Artiste/Groupe:

Grip Inc.

CD:

Power Of Inner Strength

Date de sortie:

1995

Label:

Style:

Thrash moderne / Groove Metal

Chroniqueur:

Orion

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1992. Stupéfaction dans le petit monde du Thrash : l’excellent batteur de Slayer, Dave Lombardo, quitte la formation américaine. Une page se tourne, en même temps que la période la plus prolifique et la plus inspirée du groupe…
Trois ans plus tard parait Power Of Inner Strength, premier album de Grip Inc., le groupe formé par ce même Dave Lombardo. Pas mal de fans du batteur l'attendaient, ce disque...

On a souvent résumé Grip Inc. comme étant le projet de Dave Lombardo. En un sens c’est évidemment pas faux mais c’est très réducteur. Car ça passe sous silence l’autre fondateur du groupe, le talentueux Waldemar Sorychta, guitariste et producteur de renom (Lacuna Coil, Tiamat, Moonspell, Samael, Sentenced et j'en passe...). Et il ne faudrait pas oublier que c’est lui qui signe (à une exception près) toutes les musiques du groupe, sur ce premier album mais également sur les trois suivants. Lombardo co-signe seulement trois des titres de ce premier album ainsi que l’instrumental d’introduction. 
L’association Sorychta / Lombardo, on en avait eu un aperçu plus que prometteur l’année précédente sur l’album de Voodoocult avec le titre Born Bad And Sliced qu’ils avaient composé ensemble. Et donc, pas de mauvaise surprise avec ce premier album, le groupe propose exactement ce que ce premier morceau nous avait promis. D’autant plus qu’ils ont choisi un chanteur, Gus Chambers, dont la voix aux relents punk n’est pas sans rappeler celle de Phillip Boa, l’instigateur du projet Voodoocult qui chantait sur cette première collaboration... Une sorte de préquel à Grip Inc., quoi. 

L’album débute donc sur le fameux morceau instrumental composé par Lombardo. Véritable démonstration technique au titre hispanique, sans doute un clin d’œil à ses origines (pour rappel, Lombardo est d’origine cubaine), avec groove et feeling, histoire de rappeler à tout le monde à qui on a affaire ici, au cas où certains l’auraient oublié (ou ne seraient pas au courant mais ça, j’ai du mal à y croire : ceux qui ont chopé cet album à sa sortie savaient forcément qui était le monsieur derrière la batterie). Une des premières choses qui frappe, c’est le son. Enorme. Avoir un producteur de talent sous la main dans son groupe, ça aide.
Sans transition, on enchaîne avec le premier morceau, Savage Seas : riff laminoir, matraquage rythmique. Le troisième pilier de ce groupe, le chanteur Gus Chambers (compositeur de tous les textes) décoche ses premiers mots et immédiatement, on se dit que ça le fait ! Sa voix est puissante, agressive, assez éloignée des stéréotypes du thrash et c’est très bien comme ça. Elle colle parfaitement à la musique délivrée par le combo. D’ailleurs, Lombardo, avec ce nouveau groupe, ne cherche pas à faire du Slayer même si évidemment, pas mal de monde fera le lien à cause de sa présence. Il s’agit ici d’un thrash enrichi d'influences diverses, nettement plus moderne que celui que propose Slayer avec son dernier album en date à l’époque (Divine Intervention). Les riffs ne sont pas construits sur le même modèle, les solos ne sont pas aussi chaotiques que chez Slayer, ils sont même ici plutôt limpides et mélodiques quand ils existent (Guilty Of Innocence, Ostracized). Car oui, voilà une autre différence de taille : les solos de guitare, il n’y en a pas forcément sur chaque morceau. Ils sont même plutôt rares. Et puis, on ne peut pas ne pas remarquer quelques influences indus disséminées ici et là (Monster Among Us, Longest Hate).


Après, si on tient vraiment à faire une comparaison avec Slayer, c’est sur un titre comme Hostage To Heaven qu’on peut la faire, qui est sans doute le morceau qui ressemble le plus à du Slayer au niveau du riff. Titre énorme au passage, avec un Lombardo qui nous régale ! Il y aura bien un ou deux autres passages qui vous y feront un peu penser également (sur Colors Of Death ou Heretic War Chant par exemple), normal, ça reste du thrash. Mais à part ça, des titres comme Savage SeasMonster Among Us, Innate Affliction ou Ostracized, on n’en trouve pas chez Slayer. Grip Inc., dès ce premier album, possède sa propre personnalité.
Tout n’est pas joué à fond les ballons, on trouve notamment pas mal de morceaux bien lourds (Ostracized, Monster Among Us, Cleanse The Seed). Comme les titres sont essentiellement rythmiques, c’est le festival du riff percutant. Mais la guitare ne bouffe pas tout l’espace : percussions et basse sont bien présentes et parfaitement audibles dans le mix (Innate Affliction, Longest Hate). Un vrai bonheur !
Au final, on a un album de thrash moderne, dynamique, groovy, qui nous confirme tout le bien que l’on pensait de Dave Lombardo et qui nous révèle les talents de compositeur et guitariste de Waldemar Sorychta et de chanteur de Gus Chambers (sans oublier le bassiste Jason Viebrooks qui a eu un rôle plus discret dans la composition de cet album mais dont la basse se fait largement entendre, comme précisé plus haut).

Pour un premier album, c’est la réussite totale. Dix titres décapants (et une intro originale), une production soignée, une interprétation sans faille… Grip Inc., un groupe qu’il allait falloir suivre de près, c’était déjà une évidence. Et pas seulement parce qu’un certain Dave Lombardo se trouvait derrière les fûts.
Le groupe sera l'auteur de trois autres réalisations, très recommandables également.

 

Tracklist de Power Of Inner Strength :

01. Toque De Muerto
02. Savage Seas (Retribution)
03. Hostage To Heaven
04. Monster Among Us
05. Guilty Of Innocence
06. Innate Affliction
07. Colors Of Death
08. Ostracized
09. Cleanse The Seed
10. Heretic Warchant
11. Longest Hate

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