Mayhem

Artiste/Groupe

Mayhem

CD

Esoteric Warfare

Date de sortie

Juin 2014

Label

Season Of Mist

Style

Black Metal

Chroniqueur

florentv

Note florentv

17/20

Site Officiel Artiste

Autre Site Artiste

C H R O N I Q U E

Sept ans après le tortueux et génial Ordo Ad Chao, Mayhem revient dans les bacs avec Esoteric Warfare. Inutile de vous présenter le groupe et ses frasques une n-ième fois, un simple rappel du line-up présent sur l'album suffira. On retrouve donc Hellhammer derrière les fûts, Necrobutcher à la basse et Attila Csihar au chant, comme sur Ordo Ad Chao. Entre temps, Blasphemer s'est fait la malle pour développer son projet Ava Inferi et c'est Teloch (Nidingr) qui le remplace au poste de guitariste, poste où Blasphemer avait quand même réussi à composer un paquet de riffs vraiment excellent.

Watchers ouvre les hostilités sur un riff traînant typiquement dans l'ambiance Mayhem, froid et inhumain, et en fondu arrive un tapis de double pédale ultra nerveux. Un cri déchirant s'élève des ténèbres et la machine est partie. Ces premières secondes de l'album sont déjà impressionantes et révèlent que la capacité du groupe à créer le chaos est toujours intacte. Le tempo est déchaîné, Hellhammer balance un tapis de double quasi continu pendant trois minutes et le riffing de Teloch est assez bien senti. On sent qu'il a travaillé pour adapter son jeu aux exigences du groupe et c'est assez réussi. Déjà, ce morceau introduit des ruptures qui, bien que moins cérébrales que sur Ordo Ad Chao, rendent le fil narratif complexe. PsyWar, le premier "single" est un pur morceau black, riff tranchant, tempo véloce et basse absente. Ces deux premiers morceaux sont agressifs et relativement directs, l'aspect vraiment labyrinthique de Ordo Ad Chao étant abandonné. Trinity part également sur les bases d'un black de facture assez classique et toujours aussi étouffant, le son est vraiment compact et Hellhammer a remis les triggers ce qui rend encore plus écrasantes ses parties de double (encore un roulement quasi continu sur ce morceau). Alors, si l'intégralité de l'album est comme ces trois premiers morceaux, l'indigestion arrivera vite tant la densité est écrasante.
Mais Pandaemon commence à faire transparaître la nature plus profonde de Esoteric Warfare. Toujours sur un tempo ultra rapide, Mayhem commence à faire apparaître des structures plus déviantes et plus complexes. La fin du morceau notamment avec ses reprises et ses notes en l'air qui laissent en suspension une ambiance bien macabre. Et le début de MILAB confirme cette tournure, riffs de basse poisseux, premiers gros délires vocaux de Attila, tempo plus lent et cette fois la froideur absolue de Mayhem se fait sentir. On retrouve là l'ambiance complètement maléfique dans laquelle baignait Ordo Ad Chao. Hellhammer montre qu'en plus de sa vitesse juste obscène, il est toujours capable de produire des séquences bien tordues. Le riffing de Teloch s'avère vraiment bien inspiré des précédents méfaits des Norvégiens, que ce soit dans les parties lentes ou dans les grosses décharges de haine. La basse de Necrobutcher perd un peu en présence sur cet album mais quelques morceaux le mettent bien en valeur (MILAB, Posthuman). Mais encore une fois, c'est Attila qui offre une performance simplement démoniaque. Ce type semble être complètement habité, comme si le démon de la folie avait enfin trouvé un corps capable d'exprimer ses pensées dans cette dimension. Ses pensées sont d'ailleurs assez obscures. La plaquette promo annonce un concept-album dont le fil directeur est basé sur les expérimentations nucléaires opérées durant la guerre froide. Donc on retrouve quelques passages décrivant un monde post-apocalyptique où se croisent zombies, robots, humains contaminés... Mais il y a quand même quelques strophes un peu incompréhensibles comme par exemple "A-bomb Holy Grail Manhattan Shangri-la". Je ne saisis pas bien le sens ; il y a aussi Pandaemonium et son énumération de noms de démons. Attila est donc toujours aussi travaillé et ses paroles toujours aussi métaphoriques.
Une fois MILAB passée, le tempo reste sur une base rampante et crasseuse. Les derniers morceaux sont selon moi les plus réussis. Corpse Of Care et Posthuman sont de purs diamants noirs, hantés et malsains. Attila sort ses vocaux les plus tordus et les plus magistraux, voix d'outre-tombe, déclamation autoritaire, cri inhumain, tout y passe.

Esoteric Warfare est assez étrange. Un début d'album complètement ahurissant, rapide, nerveux avant une rupture vers des ambiances plus étranges et retorses. Tout en reprenant partiellement les ambiances de Ordo Ad Chao, Mayhem propose cette fois un album qui semble plus direct mais en même temps plus étrange avec ces deux parties très différentes. Au final ça fonctionne, mais il faut quand même quelques écoutes pour bien intégrer tout ça. Quoiqu'il en soit, Mayhem offre une nouvelle fois sa vision du black metal, radicale. Ils sont les maîtres depuis tant d'années que rien ne semble pouvoir être autrement : Mayhem invente et les autres améliorent.


Tracklist de Esoteric Warfare :

01. Watchers      
02. PsyWar
03. Trinity
04. Pandaemon      
05. MILAB
06. VI.Sec.
07. Throne of Time     
08. Corpse of Care     
09. Posthuman      
10. Aion Sunteli

Venez donc discuter de cette chronique, sur notre forum !