Artiste/Groupe:

En Minor

CD:

When The Cold Truth Has Worn Its Miserable Welcome Out

Date de sortie:

Septembre 2020

Label:

Housecore Records

Style:

Blues "Depression-core"

Chroniqueur:

JeanMichHell

Note:

14/20

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Philippe Anselmo reste un artiste controversé, qui divise. Je n’ai pas spécialement envie de relancer le débat sur l'homme et/ou l'artiste. Mais côté humain, on connaît l'homme avec tous ses excès, junkie notable, avec des positionnements idéologiques très discutables et souvent bas du front. Mais il reste un artiste prégnant, important de la sphère du Metal. L'animal a commis un certain nombre de méfaits dans des styles assez différents. Les plus marquants et remarquables restent bien entendu Pantera, Down, ou Superjoint Ritual pour le meilleur. D'autres projets comme Scour ou encore avec ses acolytes des Illegals ne sont pas terribles voir même mauvais. Ce n'est certainement pas pour rien si la dernière tournée avec les Illegals aura fini par être un tribute aux Cowboys From Hell.

Mais c'est un artiste toujours rempli de surprise, et En Minor en est clairement une. Oser prendre un nouveau contrepied dans sa carrière, en proposant une forme de blues-country « dépressif » à souhait, peu de monde aurait osé se mettre en danger ainsi, sauf lui. C'est un album qui va forcément partagé car, premièrement, il est loin des sphères métalliques habituelles, deuxièmement, le père Phil avec les années a perdu vocalement de sa superbe, et troisièmement tout le monde n'est pas friand du style texan.

En Minor a au moins le mérite d’être un projet qui tranche avec les habitudes. Et comme disait le poète : « Une musique sans accord majeur c'est une piste sans danseurs », En Minor propose une approche qui transpire la langueur à chaque accord. Je pense que peu de monde va essayer de faire danser son ou sa chéri(e) sur ce projet là. La tristesse et la lourdeur émotionnelle qui se dégagent de cette galette est palpable pour Sieur Anselmo mais aussi pour ses compagnons de route.

Le line-up est plus que conséquent, il y a donc Philip H Anselmo au chant et à la guitare, Stephen Taylor et Kevin Bond aux guitares, Calvin Dover aux claviers et aux chœurs, Steve Bernal au violoncelle, Joiner Dover à la basse, Jimmy Bower à la batterie, et Jose Gonzalez aux percussions. Un groupe conséquent mais qui ne se retrouve pas forcément ensemble sur tous les titres.


Les compositions sont globalement à tendance Blues, avec quelques belles réussites comme Mausoleums, archétype d’une boucle qui emmène et nous ballotte dans une douce torpeur. Blue, qui malgré son titre, et une intro qui traine un peu en longueur, arrive à tirer son épingle du jeu grâce à un clavier qui relève la mélodie initiale. Dead Can’t Dance possède un contraste intéressant entre une mélodie très discrète, paradoxalement légère et la ligne vocale d’Anselmo rauque à souhait. D’autres plus proches de la Country comme Warm Sharp Bath Sleep ou encore Hats Off apportent une autre teinte à l’album. Seul This Is Not Your Day, qui grâce à une présence décuplée de percussions, augmente le rythme et se veut un peu plus direct. On peut reprocher quelques longueurs, ou des redondances mais musicalement c’est solide.

Mais j’ai tout de même mal au cœur pour l’artiste Anselmo, qui vocalement parlant propose une prestation bien faiblarde. Je suis à deux doigts de le surnommer Ansel-Renaud (putain de virus). Il sonne fatigué, peu capable de varier sa façon de chanter. Il souffle par instant ses paroles plus qu’il ne les chante, peut être un choix artistique, mais certainement parce c’est difficile de faire mieux. Cette prestation vient confirmer le sentiment que j’avais eu devant le live avec les Illegals sur les reprises de Pantera.  Certes sa voix aujourd'hui peut coller au genre, mais comme il l’a longtemps défendu, aujourd’hui il ne chante plus « comme un rossignol ». J’en suis le premier attristé.  


When The Cold Truth Has Worn Its Miserable Welcome Out a bien des qualités, et respecte pleinement le cahier des charges voulu par le groupe. Par instant envoutant, par instant un peu chiant, il peut s’écouter sans vraiment tendre l’oreille. C’est un album à savourer un soir d'hiver auprès d'une cheminée un verre de scotch sur glace entre les mains, avec comme seul objectif de passer une inoubliable soirée à oublier.

Tracklist de When The Cold Truth Has Worn Its Miserable Welcome Out:

01. Mausoleums
02. Blue
03. On The Floor
04. Dead Can’t Dance
05. Love Needs Love
06. Warm Sharp Bath Sleep
07. Melancholia
08. This Is Not Your Day
09. Black Mass
10. Hats Off
11. Disposable For You
    

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