Un anniversaire, ça se fête. Et un quart de siècle, ça se fête d'autant plus. Car oui le temps passe à une allure phénoménale et aujourd'hui, les Allemands d'Edguy fêtent (déjà) leur vingt-cinq années de carrière. Tout ça ne nous rajeunit pas ! Et pour marquer le coup, nos joyeux trublions ont mis les petits plats dans les grands. Pas moins de vingt-huit titres proposés sur deux CD pleins à craquer, dont cinq nouveaux titres. Plus un DVD avec un live exclusif de la tournée Hellfire Club et tous les clips du groupe. L'édition limitée earbook est encore plus conséquente, j'y reviendrai en fin de chronique.

Commencons par les nouveautés. Des groupes qui proposent un nouveau titre lors de la sortie d'un best-of, c'est assez courant, mais alors cinq titres, c'est du gros cadeau. L'initiative est à souligner, ça fait plaisir ! Bon, on ne va pas se mentir, nous ne sommes pas en face de cinq tueries ultimes du groupe, mais il fallait s'en douter. Un groupe ne va pas mettre ses meilleurs cartouches sur un best-of mais il va les garder pour son prochain album. Logique. Mais il n'en reste pas moins qu'il y a des choses intéressantes et tout n'est pas à jeter, loin de là. Déjà il faut louer le fait qu'il s'agisse de vrais titres et non de reprises. La production est impeccable, Sascha Paeth et Nuclear Blast obligent. Ravenblack est un titre classique et passe partout pour du Edguy moderne, et lorgne même du côté du voisin Avantasia. Pas enivrant mais sympa. Wrestle The Devil est plus rock et aurait eu sa place sur Age Of The Joker. La deuxième partie avec les choeurs qui répondent à Tobias est bien fun, et le solo qui s'ensuit plutôt réussi également. Open Sesame est assez plat avec un refrain pas folichon mais qui se retient finalement après plusieurs écoutes. Avec Landmarks, on hausse le niveau de plusieurs crans. Du Edguy comme j'aime. Un titre speed, accrocheur avec un très bon refrain, voilà un vrai bon titre ! On termine le rayon des nouveautés par The Mountaineer, avec un bon début bien speed également qui rappelle les heures glorieuses du groupe. La suite est plus convenue mais reste de bonne facture. Dans l'ensemble, après plusieurs écoutes, on s'aperçoit de la qualité des morceaux, qui s'ancrent bien en tête. C'est parfait pour ce best-of en attendant le nouvel album. 

Place maintenant aux vingt-trois titres du best-of. Alors nous avons ainsi quatre titres issus de Space Police: Defenders of the Crown, quatre également de Hellfire Club, deux de Tinnitus Sanctus, deux de Theater Of Salvation, deux de Rocket Ride, deux de Vain Glory Opera, deux de l'EP Superheroes, et un seul de Age Of The Joker, de l'EP King Of Fools, de The Savage Poetry et Mandrake. Et un tout dernier titre exclusif issu des démos de The Savage Poetry, sorti des tiroirs du groupe. Alors quand on regarde de près les morceaux, on trouve évidemment une bonne partie des tubes du groupe : King Of Fools, Tears Of Mandrake, Babylon ou encore Vain Glory Opera. Parmi les bonnes surprises, on notera la présence de Holy Waters issu de l'EP King Of Fools, et surtout Spooks In The Attic et Judas At The Opera. Ce dernier en particulier a toujours été à mes yeux (enfin, mes oreilles) une petite merveille de speed, avec un duo avec l'excellent Michael Kiske. Une des meilleures compositions signée Edguy toutes périodes confondues ; j'ai toujours trouvé dommage de voir ce titre proposé uniquement sur un EP (Superheroes). Autre bon point : Reborn In The Waste. C'est le fameux titre inédit de la période The Savage Poetry. Composition intéressante dans la mesure où l'on reconnait à peine le style du groupe. La voix de Tobias est totalement différente, ainsi que le son (sans parler de la production qui n'est évidemment pas celle d'aujourd'hui). Si le titre en lui-même n'est pas un must du genre, il permet de se rendre compte du chemin parcouru et de l'évolution ultra rapide qu'a connu le groupe, aussi bien en terme de style qu'en terme de qualité. 

Mais il y a aussi pas mal de choses à redire concernant le choix des titres. Alors fatalement, avec une discographie aussi conséquente, il est difficile de contenter tout le monde. Mais comment passer à côté de l'album Mandrake (hormis Tears Of Mandrake heureusement !) qui est considéré par beaucoup comme le meilleur du groupe ? Il y avait pourtant du choix entre Jerusalem, All The Clowns, The Pharaoh, Save Us Now ou encore Painting On The Wall. De même, aucun titre de Kingdom Of Madness. Alors d'accord, l'album est à oublier, sauf un titre, Wings Of A Dream. D'autant plus que le groupe avait ré-enregistré ce titre il y a quelques années avec une bonne production. Dommage. Et que dire de l'oubli de Hallowed, excellent titre speed d'ouverture de The Savage Poetry ?. Et où sont passés How Many Miles, The Headless Game et Wake Up The King ? Des indispensables à un best-of ! Au final, ça nous fait un choix de dix titres. On pardonnera plus facilement Jerusalem, Wings Of A Dream et The Headless Game qui apparaissaient sur le premier best-of Hall Of Flame. Alors oui, le groupe ne peut pas tout mettre en rajoutant un troisième CD pour me faire plaisir, ni contenter tout le monde, mais un échange avec 9-2-9 et Save Me par exemple aurait été plus pertinent. Voilà mon avis concernant le choix. Mais chaque fan aura un avis différent, c'est totalement subjectif. 

