Artiste/Groupe:

Judas Priest

CD:

Angel Of Retribution

Date de sortie:

2005

Label:

Style:

Heavy Metal

Chroniqueur:

Orion

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Quel retour !
Oui, évidemment, ce Angel Of Retribution ne vaut pas les grands classiques du Priest. C’est juste un bon album. Mais il faut se remettre dans le contexte pour comprendre le pourquoi de cette exclamation enthousiaste. 

Pour moi (comme pour beaucoup de fans du groupe), Judas Priest était devenu à cette époque un groupe moribond, après deux albums à oublier. Le départ de son charismatique (et irremplaçable) chanteur Rob Halford en 1991 avait fait mal. Très mal. Judas Priest lui avait pourtant trouvé un clone pour continuer sa route, en la personne de l’Américain Tim "Ripper" Owens (ex-Winter’s Bane). Jugulator (1997) se voulait dans la continuité du monstrueux Painkiller mais il ne fit pas illusion bien longtemps. Avec un Demolition (2001) qui ressemblait moins à du Judas Priest que les deux albums solo que son ex-chanteur avait sorti à la même époque (Resurrection le bien nommé en 2000 et Crucible en 2002), ça sentait le déclin irrémédiable. Vous ne vous en souvenez pas ? Rappelez-vous, à Paris en 2002, le groupe n’avait pu prétendre à une salle plus grande que l’Elysée Montmartre. Ca en dit long sur sa popularité en chute libre…
Mais dans le monde du Heavy Metal, rien ne semble impossible, les réconciliations le plus inattendues peuvent avoir lieu. En 1999, Bruce Dickinson avait réintégré Iron Maiden et relancé du coup la carrière du groupe. En 2003, c’était au tour de Judas Priest, quand à l’occasion de la sortie du coffret Metalogy, Rob Halford émit l’idée de retravailler avec ses ex-partenaires, Glenn Tipton, KK Downing, Ian Hill et Scott Travis. Exit Ripper Owens, on reprenait les choses où on les avait laissées en 1991 !

D’abord prévu pour sortir fin 2004, le label préféra repousser sa sortie au début de l’année 2005, comptant sur de meilleures ventes. C’est pourquoi son premier pressage porte le copyright 2004 sur sa jaquette. Les fans avaient attendu quinze ans, ils pouvaient attendre quelques mois de plus…
Et l’attente valait le coup.
Car l’album démarre excellemment bien. Judas Rising et Deal With The Devil sont juste les deux titres qu’il fallait pour rassurer tout le monde d’entrée. Judas Rising avec son intro qui monte doucement en puissance pour se terminer sur un cri du Metal God comme à la grande époque, puis on enchaine sur un rythme rapide, porté par la double de Scott Travis, sans doute le meilleur batteur que le groupe ait compté dans ses rangs. Les échanges de solos dignes de ce nom de la paire Tipton / Downing sont aussi de la partie. C’est l’hymne du retour du groupe, aucun doute, le titre du morceau est on ne peut plus clair à ce sujet. A propos de textes, l’album contient pas mal de références aux albums passés de Judas Priest. Comme pour bien insister sur le retour de la véritable entité.
Le clou est enfoncé avec un Deal With The Devil enthousiasmant, co-écrit avec le producteur de l’album, Roy Z. Bons riffs, bonne mélodie, bon refrain. Excellent titre, tout simplement. The Priest is back !
Bien sûr, il ne s’agit pas d’un retour à Painkiller, le dernier album sorti par cette formation, ceux qui s’y attendaient ont dû être déçus. Mais il fallait tout de même s’en douter, quinze années séparent les deux albums, les choses avaient forcément changé. Ceci dit, ce n’est pas plus un retour à British Steel ou Defenders Of The Faith. Angel Of Retribution reflète tout simplement le Priest de 2005. Un Priest qui joue la subtilité. Le chant est plus maitrisé, Rob ne peut plus faire des envolées comme vingt ans auparavant mais ça ne l’empêche pas de lâcher les chevaux par moments. Mais moins souvent.
Ian Hill est à l’honneur sur l’introduction de Revolution, un morceau nettement moins intense que les deux précédents mais dont le refrain reste tout de même bien en tête (il faut dire qu’il est pas mal répété tout au long du titre). Il sera d’ailleurs édité en single. On y retrouve un feeling assez seventies.


