Artiste/Groupe:

Machine Head

CD:

The Burning Red

Date de sortie:

1999

Label:

Roadrunner

Style:

Néo Thrash

Chroniqueur:

ced12

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Grâce à un doublé royal Burn My Eyes - The More Things Change ..., Machine Head arrive en 1998 au fameux cap du troisième album, celui où un jeune loup qui a tapé fort sur ses premiers disques (le second ne faisant souvent que compléter le premier par sécurité commerciale) doit confirmer et transformer l'essai, exploser ou rester à sa place. Cette théorie, très à la mode quand j'étais ado (et construite sur Master Of Puppets et Reign In Blood), a fait long feu mais à l'époque, je me demande si ça n'avait pas sa place, même inconsciemment, dans le business.

Machine Head avait déjà changé de batteur entre ses deux premiers disques (pour un résultat très concluant) et ce coup-ci, c'est à un changement de guitariste que nous avons eu droit, Logan Mader ayant rejoint Soulfly (pour mémoire, groupe formé par Max Cavalera suite au split médiatisé de Sepultura, autre mastodonte des années 90). C'était un peu les Feux de l'Amour, le Metal des années 90, avec le recul ! Le petit nouveau se prénomme Aaron Luster et ne laissera pas, loin s'en faut, une grande image et restera même associé à une période très décriée de Machine Head. Cela m'avait toujours semblé injuste tant Robb Flynn était déjà la force motrice (écrasante) de MH.

En 1994, Korn fit une entrée fracassante avec son album éponyme et surtout ce son révolutionnaire produit par Ross Robinson. Un nouveau courant musical allait apparaître, le néo-métal, et connaître un gros succès. Machine Head, pourtant dans une superbe dynamique, choisit de prendre le train néo métal en marche et le résultat fit presque autant scandale que le Load des Mets (toutes proportions gardées). Robb Flynn n'y était pas allé de main morte : coupe de cheveux blonde péroxydée, baggies, look 100% néo-métal compatible, ça frisait la trahison pour les fans. Aggravant, c'est Ross Robinson qui fut appelé à la production de ce Burning Red. Avec le recul, il y avait de quoi hurler, mais après tout ils font bien ce qu'ils veulent nos groupes préférés, non ?

Le résultat ? Ma foi, pas évident à appréhender. Le son, déjà : j'ai gardé souvenir des membres de Korn pestant que Ross Robinson ait transposé le son Korn chez d'autres groupes. Et même si on reconnaît de-ci de-là le son MH, on retrouve la patte Korn (la voix par instant, typique Jonathan Davis, avec les années, ça me choque presque sur Desire To Fire le premier cri de Robb notamment, le son trituré des guitares, etc.). N'exagérons rien, ce n'est pas ici du Korn (avis personnel : ouf !!) mais tout de même, on a perdu le Machine Head incendiaire des débuts, celui qui sonnait très urbain, presque hardcore.

Autre problème (décidément !), certains morceaux sonnent presque pompeux, la conclusion un peu inutile, au même titre que la reprise de The Police. Oui mais voilà, cet album est à mon sens sauvé par quelques titres franchement excellents. Desire To Fire, The Bood, The Sweat, The Tears (où la bière remplacera les larmes en live !) et surtout From This Day sont des petites bombes très réussies. Il y a tout pour en énerver plus d'un, ce côté rappé, toujours cette prod mais wow ! quelle énergie, quel sens du refrain. Robb Flynn a quand même un don, on ne peut le lui enlever. Et en live, ces titres donnent des ambiances hallucinantes dans les fosses où ça saute de partout. On retrouve - un peu - le MH des débuts sur des Exhale The Vile, Devil With The King's Card mais passé à la moulinette Ross Robinson, le rendu a perdu en puissance ce qui était tout de même une force du groupe.

Difficile avec les années de s'imaginer le choc ressenti à l'époque avec ce disque, assez incompréhensible artistiquement parlant tant le décalage est important avec les deux précédents. Reste que Robb Flynn a réussi à pondre quelques sacrés titres et qu'honnêtement, malgré tous ces défauts (et cette démarche de fond très racoleuse), ben moi je l'aime bien ce disque. Le successeur, Supercharger, fera bien pire et Machine Head sera à la limite de disparaître des radars (vraiment moyen, ce disque !). Quelque part, toute l'équation Robb Flynn était déjà présente dès ce troisième album. Le phœnix rangera ses baggies, reviendra aux fondamentaux pour déboucher sur un The Blackening dantesque (après un intéressant Through The Ashes Of Empire). Depuis, et malgré un Bloodstone & Diamonds, le déclin artistique reste maîtrisé mais à mon sens réel. Il n'en demeure pas moins que Machine Head continue de défoncer un paquet de formations en live. L'annulation de la deuxième manche de la tournée anniversaire de Burn My Eyes reste dommageable tant le résultat envoyait. Machine Head, un grand groupe des années 90 sur le plan musical. Pour le reste, les nombreuses réserves émises me semblent pleinement justifiées. Un groupe vraiment pas évident à appréhender entre talent pur incontestable et approche artistique et humaine compliquée.


 

Tracklist de The Burning Red :

01. Enter The Phenix
02. Desire To Fire
03. Nothing Left
04. The Blood, The Sweat, The Tears
05. Silver
06. From This Day
07. Exhale The Vile
08. Message In A Bottle (The Police cover)
09. Devil With The King's Card
10. I Defy
11. Five
12. The Burning Red

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