C H R O N I Q U E

Voici le deuxième album d'un groupe espagnol qui devrait faire parler de lui... s'il bénéficie d'un petit coup de pouce. What Doesn't Kill Us... est, en fait, sorti en 2009 mais vient seulement de parvenir jusqu'à mes oreilles. Il faut dire que Gauntlet n'a pas encore été signé par un label lui permettant de distribuer ses albums à une échelle internationale. Le groupe se charge donc de faire sa promo et de proposer son disque à qui veut bien l'écouter. C'est donc avec retard que je me penche sur le cas de nos voisins Hispaniques mais, pour l'occasion, l'adage "mieux vaut tard que jamais" prend tout son sens tant ce disque regorge de qualités.

Parlons tout d'abord du style : un heavy metal puissant, viril et thrashisant, servi par des guitares tranchantes et une voix un brin éraillée. On sent une grande influence de la scène américaine (on pense parfois à Megadeth, Armored Saint ou, plus rarement, Metallica) et il n'est pas déplaisant de replonger dans un style assez classique mais qui ne tombe jamais dans le gros cliché obsolète. En effet, Gauntlet, sans réinventer le genre, ne semble jamais vraiment en retard sur son époque. Cela est probablement dû au fait que les Espagnols ont su injecter à leurs compos quelques touches plus modernes bienvenues. Et un petit passage par les Finnvox Studios en Finlande pour le mixage y est probablement aussi pour quelque chose. La production de l'album est réussie, les guitares sonnent de façon impeccable, la section rythmique est percutante et l'ensemble de manque ni de dynamisme, ni de relief.  

Passons aux compositions maintenant. Sur les dix pistes présentes, on ne compte que huit vraies chansons, What Doesn't Kill Us... et A Last Advice faisant office d'intro et d'outro. Huit titres donc, et rien à jeter. On commence avec la puissante ...Makes Us Stronger à la rythmique imparable. Ce morceau de thrash moderne possède un riff et une ambiance qui me font un peu penser à la chanson Kill The King de Megadeth. Tout est à sa place, c'est carré et costaud. Le solo de guitare de Daniel Millan est excellent, et tout le bien qu'on commence à penser de ce six-cordiste ne fera que se confirmer sur les pistes suivantes.
Winners Race nous emmène sur un chemin plus heavy metal mid-tempo et se montre tout aussi convaincant que le titre précédent. Les harmonies de guitares sont très chouettes, la paire de gratteux constituée de Miguel Rocha (également chanteur) et Daniel Millan fonctionne parfaitement bien, les riffs sont bien affutés et le solo ne déçoit pas.
Le tempo redécolle un peu avec la très efficace Decade qui ne souffre d'aucun défaut. Encore un bon mélange d'influences heavy mélodique et de thrash... le refrain est accrocheur... rien à redire.
Ensuite, c'est au tour de In The Name Of () de nous faire taper du pied. Intro basse/batterie bien groovy et gros riff rappelant carrément le style de Zakk Wylde (Ozzy Osbourne / Black Label Society), ça marche... encore une fois. Sur le refrain, on note que Miguel Rocha a des intonations proches de celles d'un James Hetfield. Le titre est bien construit et contient lui aussi un solo inspiré qui force le respect.
Cross Of Shame revient vers un heavy/thrash aux mélodies soignées. Le refrain fait penser à du Iced Earth, c'est super bien fichu et on finit par se demander si cet album comporte des faiblesses. En tout cas, ce n'est pas Inner Enemy avec son riff et son refrain catchy qui fait baisser le niveau. Mieux encore, Seeds Of Rage, la compo la plus rageuse (ça semble logique vu le titre) du disque vient apporter ce qu'il faut d'accélération et de passages à la double grosse caisse pour satisfaire l'auditeur qui commençait justement à en manquer. Enfin, The Hole ne démérite pas, avec son refrain aisément mémorisable et ses parties de guitares toujours aussi inspirées. Cliquez ici pour visionner le clip de cette chanson et vous faire une bonne idée du talent de ce groupe... mais ne tenez pas compte du visuel, ça vaut mieux.

On ne s'ennuit pas une minute à l'écoute de ce What Doesn't Kill Us..., bien au contraire. Soyez prévenus, vous ne trouverez pas de titres à la vitesse fulgurante ici, ce n'est pas du Slayer. L'ensemble est très mélodique, toujours entraînant et accrocheur, assez chaleureux même (le timbre de voix de Miguel Rocha y est certainement pour quelque chose) et parlera davantage à l'amateur de Megadeth dans sa période heavy (Countdown To Extinction, Youthanasia, Cryptic Writings) qu'au fan de double grosse caisse en continu. Voici en tout cas une bien bonne découverte qui me fait souhaiter que ces messieurs de Gauntlet se fassent connaître le plus rapidement possible, ils le méritent largement.

Tracklist de What Doesn't Kill Us :

01. What Doesn't Kill Us...
02. ...Makes Us Stronger
03. Winners Race
04. Decade
05. In The Name Of ()
06. Cross Of Shame
07. Inner Enemy
08. Seeds Of Rage
09. The Hole
10. A Last Advice

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