Hacride

Artiste/Groupe

Hacride

Album

Lazarus

Date de sortie

Avril 2008

Style

Indus Doom Metal apocalyptique

Chroniqueurs

Damien, FlorentV

Note Damien

19/20

Note FlorentV

16/20

Site Officiel

C H R O N I Q U E Damien

Passionnante bataille que celle que se livre les groupes tricolores depuis deux ans. Une dizaine de groupes sortent tour a tour des disques qui tuent, une tradition qui s'était méchamment perdue dans le monde du métal depuis les dégâts causés par les groupes Frenchcore, Pleymo et Enhancer en tête, dépositaires d'un son facile, mâche et remâche et qui avait presque tué le reste de la scène métal française depuis le début de ce millénaire. Heureusement, Gojira a sonné le premier la révolte, suivit depuis par de valeureux guerriers nommés Taomenizoo, X Vision, Eradicate, les prometteurs Fuel For Riot ou encore Hacride, auteur d'un Ameoba plutôt impressionnant en 2007. Les poitevins reviennent en ces beaux jours de début de Printemps avec un album nommé Lazarus. Pas de doutes, on a appris a faire confiance a ce groupe pas comme les autres depuis Deviant Current Signal, premier album qui tapait du poing sur la table il y a 4 ans. On sait pertinemment que ce troisième essai sera une bombe. Ouaip. Mais en fait on est bien loin de la vérité. Très loin même. Aux antipodes.

Le pochette déjà est très réussie : sur ce plan là, Hacride signe un sans faute depuis le début. Une interrogation nous envahit subitement lorsque l'on regarde le premier titre. 15 minutes. 15 minutes ? Non, ce n'est pas possible. Quand même pas. Et ba si. 15 minutes. To Walk Among Them. Sacré défi que celui de commencer par un titre qui fait un quart d'heure. Soit on accroche, soit on peu arrêter là. Angoisse mêlée d'excitation. Et c'est partit. Premier constat, le son est moins chaud, moins proche que celui d'Ameoba. Approche différente donc. Les quatre premières minutes passent comme une lettre à la poste, du 300% Hacride, avec une pointe de défiance dans le regard en plus. Puis le rythme ralentit. Une mélodie tourne, on vient de passer à de l'indus tribal plein d'espoir à un doom moderne juste parfait. Le riff du milieu, ce putain de riff. Cette mélodie. Cette majesté, arrivée a la neuvième minute, oui, oh oui, quel pied ! Atmosphèrique, doom, mélodique, ambiant, chevrotant, bordel, c'est indescriptible. Une sphère a mi chemin entre le bien être et la fin du monde se créée. Et jusqu'a la fin on ne redescendra pas. Voilà. Pari réussit.
Hacride a tué toute idée d'échec, on est partit pour un truc pas banal qui restera dans les anales. Act Of God a le devoir d'enchainer. Vous vous souvenez du chant clair terrifiant d'Andreas Sydow sur Layers Of Lies de Darkane ? Imaginez ça transposé dans le monde alambiqué de Meshuggah en plein milieu d'une catastrophe nucléaire. Ajoutez y les traditionnels passages acoustiques. Et voilà. Second titre, second chef d'oeuvre. On a envie d'hurler. On tient quelque chose de magique. Le morceau titre nous sort la même chose, avec des samples justes complètement flippant, avec ces mélodies issues du coeur d'une explosion atomique. Irréel. Les apparats indus se marient au doom le plus inquiétant qui existe et Hacride termine son premier chapitre ici.
Phenomenon, lourde instru de moins de cinq minutes calme le jeu mais ne relâche pas l'impression. On flotte en plein Neurosis qui aurait trouvé une inspiration divine. Et ça repart direct avec A World Of Lies, morceau fait pour écrabouiller tout quidam qui passerait par là par hasard, sinistre, inquiétant, mais traversé de courants d'air venus de l'autre bout de la planète. Awakening rampe, surprend, nous fait part de son idée du feeling jazzy sur un morceau d'indus pachydermique, soumis a des spasmes rythmiques incontrôlables et annonciateurs d'une fin de disque en forme de fessée.
My Enemy a donc la tâche de clôturer ce disque. Un début très énergique, voyant Meshuggah s'acoquiner avec...avec un truc qui n'existe pas. La crise se fait matière à la cinquième minute et à la sixième la dernière ligne droite apparaît. La dernière ligne droite ? Le début, l'annonce, la venue sur terre du messie. Le début d'un nouvel âge. Le new age. Le début d'une nouvelle période cosmique. Le début du renouveau pour l'univers. Ouaip. Fin.

