Artiste/Groupe:

Katatonia

CD:

City Burials

Date de sortie:

Avril 2020

Label:

Peaceville Records

Style:

Metal Progressif

Chroniqueur:

dominique

Note:

17.5/20

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J’ai failli ne pas prendre le temps de chroniquer le dernier Katatonia. Marre de devoir écouter en streaming, surtout dans ces temps de bande passante surchargée. Mais bon j’ai été faible et bien m’en a pris. Je ne suis pas un grand amateur de tout ce que les suédois ont fait, mais franchement ce City Burials est bon, voir même très bon. Alors, certes, comme beaucoup de "vieux" groupes, Katatonia s’éloigne de ses sources et s’assagit avec le temps. Comme ses compères d'Opeth avant lui, Katatonia semble prendre un virage raisonné et maîtrisé. Ce City Burials n’est pas aussi abouti que le récent et exceptionnel In Cauda Venenum ; reste que dans son genre et avec un son un poil plus hard et moins expérimental, ce onzième album studio est un joli cadeau, que je placerais musicalement entre l’album cité ci-dessus et le plus lent Pitfalls de Leprous. De là à dire que les gros bars scandinaves convergent vers un point de ralliement commun, il n’y a qu’un pas.

Les onze titres (treize si vous prenez la version toutes options), sont toujours mélancoliques et musicalement impeccables. Les morceaux sont relativement courts et offrent des variations rythmiques perceptibles, régulières et assez significatives. Du coup les presque cinquante minutes de l’album s’écoutent sans problème. Je l’ai dit plus haut, certains morceaux ont une patine hard ou heavy qui les rendent un brin nostalgique. Les récentes recrues (enfin elles étaient déjà présentes sur The Fall Of Hearts en 2016), Roger Öjerssom à la guitare et Daniel Moilanen à la batterie, semblent s’être bien intégrées et apportent leur touche à l’édifice. Anders Nyström, lui, a pris une part moins proéminente dans l’écriture de City Burials ; il a laissé à Jonas Renkse, son compère de trente ans, le soin de construire un album qui semble intimiste et personnel.

La construction de l’album est simple mais efficace. Deux titres avec un tempo soutenu (rien n’est rapide dans City Burials), qui sont immanquablement suivis par un titre plus lent et aérien. Heart Set To Divide est une expression parfaite de ce qui va suivre. Un excellent titre d’ouverture foncièrement progressif avec un soupçon de hard rock à l’intérieur. Excellent et tout à fait stimulant pour écouter la suite. L’aspect rétro est très présent dans Behind The Blood. Riffs de guitare, rythmique et mélodies... tout est là. Et comme cette expression d’un amour torturé est le seul titre comme ça, il passe super bien. La première pause vient avec Lacquer ; hyper mélancolique, d’une lenteur presque fluviale un jour de d’automne ; le titre s’écoule au son des gouttes qui claquent et qui le rythment. C’est très beau. Rein est remarquable ; un titre énorme musicalement et émotionnellement. Il est totalement progressif, construit sur des ruptures avec en son centre une partie aérienne. La voix de Jonas accompagne parfaitement le gros travail des instruments. The Winter Of Our Passing est la seule petite faiblesse de City Burials. Rock teinté presque pop, le titre n’apporte rien. Il est suivi par Vanisher, un titre fin et aérien, entre musique ambient et slow ; pour une fois, le chant de Jonas est doublé par la voix féminine d'Anni Bernhard. Ce mélange est intéressant et sied bien à l’ambiance proposée, même si Vanishers n’atteint pas le niveau de la pause rythmique proposée par Lacquer.

De duo suivant est excellent. City Glaciers est bien plus arythmique et joue sur des lignes vocales multiples, avec Anders reprenant son rôle de contre-partie de Jonas. Ici, comme dans Flicker qui suivra, le travail de la base rythmique est parfait, surtout celui de Daniel Moilanen à la batterie. Ce dernier offre également une belle place de jeu aux autres guitares. Mais comme pour maintenir l’ambiance et respecter le message, celles-ci se la jouent tout en retenue. Un excellent morceau. La dernière pause « ambient » offerte avec Lachesis est courte, moins de deux minutes, pour lancer deux derniers titres progressifs. Neon Epitaph me plaît ; c’est un morceau joueur qui peu s’écouter en boucle sans lasser. Le gros travail des guitaristes est parfaitement soutenu pas la basse de Niklas Sandin. On termine l’album avec un Untrodden plus intimiste. Le morceau de fin est parfaitement bien choisi. Sa finesse, le travail à la guitare et l’ambiance proposée en font une touche finale absolument parfaite. 

Vous l’aurez compris, j’ai été conquis par ce onzième album de Katatonia. Après trente ans de carrière, les Suédois font encore preuve de beaucoup d’imagination et de talent. City Burials est un digne héritier d'une longue histoire et, contrairement à ce que peut faire croire sa couverture, le roi Katatonia n’est pas encore prêt à rendre sa couronne. Vivement la fin du confinement que l’on puisse aller les voir sur scène !

Tracklist de City Burials :

01. Heart Set To Divide
02. Behind The Blood
03. Lacquer
04. Rein
05. The Winter Of Our Passing
06. Vanishers
07. City Glaciers
08. Flicker
09. Lachesis
10. Neon Epitaph
11. 
Untrodden 

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