la noire, tout en douceur. Même la voix de Lucifug semble s'éteindre lentement mais sûrement, comme celle d'un mourant.

Tous ces éléments participent à générer cette impression de flottement, cette ambiance spectrale qui sied complètement au concept de l'album. Les mélodies sont parfois poignantes, comme sur le magnifique final Scorched Holy Earth.
J'ai rarement entendu du black au rendu aussi atmosphérique sans l'utilisation de clavier, c'en est bluffant.

Au milieu des nombreuses sorties extrêmes de 2018 qui jouent la carte de l'ultra violence (et vu la qualité, on ne va pas se plaindre), il est salutaire de se trouver un havre de paix comme ce Somnambulistic Visions, un moment de calme intime et introspectif avec une approche très personnelle. Un petit bijou comme j'en entends rarement, assurément un de mes albums favoris de l'année.

Tracklist de Somnambulistic Visions :

01. Alone In The Empty Space
02. Somnambulistic Visions
03. The Circles Of Fire And Dead
04. Frozen In The Embrace Of Kokytos
05. Descending Into Tartarus
06. Scorched Holy Earth