Grift

Artiste/Groupe

Grift

EP

Fyra elegier

Date de sortie

Octobre 2013

Label

Blut & Eisen Production

Style

Black Metal

Chroniqueur

Mythos

Note Mythos

17/20

Site Officiel Artiste

Autre Site Artiste

C H R O N I Q U E

Un petit parfum de chrysanthèmes suranné nous vient tout droit de Suède avec le premier EP de Grift intitulé Fyra elegier. Quatre pistes de Black Metal aux résonnances arachnéennes qui s’approchent d’un Metal noir, ombrageux, vieilli par le temps qui passe et trépasse sur la grise roche du tombeau ancestral. Fyra elegier est l’œuvre de deux compères pas étrangers du tout au genre, Hallbäck (ex-Flagellant) et Preditor (ex-Arfsynd), qui manient avec perfection un Black Metal qu’on croirait venir d’un autre temps, qui renverrait sans doute à l’image dure d’une paysannerie suédoise en plein labeur, un jour d’été du tout début du siècle passé.

L’imagerie débute avec Dödens dåd. Un vieux gramophone crachote un violon à la mélodie susurrante, nous entraînant peu à peu vers les guitares, plus puissantes, qui reprennent avec subtilité la mélodie entonnée plus tôt. La voix vient ensuite se poser sur la chansonnette, sale, comme un long râle sortant directement de la gorge d’un corps enterré à la hâte. Les Suédois semblent s’inscrire dans la droite lignée d’un Black Metal aux références réalistes. Sombre tableau d’un village répondant au tintement du clocher déjà noirci du village, semblant annoncer la mort de l’un d’entre eux. Ni peur, ni angoisse, juste la mort. Une mort qui s’accepte avec tranquillité.

L’enterrement sur fond de mélopée noire suit avec Förtappelsens folk, qui pourrait se traduire tout simplement par « gens en perdition ». La batterie se fait plus agressive, plus rapide, avec des blasts à répétition. Mais le ton n’est pas pour autant au désespoir, l’hymne est entraînant, presque joyeux. Rien à regretter, tout à espérer.

Puis suivent enfin les deux dernières pistes de l’EP, Den fångne et Bortgång, qui, je trouve, se ressemblent assez. La lenteur vient se poser tranquillement. Un nouvel ordre voit le jour comme pour accueillir la mort, qui, doucement, vient prendre son dû. Une voix posée parle alors à travers un vieux micro grisaillant, récitant un poème, clôturant ainsi une histoire qui se termine enfin. Les guitares se font rassurantes, beaucoup moins violentes, et accompagnent un auditeur qui se laisse paisiblement porter par la beauté du lieu.

Le village se rendort peu à peu, un matin, une moisson, une mort, un clocher, un enterrement, la Mort. Le cycle se poursuit à l’infini, comme cette campagne dont le temps semble figé à jamais, enfermée dans le noir tableau esquissé par Grift tout au long de l’album.

Nul besoin de s'étaler en éloges et compliments, c’est tout simplement beau. Beauté d’une mort qui vient chercher son dû, sans heurt ni violence, jusqu’au tombeau grisâtre posé par la musique de Grift. Pour finir je vous conseille tout simplement d’écouter ce bel EP à la lueur du magnifique tableau de Pierre Puvis de Chavannes intitulé Le Rêve.

Tracklist de Fyra elegier :

01. Dödens dåd
02. Förtappelsens folk
03. Den fångne
04. Bortgång

Venez donc discuter de cette chronique, sur notre forum !