Artiste/Groupe:

Marduk

CD:

Viktoria

Date de sortie:

Juin 2018

Label:

Century Media Records

Style:

Black Metal

Chroniqueur:

hourkach

Note:

18/20

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Trois ans après avoir percé nos lignes de défense, la division Marduk reprend du service et repart au combat en déclenchant une nouvelle opération dont le nom de code est Viktoria. Malgré des décennies passées sur le front (vingt-huit années tout de même), le quatuor suédois ne montre toujours pas le moindre signe de fatigue et parvient, au contraire, à systématiquement surprendre ses ennemis par des manoeuvres et des exactions musicales plus terrifiantes les unes que les autres. Autant dire que Marduk n'a vraiment pas eu à forcer son talent pour attirer l'attention car la promotion de ce quatorzième opus s'est accompagnée de nombreuses polémiques autour de certains de ses membres et de leur soi-disant "admiration" pour le Troisième Reich. Toutes ces tentatives de sabotage totalement ridicules, pilotées par des polémistes de tout poil, n'ont fait que décupler la rage des quatre vétérans qui ont assumé leur fascination pour cette période de l'Histoire et décidé d'écrire, sur le champ, un second album d’affilée conceptualisé autour du thème de la seconde guerre mondiale. L'heure n'est de toute façon plus aux discussions puériles car les premières détonations se mettent déjà à déverser leur venin, la lutte s'annonce sans merci...

Marduk déclenche le début des hostilités en nous jetant au milieu des lambeaux de la Hitlerjugend et de ses unités de jeunes "loups-garous" censées lutter jusqu'à la mort dans les rues de Berlin. J'avoue que le côté très "Punk N'Roll" de ce premier morceau m'a tout d'abord destabilisé et beaucoup intrigué lorsque Marduk l'a proposé en avant première sur les différentes ondes ou webzines spécialisés. Aujourd'hui, et après plusieurs écoutes, je me rends compte que Morgan et ses mercenaires ont parfaitement calculé leur coup en réussissant à nous amener sur un terrain miné à des années lumières de la violence classique, voire traditionnelle, attendue. Werwolf me fait penser à l'hymne "The Blond Beast", paru sur Frontschwein, mais les risques pris par le quatuor sont ici bien plus importants car cette complainte ne se contente pas de simplement ralentir le rythme mais comprend également un clin d'oeil au thème de la chanson en y incorporant un choeur composé de trois jeunes enfants. Le résultat est dérangeant et se marie merveilleusement bien avec les hurlements des sirènes et coups de baguettes du soldat Widigs.

Après ce morceau plutôt atypique, le kommando Marduk revient aux fondamentaux en accélérant considérablement la cadence et en détruisant tout sur son passage avec une contre-attaque vicieuse dénommée June 44. Il devient soudainement très diffcile de progresser sans être fauché par les innombrables tirs de mortier de l'artilleur de service et les nombreuses vociférations toujours aussi hostiles de l'Obersturmbannführer Mortuus. Plus les années passent et plus je trouve que la voix du frontman s'améliore au point de devenir une arme à part entière capable d'anéantir, à elle-seule, tous les auditeurs placés en travers de son chemin. Mortuus se permet même le luxe de régulièrement varier le timbre de sa voix et de "fredonner" comme s'il était littéralement envoûté par les mélodies perverses crachées par son camarade à la guitare. Après cette première déculotté, Marduk poursuit son pilonnage par l'élimination systématique de toute poche de résistance en nous envoyant combattre contre sa huitième division SS de cavalerie Florian Geyer. A l'image de June 44, Equestrian Bloodlust s'inscrit dans la pure tradition musicale de Marduk et aurait largement pu figurer sur le chef d'oeuvre Panzer Division Marduk sorti en 1999. Aucun temps mort, aucun ralentissement, la cavalerie Marduk est lancée à pleine vitesse et traque le moindre partisan à grands coups de blast beats frénétiques et de riffs plus stridents les uns que les autres. Malgré cette nouvelle démonstration de force, le quatuor revient immédiatement sur le front et change de tactique en nous proposant de faire face à une nouvelle attaque diabolique intitulée Tiger I. Marduk aligne alors ses chars d'assaut et progresse lentement, à terrain découvert, sûr de sa puissance et de sa supériorité militaire. Ce morceau m'a tout simplement collé des pulsions car Marduk passe son temps ici à jouer avec nos nerfs en alourdissant volontairement la cadence et en nous forçant à headbanguer furieusement à chaque coup de cymbale porté.

Le quatuor aurait pu se contenter de tenir sur ce rythme de progression mais c'était sans compter sur son talent d'écriture toujours aussi vicieux. Widigs provoque de multiples accélérations tout au long du morceau, mais un énième "Panzerfaust" hurlé par Mortuus provoque alors une embellie rythmique générale et un torrent de haine totalement jouissif. Quelle puissance de feu ! Les bruits assourdissants des missiles V1 nous transportent ensuite en Estonie, dans la ville de Narva, qui fut le théâtre d'affrontements acharnés de février à août 1944 entre les troupes allemandes et l'armée soviétique. A l'image de cet épisode historique, Narva ne laisse aucune place à l'indulgence pas plus qu'à la pitié. Le rythme d'ensemble est, en effet, forcené et les rares bouffées d'oxygène offertes par les roulements de toms du batteur volent systématiquement en éclats sous les leads explosifs de Morgan et le véritable acharnement du bassiste derrière son manche. Ecoutez bien ce morceau jusqu'au bout car le final est dantesque et me donne l'impression de marcher au milieu des cadavres, enivré par ce rythme mid-tempo de barjo et cette mélodie sulfureuse à souhait. Les trois autres offensives obéissent toujours au même schéma tactique en privilégiant la vitesse d'exécution mais ne pensez surtout pas que Marduk soit tombé dans le piège de la répétition car ces trois tueries contiennent chacune des alternances de rythmes ou des riffs qui viendront parfois vous rappeler l'album précédent et ne manqueront pas de vous glacer, une nouvelle fois, le sang. Une mention particulière va tout de même sur l'hymne romain Viktoria durant lequel il est pratiquement impossible de ne pas hurler son refrain aux côtés du chanteur. Il fallait bien une petite déception dans cet album et celle-ci survient sur l'ultime complainte intitulée Silent Night. La chanson n'est pas mauvaise en soi mais je trouve qu'elle manque un peu d'audace et n'aurait pas dû se borner à cette cadence simpliste et ultra-lente. Une accélération soudaine et décoiffante comme sur la boucherie Tiger I aurait créé la surprise pour rompre avec la monotonie de la mélodie. Mais je crois que tous ces charniers m'ont perturbé et que je commence à faire la fine-bouche. 

En simplement trente-deux minutes, la Division Marduk a commis l'un de ses plus beaux crimes en ne laissant derrière elle qu'un vaste champ de ruines et de désolation. Viktoria est un excellent album, cruel et menaçant, qui ne laisse pas la moindre chance à son adversaire de fuir ou de simplement battre en retraite. Même la pochette représentant le visage froid et austère d'un soldat est une réussite totale et correspond parfaitement avec la propagande bestiale et primitive de la musique mise en oeuvre. Viktoria vous rappelera irrémédiablement les heures de gloire du combo. Alors ne cherchez surtout pas à résister, déposez les armes et venez embrasser la cause de cette véritable machine de guerre. Heil Totaler Krieg !

Tracklist de Viktoria :

01. Werwolf
02. June 44
03. Equestrian Bloodlust
04. Tiger I
05. Narva
06. The Last Fallen
07. Viktoria
08. The Devil's Song
09. Silent Night

 

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