Alors alors. Comment résumer. Lazarus est le disque le plus cataclysmique, le plus complet, le plus orgasmique, le plus cosmique, le plus beau, le plus flippant, le disque le plus incroyable enregistré par un groupe français. Et presque par un groupe européen. Lazarus se paye le luxe d'être plus original et tout simplement meilleur que les disques de Gojira, référence française actuelle.
Plus génial que n'importe quel autre disque enregistré ici. Hacride, parvient a toucher du doigt la perfection, se pose en génie du métal, vient directement camper au côté des Devin Townsend, Meshuggah,Killing Joke, Neurosis, Ministry et une paire d'autres dans le panthéon des artistes les plus géniaux et les plus marquants de toute une vie de la scène métal, chose que même From Mars To Sirius n'avait pas tout a fait réussit a faire. Oui, Hacride nous propose un pur chef d'oeuvre, une pure oeuvre d'art, un disque intemporel qui partira directement au paradis pour rayonner sur le monde et faire connaître sa bonne parole au monde entier. Un disque qui deviendra culte, par la force du temps et qui fait de ce groupe une nouvelle référence de ce que doit être le métal. A posséder ? Obligatoirement, encore plus que n'importe quel disque de Black Sabbath.

C H R O N I Q U E FlorentV

Après l'énormissime "Amoeba", Hacride revient dans les bacs. Le nouveau bébé des poitevins, nommé "Lazarus", si situe dans la lignée de son prédécesseur. Les guitares séches sont toujours au rendez-vous, de même que les gros riffs ravageurs, les deux atouts du groupe.

Le premier morceau "To Walk Among Them" présente l'album. Avec ses 15 minutes et ses multiples changements de rythme, il est une description du style du groupe. Toutes les influences s'y retrouvent, on a ,pêle-mêle, du Meshuggah, du Gojira, du Opeth. Mais Hacride ne se résume pas à un mélange de groupes, loin de là. Des orchestrations discrètes vont et viennent dans les morceaux, les ruptures soudaines entre la violence et le calme caractérisent la musique du groupe, des solos hallucinants débarquent sans prévenir, bref on est très loin du plagiat. Le reste de l'album s'enchaine sans que l'on s'en rende compte. "Act of God" est une pure bombe, une déflagration incontrôlable. Samuel Bourreau hurle toute sa rage, sous un riff lourd appuyé par des blasts intenses. "Lazarus" arrive alors, avec son intro à la guitare sèche, et vient confirmer le côté opethien d'Hacride. Le groove d'Olivier Laffon à la batterie est imparable dans les parties instrumentales. C'est un morceau plus lent, et surtout plus atmosphérique que nous sert le groupe. L'instrumental "Phenomenon", morceau planant qui s'alourdit au fur et à mesure montre la qualité de la production de l'album. Le riff de "A World of Lies" se fait alors entendre. Sans apporter quelque chose de nouveau, le morceau confirme la capacité du groupe à créer des ambiances pesantes. Mais il y a quelque chose qui ne va pas. Il reste deux morceaux et on a toujours pas reçu de grosse claque à la "Fate". Où est passée la castagne qui allait si bien au groupe? Où sont les riffs ultra-rapides? Malheureusement disparus. "Awakening", morceau sorti tout droit de l'antre d'Opeth, ne comble pas ce manque. Certes c'est magnifique, on peut admirer la voix claire du monsieur, qui offre des passages de pure beauté. Mais pas de trace d'accélération. Dommage. Le dernier titre "My Enemy" démarre par un riff lourd, accompagné d'une mélodie simple et entêtante. Le solo est une pure merveille, et on a enfin un passage qui envoie la sauce. Mais ce n'est pas assez pour nous faire oublier le manque de cogne dont pâtissent les morceaux précédents. On a un dernière montée en puissance et là tout s'arrête brutalement. Et la seule qui fait envie c'est d'en remettre un couche et de se repasser la galette dans les oreilles

"Lazarus" est un bon album, mais il a perdu pas mal de l'énergie qu'avait son prédécesseur. C'est une perte qui n'est pas négligeable mais elle est compensée par l'arrivée massive d'ambiances propre à Hacride, durant lesquelles on assiste à une démonstration d'inventivité. Vivement l'album prochain qui combinera ,espérons-le, les qualités des précédentes créations du groupe.