S'il y a un groupe qui symbolise le Metal dans la première partie des eighties, c'est bien Judas Priest. Deux guitaristes en symbiose parfaite qui alignent riffs tranchants et solos dynamiques, un chanteur qui pousse dans les aigus sans nous fatiguer ou se ridiculiser et une section rythmique d'une solidité à toute épreuve. Ajoutons à cela le look tout en cuir avec ceintures et bracelets cloutés et des hymnes mondialement connus parmi les hordes de hardos et vous obtenez LE groupe de Metal.
Judas Priest, en cette année 1984, nous offre le successeur de son terrible Screaming For Vengeance, un album qui avait permis au groupe d'assoir sa popularité aux Etats-Unis et donc d'agrandir encore sa fanbase. Au sommet de leur gloire, les Anglais ne devaient pas décevoir... Defenders Of The Faith est tout simplement l'album qu'attendaient les fans. Au moins aussi bon que Screaming, certains diront même meilleur. Quoiqu'il en soit, il s'agit d'un excellent album doté de compositions solides trempées dans un acier inoxydable. A commencer par Freewheel Burning, le titre d'introduction, qui peut être considéré comme un Painkiller avant l'heure. Ca fuse de partout, KK Downing et Glenn Tipton s’en donnent à cœur joie et Rob Halford est dans une forme étincelante. Et quel débit, notamment sur le bridge du morceau ! Je vous mets au défi de chanter cette partie aussi vite que lui sans vous planter ! Jawbreaker vous rentre dedans comme un bulldozer lancé à vive allure. Là encore, le solo est un modèle du genre. Comme sur le titre suivant, Rock Hard Ride Free qui voit le tempo s’alourdir. Avec son refrain d’une simplicité déconcertante, ce titre atteint sa cible. Arrive alors l’intro de The Sentinel... encore un moment à faire figurer au panthéon du Metal. Rob Halford démontre une fois de plus sur ce morceau qu’il est l’un des meilleurs chanteurs de Metal de l’époque, si ce n’est LE meilleur. Downing et Tipton nous y font encore une démonstration de duel de solos dont ils ont le secret. Et quand le Priest veut se faire plus inquiétant, ça donne Love Bites. Rythme martial, son de basse un peu inhabituel pour le groupe mais réussite totale. Reprise d’un tempo rapide sur Eat Me Alive et retour du duels de guitaristes sur les solos. Puis c’est au tour de Some Heads Are Gonna Roll de nous faire retrouver un rythme mid-tempo. Un titre assez classique dans sa construction, qui fait un peu penser au You’ve Got Another Thing Comin’ de l’album précédent (qui fut un gros succès pour le groupe aux USA), mais pas dénué d’intérêt. Le groupe se fend aussi d’une ballade (Night Comes Down) et celle-ci est réussie, comme souvent avec les ballades du Priest (Beyond The Realms Of Death, Before The Dawn…) Enfin, Heavy Duty nous entraîne sur un tempo très lourd évoquant une machine qui avance inexorablement en détruisant tout sur son passage, un peu à l’image du monstre mécanique de la pochette. Comme pour accentuer cette impression, ce titre ne comprend pas de solo. Je parlais d’hymnes en introduction. Eh bien ce "We Are Defenders Of The Faith" repris par des centaines de voix (c’est l’effet que ça donne) qui ponctue le lourd Heavy Duty en est un de plus, assurément. Le seul point faible de cet album est sa production. Evidemment, elle reflète l’époque et n’avait rien à se reprocher à ce moment-là mais aujourd’hui, cet album manque d’un son plus mordant pour mettre encore plus en valeur les dix joyaux qui le composent.
Defenders Of The Faith est l’un des meilleurs albums de la discographie très fournie de Judas Priest, ce qui n’est pas peu dire. Suivra le controversé Turbo en 1986 (qui reste un très bon album à mon avis mais dans un style plus soft) puis un Ram It Down en demi-teinte (1988). Il faudra attendre 1990 et la sortie d’un Painkiller d’anthologie pour connaître la suite des aventures du Metallian.
Tracklist de Defenders Of The Faith :
01. Freewheel Burning 02. Jawbreaker 03. Rock Hard Ride Free 04. The Sentinel 05. Love Bites 06. Eat Me Alive 07. Some Heads Are Gonna Roll 08. Night Comes Down 09. Heavy Duty 10. Defenders Of The Faith
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