Artiste/Groupe:

Insomnium

CD:

Winter's Gate

Date de sortie:

Septembre 2016

Label:

Century Media

Style:

Death Metal Mélodique

Chroniqueur:

Florentc

Note:

18.5/20

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Revoilà Insomnium, mon groupe favori dans le domaine du death mélodique. Les Finlandais ont toujours su composer des albums d'une grande richesse musicale, avec une touche bien à eux, qui les différencie des Dark Tranquillity, In Flames, At The Gates, Before The Dawn et consorts. Et cette fois-ci, le groupe frappe fort en sortant un album... d'un seul titre ! Si on se penche de plus près sur la chose, on s'apercoit que la démarche n'est pas si novatrice que ça. En effet des groupes comme Kalisia, Dream Theater, Edge Of Sanity ou Meshuggah ont déjà proposé des albums d'un seul titre. Malgré tout, la démarche est suffisamment rare pour être souligné, d'autant plus dans le death mélodique, un style qui ne se prête pas forcément à ce genre d'exercice.

Les Finlandais nous narrent donc ici l'histoire d'un groupe d'exporateurs Vikings partis à la recherche d'une île légendaire à l'Ouest de l'Irlande, et ce malgré l'hiver déjà bien entamé et rude. L'auteur de cette histoire n'est autre que Niilo Sevänen, le bassiste et chanteur de la formation. Et visiblement cette histoire est plutôt bien écrite : en 2007 elle a remporté un concours et en 2008, elle a été élue quatrième meilleure histoire dans le genre Fantasy / Science Fiction en Finlande. Un sacré talent artistique le Niilo ! Reste à savoir si la musique est d'aussi bonne facture que l'écriture, mais mon petit doigt me dit qu'il n'y a pas trop de doutes à avoir...

Intro très calme suivi d'un riff de guitare épique et merveilleux comme le groupe sait en pondre si souvent. En à peine une minute, on est plongé dans l'atmosphère d'Insomnium. Tout commence comme un titre classique du groupe. Puis le tempo s'accélère franchement pour nous amener au refrain, toujours aussi bon. On se demande alors comment le groupe va faire pour tenir encore trente-cinq minutes sans tomber dans la redite ou l'ennui mortel, car c'est parti vraiment fort. C'est bien beau de gagner le premier set mais encore faut-il être endurant pour gagner le match en cinq sets ! Mais Insomnium n'est pas le premier groupe venu et ils connaissent la chanson...

Un premier break, à six minutes trente, nous plonge dans une ambiance différente : bruitages, changement de rythme, pas mal de claviers planants, mais l'accalmie est de courte durée et on repart vers une cavalcade épique et guerrière que n'aurait pas renié un Amorphis des grands jours (un Amorphis de base quoi). Le chant clair fait son apparation au quart de l'album, mais de courte durée (il sera régulièrement employé, toujours à bon escient mais jamais prédominant). C'est là aussi le talent de ce groupe, savoir varier les ambiances et les rythmes. C'était déjà marquant sur les opus précédents mais ici, c'est encore plus frappant ; logique vu qu'il s'agit d'un seul titre, vaut mieux éviter la torpeur. Je ne sais pas si le groupe s'intéresse à Opeth également, mais certaines parties acoustiques et progressives font penser aux derniers travaux des Suédois. Un mélange de prog et de jazz dans les harmonies (passage de dix à seize minutes environ) du plus bel effet.

On est déjà arrivé à la moitié de l'album et le temps est passé à une vitesse phénoménale. La deuxième partie est marquée par une césure niveau tempo (fin assez brutale pour repartir sur un phrasé totalement calme à la guitare acoustique) qui se remarque facilement. Encore une fois, même s'il s'agit d'un unique titre, il y a un fil conducteur, un peu comme un film avec des scènes. Si la guitare sert le plus souvent de rythmique et à proposer des arpèges, Insomnium nous gratifie de quelques soli forts sympathiques quand il le faut ; toujours justes et bien sentis. Les claviers sont évidemment très présents, et contribuent à donner cette ambiance si mélancolique au groupe, et permettent d'alléger la musique, sans lui faire perdre son mordant. Des parties de piano magnifiques vous collent la chair de poule (vers les vingt-quatre minutes) avant que le rythme s'alourdissent et devienne plus lent. Lenteur qui s'étirera un certain moment, avant que l'album se termine comme il a commencé, assez violemment, tout en gardant évidemment la mélodie et la grâce du groupe. Les trois dernières minutes tout en guitare acoustique / piano / chuchotement  en guise de générique de fin permettent de se remettre tranquillement de ce beau voyage épique. On appuie sur "play" à nouveau, et c'est encore meilleur les fois suivantes. Un régal. 

Si l'album en soit est court, le fait que tout doit être digéré en une seule fois le rend plus long qu'il n'y parait, mais en aucun cas cette "longueur" est synonyme d'ennui, bien au contraire. Il faut juste avoir quarantes minutes à soi, tranquille, sans dérangement, afin de profiter pleinement de cette oeuvre, absolument magistrale. Voilà ce que j'aime dans la musique. Prendre des risques et pondre des albums peu communs, à l'opposé de la musique commerciale. La musique composée comme un art et non comme un objet de consommation. Rien n'est à jeter, et comme le groupe ne fait rien à moitié, si vous optez pour la version deluxe, vous aurez un artbook (certainement d'une grande classe - l'album n'étant pas sorti à l'heure où j'écris ces lignes, je n'ai pas encore l'objet entre les mains -) avec l'histoire complète, traduite en finnois, allemand et anglais (ils ont bien compris que ça ne servait à rien de traduire en français, dommage, pour les monolingues comme moi, ça aurait été bien pratique), avec des illustrations venant agrémenter le tout. Bref, du TRES grand Insomnium. Courez, foncez !

Tracklist de Winter's Gate :

01. Winter's Gate