Dans le Metal, les Pays-Bas sont surtout réputés pour le Metal Symphonique même si The Devil’s Blood avait déjà rappelé que cette magnifique contrée pouvait proposer autre chose. Ce groupe culte a profondément marqué les esprits tant par sa radicalité artistique que par sa fin brutale et tragique marquée par le suicide de son leader spirituel Selim Lemouchi. C’est d’ailleurs sur les cendres de ce défunt groupe que s’est formé Dool avec Micha Haring à la batterie venu rejoindre Ryanne Van Dorst, leader, chanteuse et guitariste de Dool. C’est bien elle qui est à l’origine de ce projet ambitieux. Le duo a ensuite été rejoint par deux guitaristes supplémentaires, Nick Polak et Reynier Vermeulen, ainsi que le bassiste JB Van Der Wal, qui gravitaient déjà dans l’univers de la chanteuse au style bien gothique. Eh oui, la thématique néerlandaise est respectée, c’est encore et toujours une chanteuse qui est à l’œuvre ici.

L’univers du groupe et l’imagerie sont assez explicites, l’ambiance est dark, les thématiques sombres. Summerland, deuxième album du groupe, fait référence à un thème païen issu de la mythologie viking. La pochette, magnifique, est l’œuvre de Nona Limmen et ce Summerland a été produit par Martin Ehrencrona (Tribulation notamment) et mixé par Magnus Lindberg (Cult Of Luna). Bref que des personnes ayant bossé pour des groupes pas réputés pour leur musique joviale. A tout point de vue, nous sommes en présence d’un univers très cohérent, pas très joyeux mais pour autant loin d’être glauque. C’est que Dool réussit la performance de proposer quelque chose de très ambivalent, entre noirceur et lumière. Si musicalement la comparaison n’a aucun sens, mon ressenti est un peu le même que face à une formation comme Alice In Chains (dont je suis un immense fan) : une musique assez sombre, presque sans espoir mais dont se dégage paradoxalement une réelle positivité. Incroyable rendu obtenu par Dool. Le groupe s’était déjà fait remarquer sur son premier album avec notamment Oweynagat, un morceau de très haute volée (à écouter tant pour sa construction que pour son final déchainé). Et les Néerlandais enfoncent le clou avec ce second album.

Ce Summerland est composé de neuf titres, tous excellents. C’est bien simple, cet album est une bombe et va longtemps tourner en boucle chez moi. Les ambiances sont très réussies et les lignes de guitares d’une beauté incroyable. Ecoutez-moi la ligne mélodique de God Particle débouchant sur un solo impérial. C’est de la très belle ouvrage. C’est bien simple, tout fonctionne ici, les guitares j’en ai déjà parlé mais que dire des refrains, tous bien mémorisables ! La basse vrombit tout le long de ce Summerland et c’est un régal. Quelle section rythmique de qualité. Hyper cohérent, très inspiré, ce Summerland n’en est pas moins très varié et aucune lassitude ne se fait ressentir. Ce disque s’écoute d’une traite et avec grand plaisir. J’ai déjà cité God Particle (immense morceau) mais Sulphur And Starlight (dont l’intro me fait penser à du Avatarium à son top) et Be Your Sins sont très réussis également... et je pourrais toutes les citer. Le morceau éponyme, après un démarrage en mode ballade rock, se termine par une ligne mélodique frénétique imparable. En cinquante-quatre minutes, Dool impressionne véritablement et tape très fort sur ce deuxième album qu’on devrait retrouver dans les tops en fin d’année (même si j’anticipe un peu là). Très à la mode dans les années 90 (Type O Negative, Paradise Lost, et d’autres), la musique « gothique » pourrait-elle revenir à la mode ? Il est bien sûr trop tôt pour le dire mais le style tient là une sacrée tête de gondole.

Dool avait prévu de nous rendre visite sur sa tournée mais le contexte sanitaire en a décidé autrement. Ce ne sera donc que partie remise pour aller découvrir le rendu live de ces joyaux. Un groupe très prometteur. Un disque prodigieux.

Tracklist de Summerland :

01. Sulphur And Starlight
02. Wolf Moon
03. God Particle
04. Summerland
05. A Glass Forest
06. The Well’s Run Dry
07. Ode To The Future
08. Be Your Sins
09. Dust & Shadow