Formé en 2008 et originaire de Boston, Elder sort son premier album éponyme en 2009. Ce groupe de Doom/Stoner aux accents psyché ne se fera vraiment connaitre qu'en 2011 avec son second album intitulé Dead Roots Stirring. C'est avec cet opus que j'ai découvert ces Américains talentueux. Sur cet album, Elder affine son style en incluant plus de parties atmosphériques voire progressive dans sa  musique, chose que le groupe confirme sur son EP sorti en 2012. En 2014, tout le monde espérait la sortie d'un nouvel album, elle aura lieu mais ce sera un live capturé lors de leur passage en 2013 au Roadburn festival... Printemps 2015, enfin la bonne nouvelle, elle se nomme Lore.

Si on se fie à son artwork très ambiant, on peut penser que sur ce nouvel ouvrage les Bostoniens continue leur virage progressif entamé sur Dead Roots Stirring et leur EP deux titres Spires Burn/Release.
Ce n'est pas de suite avec Compendium, le premier morceau qui est du Elder tout à fait classique, que le changement est perceptible, mais sur Legend le second titre. Celui-ci qui dure douze minutes commence à la guitare en son clair suppléée par la basse, puis la batterie entre en jeu et ça monte crescendo. Le groupe s'appuie toujours sur une rythmique bien lourde et fuzzante de la part du duo pachydermique composé de Jack Donovan (basse) et Matt Couto (batterie). Pour la guitare, pas de riff mais des harmonies superposées en strates donnant à certains moments des sensations post rock. Il faut attendre près de trois minutes avant d'entendre la voix du guitariste chanteur Nick DiSalvo. Les parties musicales faites de plusieurs breaks sont tour à tour atmosphériques, progressives, violentes. L'intensité monte, monte puis retombe pour arriver à l'éruption finale. Elder nous refait le coup sur Lore, cette pièce de presque seize minutes qui donne son nom à l'album et qui commence par contre sur les chapeaux de roue et tient ce rythme intense presque jusqu'à sa moitié, puis nous avons droit à un temps calme et comme sur Legend, à une remontée à la guitare claire, toujours faite de strates de guitares, la rythmique se faisant de plus en plus intense. Ce magma sonore est plus qu'un virage progressif, il montre un visage post metal aussi. Avec ces trois premiers titres, les Bostoniens affirment leur direction musicale de main de maître et ce n'est pas fini : quarante minutes sont passées (très vite), il en reste près de vingt. Neuf avec Deadweight, un brûlot de lave en fusion proche de Compendium. Puis les dix dernières avec Spirit at Aphelion. Cette dernière merveille commence par une partie acoustique, puis le rythme monte, la guitare se fait électrique avec un riff sabbathien qui revient en boucle. Nous avons droit aussi à un superbe solo de la part de Nick et les parties de batterie de Matt sont phénoménales... Un petit aparté au melotron puis l'ambiance change pour devenir plus atmosphérique, la guitare se fait plus claire puis la voix revient, sur un final plus metallique.

En lisant cette chronique, vous allez sûrement comprendre (je l'espère) que cet album est une référence du genre. Nous avons droit à cinquante-neuf minutes de pur délice mucical tant par la qualité des compositions que celle des musiciens. Mais aussi par sa production qui, malgré la rythmique pachydermique et fuzzante de Jack et Matt, laisse à Nick la place pour s'exprimer. Enfin, le choix d'explorer de nouveaux champs musicaux est une belle prise de risque et c'est une réussite ! Chose bien rare de nos jours et c'est pour cela qu'il faut le souligner.

Cette direction musicale prise par Elder sur ce nouvel album Lore me fait penser à celle prise par Pallbearer, aussi avec succès, sur Foundations Of Burden, un de mes coups de coeur 2014. Tout comme leurs compatriotes, les musiciens d'Elder ont pris la bonne voie : celle du renouveau. Lore est une magnifique oeuvre qui va marquer l'année 2015 et sûrement bien d'autres. Cette merveille me donne envie de ne pas manquer Elder lors de leur passage au Hellfest 2015 ! Et vous ?

Tracklist de Lore:

01. Compendium
02. Legend
03. Lore
04. Deadweight
05. Spirit at Aphelion