Draconian

Artiste/Groupe

Draconian

CD

A Rose For The Apokalypse

Date de sortie

Juin 2011

Style

Doom Beautiful Metal

Chroniqueur

Hellblazer

Note Hellblazer

17/20

Site Officiel Artiste

Myspace Artiste

C H R O N I Q U E

Un son dantesque, c'est la première chose qui surprend dès que déboule Drowning Age sur la platine. Murs de gratte rehaussés de nappes de claviers grandiloquentes mais pas pompeuses. Une mélodie imparable d'entrée... Draconian rappelle immédiatement le Paradise Lost de... Draconian Times, eh oui. Puis les blasts arrivent, suivis de peu par l'entrée en matière vocale, death à souhait, relayé peu après par une voix féminine subtilement dosée, enchainée par un break calme qui permet de relancer la machine de plus belle en up-tempo dévastateur. Refrain du même tonneau, une tuerie.

Ce premier missile donne le ton de l'empire sonore qui va suivre. The Last Hour Ancient Sunlight permet judicieusement à l'auditeur de se remettre de la première secousse en mid/slow tempo, sur lequel là aussi le couple, plus que le duel, voix death masculine (Anders Jacobsson)/féminine claire (Lisa Johansson) se pose en osmose parfaite. Se greffe peu après là-dessus une rythmique béton, breakée de sombres effets (violons et piano), pour un ensemble atmosphérique de haute volée. End Of The Rope reprend sur un riff dramatique et altier, soutenu par une double grosse caisse, et après un plantage de décor bien ténébreux, le titre démarre en mid-tempo qui rappelle vraiment Shadow Kings de Paradise lost ou encore Therion... là encore du grand art.

Jacobsson maîtrise son sujet, en noir seigneur que vient compléter sa lumineuse elfe Johansson. Le paradoxe confère à l'ensemble un relief véritable et évite la monotonie, d'autant plus que la structure intelligente du titre (comme des autres), à tiroirs, offre une grande variété sans pour autant complexifier le débat. Quelle surprise ! Elysian Night s'annonce épique et nostalgique d'entrée de jeu, et - pardonnez-moi mais c'est impossible de ne pas y penser ! - renvoie encore à Paradise Lost dans l'atmosphère grandiose et sombre. En revanche, c'est la voix angélique de Johansson qui ouvre le bal sur une rythmique mid-tempo claire (et là on va plutôt vers Within Temptation ou Nightwish), relayée bientôt par l'attaque grunt de son comparse mâle. Break tragique, riff tournoyant... tout démontre que le groupe s'est donné du mal pour offrir à ses fans un album à la longue durée de vie, qui, même s'il est percutant dès la première écoute, en nécessitera plusieurs pour embrasser la foule de détails. Elysian Night s'étire ainsi, au gré de ses circonvolutions alambiquées, sur un monumental huit minutes de bonheur. Et on n'est qu'à la moitié de cette impériale galette, qui se poursuit avec le début sobre et mélancolique de Deadlight, sur lequel Johan Ericson ne parvient pas longtemps à retenir sa six-cordes avec encore un de ses riffs que ne renierait pas Greg Mackintosh. Nos deux vocalistes s'unissent d'emblée sur une ligne de mid-slow tempo que la rythmique impitoyable (basse/guitare rythmique/batterie) rend franchement couillu... on est loin des lenteurs lourdes de My Dying Bride. Surtout car, pour rester fidèle à la créativité qui marque cet album, les changements sont légions sur ce titre, et dès la seconde moitié, ça embraye sévère sur des blasts subtils (oui oui, c'est possible) renforcés par des incursions géniales de Johan Ericson à la gratte lead. Quelle classe ! On est vraiment à une croisée de chemin entre Paradise Lost (époque Draconian Times et Death unite us), parfois du Ayreon et du Within Temptation.

Draconian est parvenu à digérer toutes ces influences évidentes sans les singer, bel exploit. Car en plus de leur rendre honneur il apporte une (très grosse) pierre à l'édifice, doom/progressif.

La suite ne détonne pas, avec Dead World Assembly qui attaque fort pour laisser place à une gratte acoustique/voix claire du meilleur effet, que vient renforcer le reste de l'équipe rapidement. Anders Jacobsson fait preuve de puissance sur la seconde moitié, un vrai lion rugissant. Et à nouveau un break en sombre dentelle. Et à nouveau le volcan qui entre en éruption. Quel son de guitare... A Phantom Dissonance démarre sur une ligne de guitare médiévale trompeuse, puisque la cavalerie déboule aussitôt en assénant un riff meurtrier serti dans l'écrin d'une rythmique assassine. Break, silence, Johansson déclame une ligne sobre, les potes arrivent et détruisent tout sur leur passage... quelle puissance ! Le riff central est vraiment monstrueux, et franchement, sur celui-là, même Mackintosh n'en n'a jamais sorti un pareil, d'autant plus que le groupe est à l'unisson parfait et cela s'entend. Effroyable !

The Quiet Storm prend la suite : lointains accords de guitare désincarnée, chant féminin passé au vocoder, le décor est planté pour l'arrivée fracassante de devinez quoi ? Le riff, eh oui, le riff. Et derrière, la gratte rythmique qui enfonce le clou. Jacobsson chante comme un possédé (quelle hargne !), la guitare le relaie sans répit... pfff, quelle démonstration de majesté. En seconde moitié, une chevauchée épique dotée d'une atmosphère que Rammstein approuverait (Wo Bist Du sur Rosenrot), et on finit dans les vapeurs éthérées d'un cimetière marin. Une tuerie (à tiroirs). Avant dernier titre, The Death of Hours enclenche sur un riff inquiétant, puis un slow-tempo façon 1000 tonnes sur la tête, écrasant à souhait. Et ça se développe sur (eh oui, encore) un riff dantesque. mes aïeux, mais où va t-il les chercher, le bougre ? Que dire ? Là encore, le titre emporte tout sur son passage, truffé de breaks, accélérations, changements de cap, mixs habiles de voix, grattes ultra heavy ou folks. Je reste scotché. 7 minutes 30 d'hypnose. Et on clôture les festivités avec Wall of Sighs, qui attaque bille en tête, avec une succession de mid et up-tempi façon Attila, breakés par des claviers de style Highlander après la bataille, repris par des soli de violon à pleurer.

Enorme surprise que la créativité de ce disque, aussi puissant que majestueux, doté d'un son olympien, qui propose un doom original et beau, un sujet dense sans être pédant, et se pose en véritable challenger du genre.

Quelle super claque, j'en reveeeux !

Tracklist de A Rose For The Apokalypse :

01. The Drowning Age (7:18)
02. The Last Hour Ancient Sunlight (5:26)
03. End Of The Rope (6:34)
04. Elysian Night (7:52)
05. Deadlight (6:32)
06. Dead World Assembly (5:52)
07. A Phantom Dissonance (5:39)
08. The Quiet Storm (6:37)
09. The Death Of Hours (7:48)
10. Wall Of Sighs (5:14)

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