Je parlais plus haut de subtilité, en voici le premier exemple avec Worth Fighting For. Et il y en aura un second un peu plus loin avec la ballade Angel. J’adore le premier, très mélodique mais aussi assez sombre avec un Halford en mode quasiment plaintif. Ca change et c'est bien bon. Je suis moins fan du second (en règle générale, je ne suis pas très friand de ballades).
Demonizer fait le boulot, encore une fois avec la double de Travis pour porter la dynamique du morceau. Un bon titre, avec un chouette solo de Tipton et un Rob Halford qui lâche des notes aiguës sur la fin du morceau.
Il faut bien un point faible à cet album, puisque j’ai annoncé plus haut que ce n’était pas un chef d’œuvre. Pour moi, il s’agit de Wheels Of Fire. Un morceau un peu trop plat à mon goût. Couplé avec Angel qui suit, c’est un peu le ventre mou de cet album. Cette ballade essentiellement acoustique, un type de morceau devenu rare chez le groupe (il y a bien eu des titres comme Here Comes The Tears, Before The Dawn ou Dreamer Deceiver mais c’était il y a bien longtemps), n’est pas ratée, loin de là, mais je la trouve assez mal placée sur l’album, elle casse un peu le rythme qui commençait justement à s'essouffler avec le morceau précédent.
Mais après, ça repart de plus belle. Hellrider, assez classique dans sa première partie, trouve un second souffle dans la partie qui suit les solos et change la donne : d’un morceau tout juste sympa, on passe à un titre bien foutu.
Si quelques morceaux nous ramènent au Judas Priest des décennies 70 et 80, les deux derniers titres nous donnent un avant-goût de ce que sera Nostradamus. Avec Eulogy, ce morceau court et mélancolique, on retrouve une idée qui sera utilisée sur les titres courts de l’album suivant, qui servent de transition. Et Lochness nous montre la patte la plus heavy du groupe, celle que l’on retrouvera sur des titres comme Death, Exiled, Alone ou The Future Of Mankind. Lochness, personnellement, j’adore. La lourdeur de ce morceau, son ambiance. Il se passe quelque chose. Certains ne l’aiment pas, le trouvant ennuyeux car trop long (treize minutes quand même - une première pour le groupe), c’est leur droit. Mais c’est ma chronique et je ne me prive pas de donner mon avis. Il montre aussi que le nouveau Judas ne se pose pas vraiment de limite, proposant finalement un album assez varié dans son ensemble.

Comme je le disais en introduction, ce n’est pas un chef d’œuvre, juste un bon album et surtout, un album largement assez bon pour que tout le monde soit rassuré quant à l’avenir du groupe. L’alchimie fonctionnait de nouveau, le trio de composition Halford / Tipton / Downing avait retrouvé ses marques, comme s’ils n’avaient jamais cessé de travailler ensemble… Oubliées les quinze années d’errances, le grand Judas retrouvait son rang parmi l’élite du Metal.

Précisons que, pour que la célébration du retour soit complète, la première version CD comportait un DVD bonus avec plusieurs titres live entrecoupés d’interviews des membres du groupe au sujet de la réunion et de la composition de l’album principalement mais aussi un peu sur l’histoire du groupe. Et en plus, pour une fois, on a eu droit à des sous-titres en français. On peut aussi ne regarder que les titres en live, sans coupure par les interviews.

 

Tracklist de Angel Of Retribution :

01. Judas Rising
02. Deal With The Devil
03. Revolution
04. Worth Fighting For
05. Demonizer
06. Wheels Of Fire
07. Angel
08. Hellrider
09. Eulogy
10. Lochness