Pour finir, parlons un peu du DVD bonus. Un live entier datant de la tournée Hellfire Club de 2004. Si on peut trouver dommage de ne pas avoir un blu-ray, qui plus est d'une tournée plus récente, il faut se dire qu'il s'agit avant tout d'un bonus. En espérant en revanche que le groupe ait la bonne idée de sortir un bon gros live en format blu-ray d'ici peu. Bref, ce live est une bonne idée dans la mesure où il s'agit probablement de la meilleure tournée du groupe à ce jour. C'est simple, à l'époque Edguy cartonne et est au sommet de sa gloire et, qualitativement parlant, à son apogée. Pour les avoir vus sur cette tournée, ça envoyait du lourd ! Il s'agit donc du concert filmé au Brésil, avec un public généralement très chaud. Tobias débarque du toit sur l'intro de Mysteria, suspendu à un harnais, et c'est déjà la folie dans la foule. Première surprise, le son : il est excellent ! Tout en ayant l'âme d'un live, il se révèle parfait, et on entend très bien tous les instruments, avec une mention spéciale pour la basse. Bon nombre d'albums live plus récents ne peuvent pas se targuer d'avoir un si bon rendu. C'est sur la qualité de l'image qu'on voit en revanche l'évolution (dont on ne se rend plus compte) flagrante qualitative entre un DVD et un blu-ray. L'image est loin d'être lisse et possède pas mal de "grains". Mais absolument rien de rédhibitoire. On peut même y voir une dose de nostalgie... tout comme voir Tobias avec ses cheveux longs. Tout ça commence à dater ! La setlist est vraiment bonne étant donné que, comme je le disais plus haut, le groupe n'avait sorti que de bons albums à l'époque. On y trouve quelques pépites que le groupe ne joue que peu ou plus, comme Under The Moon, Navigator ou encore Fallen Angels. Autre bonne surprise, le titre Chalice Of Agony tiré de l'album The Metal Opera Part 2 d'Avantasia, avec en invité de marque Andre Matos, très en verve à l'époque. Rajoutez à tout ça les autres hits indéboulonnables et la ferveur d'un public en feu et vous obtenez un super bonus. Le groupe dégage une énergie débordante, joue juste, transpire, c'est la grande classe. Et toujours ces quelques délires dont le groupe est friand (notamment sur Wake Up The King, Land Of The Miracle et bien entendu Lavatory Love Machine, ainsi que les nombreuses fanfaronnades de Tobias avec le public). Petit coup de coeur pour The Piper Never Dies à la longue intro bluesy. Un gros pavé de dix-sept minutes peu commun pour le groupe. Avec ce show, c'est une grande bouffée d'air nostalgique que nous offre le groupe. Après le visionnage, on se dit qu'il n'y avait pas de meilleure tournée pour rendre hommage au groupe. Le concert est juste énorme à tous les niveaux, c'est remarquable. On passera sur l'intégralité des vidéos du groupe, toutes visionnables sur youtube par tout le monde, largement dispensables mais c'est le bonus obligatoire, on va dire. 

Enfin, le packaging (sur la version earbook) est vraiment somptueux. Déjà, vous aurez droit au live en version audio réparti sur deux CD. Ensuite, un gros livre de 160 pages avec toute l'histoire du groupe depuis les tout débuts avec pas moins de cinq cents photos, dont certaines vraiment sympas (les plus vieilles évidemment, méconnaissables les gars !). La qualité du papier, de la mise en page et des images est assez remarquable, on sent vraiment un gros travail derrière. Edguy ne se moque pas des fans en proposant bien plus qu'un simple best-of. Que vous soyez un fan, un simple amateur, ou un novice désireux de découvrir le groupe, c'est le moment. 

Tracklist de Monuments :

Disc I
01. Ravenblack
02. Wrestle The Devil
03. Open Sesame
04. Landmarks
05. The Mountaineer
06. 9-2-9
07. Defenders Of The Crown
08. Save Me
09. The Piper Never Dies
10. Lavatory Love Machine
11. King Of Fools
12. Superheroes
13. Love Tyger
14. Ministry Of Saints
15. Tears Of A Mandrake

Disc II
01. Mysteria
02. Vain Glory Opera
03. Rock Of Cashel
04. Judas At The Opera
05. Holy Water
06. Spooks In The Attic
07. Babylon
08. The Eternal Wayfarer
09. Out Of Control
10. Land Of The Miracle
11. Key To My Fate
12. Space Police
13. Reborn in The Waste

Disc III [Live DVD]
01. Mysteria
02. Under The Moon
03. Navigator
04. Wake Up The King
05. Land Of The Miracle
06. Lavatory Love Machine
07. Vain Glory Opera
08. Fallen Angels
09. The Piper Never Dies
10. Babylon
11. King Of Fools
12. Chalice Of Agony
13. Tears Of A Mandrake [feat. André Matos]
14. Out Of Control