Artiste/Groupe:

Guns N'Roses

CD:

GN'R Lies

Date de sortie:

1988

Label:

Style:

Hard Rock

Chroniqueur:

Orion

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Depuis le début de l’année 1988, Appetite For Destruction, le premier album des Guns N'Roses, s’écoule régulièrement et de façon exponentielle, si bien qu’il atteint la première place du billboard américain en août, soit un an après sa sortie.
Le groupe tourne en première partie de grosses cylindrées, son succès devient énorme et sa notoriété dépasse même le cadre simplement musical (émeutes lors des concerts, déclarations fracassantes, plaintes diverses...).
L'été venu, les musiciens annoncent à une presse qui ne les lâche plus qu'ils ont déjà composé pas mal de titres, de quoi faire un double album mais que celui-ci ne verrait pas le jour avant un an ou deux (en fait, il faudra attendre trois ans). Le label du groupe, Geffen, propose alors de faire patienter les fans avides de nouveautés en leur offrant avant la fin de l'année les quelques morceaux acoustiques que le groupe a composé, auxquels on va ajouter les quatre titres du EP Live ?!*@ Like A Suicide, qui était sorti pendant les sessions d'enregistrement d'Appetite For Destruction, édité seulement à 10 000 exemplaires et épuisé depuis fort longtemps.

L’album (en vinyle) apparaît donc avec deux faces très distinctes puisque la première (appelée "G Side") qui date de 1986 est carrément énergique et la seconde (intitulée "R Side"), enregistrée plus récemment au cours de l’année 1988 est entièrement acoustique et comprend quatre ballades. Un grand écart stylistique, assez éloigné aussi du seul album du groupe à ce moment-là, mais qui va évidemment se vendre comme des petits pains un jour de disette puisqu’il va rejoindre Appetite dans les premières places du billboard dès sa sortie.

Parmi les quatre titres du faux live (malgré son nom, il n’a pas été enregistré en public) sorti sous forme de EP en 1986, on trouve deux reprises que le groupe jouait à ses débuts : Nice Boys de Rose Tattoo, version punky, et Mama Kin d'Aerosmith, un hommage au groupe référence pour les Gunners. Le titre est introduit par un "This is a song about your fucking mother" d'un Axl Rose survolté. On trouve surtout deux morceaux "historiques" car parmi les premiers composés par Izzy Stradlin (avec Axl pour le premier et Chris Weber pour le second) : Reckless Life et Move To The City, qui datent tous les deux de l'époque Hollywood Rose. Reckless Life est de loin le meilleur à mon sens, très énergique avec une rythmique atomique.
Ce mini live, voulu par le label, se voulait retranscrire l'énergie du groupe en concert et donner quelque chose de tangible aux fans qui suivaient le groupe depuis les débuts dans les clubs de Los Angeles et qui n’avaient toujours rien à poser sur leur platine. Il est d’ailleurs sorti sur un label inexistant, Uzi Suicide, pour que l’objet fasse un peu plus bootleg. Et c'est clair que ces quatre titres, même s'ils n'ont pas vraiment été enregistrés en condition live, sentent l'urgence, la sueur et la rage de ce groupe totalement incontrôlable. On y découvre notamment un chanteur teigneux qui s’arrache les cordes vocales (Axl a déclaré par la suite ne pas aimer la voix qu’il a sur ces titres) et un soliste, Slash, qui illumine ces titres de sa patte. Du brut de décoffrage, quoi.

Changement total de décor avec la partie acoustique qui commence par Patience, qui sera le seul single issu de cet album. Ce morceau, composé par Izzy Stradlin est une ballade bien mollassonne qui commence par un petit sifflement et qui s’agite juste un tout petit peu sur la fin quand Axl retrouve sa voix d’écorché. On découvre finalement là le côté fleur bleue du groupe que l’on n’avait pas encore eu l’occasion d'entendre précédemment.
Used To Love Her, une blague écrite par Izzy façon titre des Eagles, est le titre le plus remuant de cette partie de l’album. Et là, c’est bien du second degré au niveau des paroles ("I used to love her, but I had to kill her", "I had to put her six feet under and I can still hear her complain"…), le problème ne va pas venir de ce titre…
You're Crazy, titre explosif dans sa version électrique qui a terminé sur Appetite, apparaît ici dans sa version d'origine, tel qu'il avait été écrit par Izzy, Axl et Slash au tout début de GN’R. Je préfère largement sa version électrique.
On termine par One In A Million, par lequel le scandale est arrivé. Il fallait bien qu'il y ait quelque chose de polémique à propos d'un album des Guns, non ? C’est d’ailleurs amusant car la pochette du disque est un détournement des tabloïds anglais (en poussant même la parodie jusqu’à intégrer la photo d’une femme à poil sur la pochette intérieure) que le groupe (surtout Axl) ne pouvait pas blairer quand il était visé et là, ils alimentent eux-mêmes les sujets de polémique, du pain béni pour les tabloïds qu’ils dénonçaient.
One In A Million est une chanson écrite par Axl et l’on y découvre le petit réac’ qui vit en lui. One In A Million raconte comment il a vécu son arrivée à Los Angeles, lui, le petit gars de l’Indiana. La phrase qui va poser problème est la première du second couplet : "Police and niggers, that’s right, get outta my way" ("policiers et négros, c’est ça, écartez-vous de mon chemin"). Evidemment, c’est plus le mot « négro » qui est mal passé que celui de « policier »… Un peu plus loin, il s’en prend aux immigrés, notamment iraniens, qui "parlent n’importe comment et qui font ce qu’ils ont envie", et aussi aux "faggots" ("pédés") qui "répandent la maladie" (le sida bien sûr). Ca fait beaucoup pour une seule chanson…
Dommage car avec toute cette polémique, on passe finalement à côté de l’essentiel, à savoir qu’il s’agit d’un très bon titre, mon préféré de la partie acoustique de l’album.
Axl savait pertinemment que les paroles de cette chanson poseraient problème puisqu’il s’en explique (et s’en excuse plus ou moins) directement sur la pochette de l’album (l’article en bas à gauche, barré d’un "exclusive" en rouge). Ca n’a pas changé grand-chose, le groupe va rapidement passer pour ce qu’il n’était pas, une bande de racistes, xénophobes et homophobes (et aussi sexistes grâce aux deux titres d’articles sur la pochette qui furent ensuite remplacés par d’autres, moins choquants).
Il faut ajouter, pour clore le sujet One In A Million, que les autres membres du groupe n’étaient pas chauds du tout pour voir apparaître ce titre sur l'album (notamment Slash, dont la mère est noire et Duff dont l’un des frères avait épousé une noire). Mais Axl s'est obstiné et a eu le dernier mot en faisant son caca nerveux, comme très souvent (et de plus en plus souvent même par la suite, ce qui conduira Izzy à quitter GN'R en 1991 et le groupe à se disloquer complètement au final).

GN’R Lies est une parenthèse dans la vie tumultueuse de Guns N’Roses, entre le chef-d’œuvre incontournable qu'est Appetite For Destruction et le déroutant, flamboyant et ambitieux Use Your Illusion. Un album vraiment pas essentiel musicalement mais qui a fait l’histoire du groupe. Rien que pour ça, il a son intérêt.


Tracklist de GN'R Lies :

01. Reckless Life
02. Nice Boys
03. Move To The City
04. Mama Kin
05. Patience
06. Used To Love Her
07. You're Crazy
08. One In A Million