C H R O N I Q U E

Dublin Death Patrol, un groupe sorti tout droit d'Irlande ? Pas du tout, le Dublin du titre est en fait une ville de Californie, et les sept membres qui constituent ce collectif ne sont pas des débutants puisqu'on trouve parmi eux un certain Chuck Billy (Testament), son frère Andy (ex-Vio-Lence), Steve Souza (ex-Testament, ex-Exodus, Hatriot), ou le bassiste Willy Lange (Rampage, Lääz Rockit) pour ne citer que les plus connus. Ces messieurs ont déjà produit un DDP 4 Life en 2007, et nous reviennent en ce bel été 2012 avec leur deuxième essai au titre on ne peut plus charmant : Death Sentence. Un coup d'oeil rapide à la pochette, au CV des protagonistes et au titre des chansons, et on se dit que ça va dépoter, que ça va déchirer, tabasser, charcler et même probablement défourailler, et en fait... non. Pas vraiment. Sur le papier, tout cela était bien excitant et sentait bon la petite tuerie thrashy estivale mais le coche est pourtant bel et bien loupé. Aïe. Pourquoi ? Comment ? Explication.

Notre bande de copains californiens nous propose bien un album de thrash, pas un thrash trop poli ou propret, non, quelque chose de plus cru, plus punk, brut ou viscéral, avec un son de guitare un peu crado, le tout modestement produit. Un peu trop modestement d'ailleurs. On aimerait bien se prendre un gros mur de son dans la tête mais la musique de Dublin Death Patrol, déjà pas forcément très originale ou inspirée (nous y reviendrons), est servie par un petit son garage pauvret (c'est particulièrement flagrant avec la batterie) qui ne lui rend pas justice. Il ne s'agit pas de descendre ce Death Sentence pour autant. Il a tout de même quelques atouts. Et sa production, malgré son aspect "démo", ne le rend pas inécoutable.

Certains titres fonctionnent bien, oui, il y a bien quelques compos qui font taper du bien ou secouer la tignasse (la rapide Dehumanize est très convaincante), c'est vrai. Le duo vocal Chuck Billy (grosse voix gutturale, son chant se rapproche souvent de ce qu'il a fait de plus méchant chez Testament) / Steve Souza (registre plus hargneux et nasillard à la Bobby Ellsworth d'Overkill, on a parfois l'impression que Gollum du Seigneur des Anneaux s'est mis au chant) est plutôt pas mal. La mélodie de Blood Sirens rappelle assez Testament et accroche bien. Le refrain entêtant de My Riot est assez facile à mémoriser. L'album s'achève avec une reprise, la punk Butcher Baby (compo du groupe The Plasmatics), qui offre une conclusion sortant un peu des sentiers battus. Mais le plus souvent, si l'on doit se prêter au petit jeu des comparaisons, Dublin Death Patrol déçoit. Pas parce que le groupe est mauvais mais parce que ses compos ne comblent pas nos attentes et n'égalent jamais, à quelques rares exceptions près, ce que des Testament ou Exodus ont pu faire en matière de thrash metal. C'est moins inspiré (certains riffs basiques ou déjà entendus peinent à impressionner et évoquent parfois ce que de jeunes gratteux novices pourraient faire en s'entraînant dans leur chambre), moins puissant, moins technique, moins incisif, pas franchement surprenant... Voilà. C'est bien simple, écoutez un titre du tout nouvel album de Testament (True American Hate, par exemple), une compo d'un album récent d'Exodus, ou même une chanson du dernier Hatriot (tenez, voilà la vidéo de Blood Stained Wings), et ensuite passez-vous un peu de ce Death Sentence... et là, vous sentirez tout de suite à quel point Dublin Death Patrol est moins percutant. Malgré tout, ce disque s'écoute et demeure sympathique mais, alors que la fin de l'album approche, on attend toujours la grosse claque... qui a tout simplement oublié de se pointer. Death Sentence peut tout de même se concevoir comme une agréable curiosité et ravira peut-être certains fans, mais il n'est vraiment pas (à mes oreilles) un album de thrash incontournable.

Tracklist de Death Sentence :

01. Mind Sewn Shut
02. Dehumanize
03. Blood Sirens
04. Broken
05. Welcome To Hell
06. Conquer And Divide
07. Death Toll Rising
08. My Riot
09. Macabre Candor
10. Butcher Baby

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