2020...sombre année de merde, les nouvelles horribles succèdent aux mauvaises et précèdent les pires. Rien ne semble pouvoir arrêter cette triste dynamique du pessimisme qui annonce l'effondrement global et notre effondrement personnel tant notre résistance aux évènements extérieurs et incontrôlables est mise à l'épreuve.

Virus, génomes, Delfraissy, masques, PCR, conflits d'intérêts, vaccin, exponentielle, Salomon, tests, réanimation, mutation, courbes, modélisation, seconde vague (troisième, quatrième, douzième), attestation, couvre feu, Véran, Gilead and co, professeur Mes Couilles et Docteur Knock, j'en passe et des pires, allez tous bien vous faire (je laisse ici le choix au lecteur d'insérer le verbe qui lui plaira). J'appuie sur play, main tremblante, je suis énervé, la propagande médiatico-politico-sanitaire a fini par m'atteindre et me dévore lentement le cerveau, j'appuie sur play et je pleure tant ce disque me fait du bien, sa rage, sa colère, sa virulence et sa violence me calment. Napalm Death, ce vieux frère, fait le taf pour moi, hurle mon ras-le-bol et, tel le père Karras chassant le démon, réduit toutes les voix annonciatrices des catastrophes en cours et de celles à venir au silence, enfin, vos gueules les prophètes du malheur. Throes Of Joy In The Jaws Of Defeatism est une séance d'exorcisme auditif, l'album fait place nette et vide la tête, qu'il est bon en ces temps troublés d'entendre des gens plus énervés encore que vous l'êtes vous-même.

Sur ce dix-septième album, Napalm Death fait ce qu'il sait faire, tout ce qu'il sait faire. Cet Opus est un condensé magistral des tartes faciales que le combo Anglais nous balance depuis plus de trente ans. Du grind core au Death Metal en passant par la période indus groovy des nineties (largement et injustement mésestimée), tout y est, exprimé dans une urgence purement punk et durement hard-core. Formé en 1981, cette entité juste légendaire fait encore preuve d'une vitalité ahurissante et d'une pertinence étonnante en attaquant son œuvre par tous les fronts . Avec une violence inouïe sur Fuck The Factoid, à grand coup de refrain entêtant sur Contagion, d'arpèges apocalyptiques sur Invigorating Clutch ou de metal industriel, on entend en effet du vieux Scorn, celui de Vae Solis, sur A Bellyful Of Salt And Spleen qui clôt les débats dans la noirceur qu'inspire l'époque, une noirceur profonde façon OLED, noir c'est noir ! J'aurai pu, dû, vous parler du groove chaloupé de Blacklash Just Because, de l'ombre majestueuse du grand Killing Joke qui plâne avec classe sur Amoral et de tant d'autres moments géniaux qui font de ce disque un véritable bestiaire sonore de l'extrême, une pure leçon de violence intelligente et d'intensité. Impossible de s'ennuyer tant les Anglais varient le propos du début à la fin et tant ils sont en phase avec cette époque tragique. Joie De Ne Pas Vivre, en Français dans le texte, morceau presque bruitiste au feeling Black Metal, résonne d'ailleurs étrangement dans nos oreilles au moment où nous sommes baillonnés, puis confinés avant d'être libérés sous caution pour être re-confinés...joie de ne pas vivre.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, cet album est atmosphérique, je n'ai pas dis beau ou joli, mais atmosphérique parce qu'il évoque avec une puissance rare un environnement hostile, ce monde dégueulasse qui nous sert de quotidien et la folie qui guette à chaque fois que BFM, ou n'importe quel autre organe de propagande, résonne dans nos foyers. Throes Of Joy In The Jaws Of Defeatism est un voyage cathartique au fin fond de la colère, qui ne changera rien, certes, mais qui fait un bien fou et remet les idées en place. Accessoirement, c'est aussi le meilleur album de Napalm Death depuis des lustres, sachant que le groupe n'a jamais sorti de mauvais album !

Tracklist de Throes Of Joy In The Jaws Of Defeatism :

01. Fuck The Factoid
02. Backlash Just Because
03. That Curse Of Being In Thrall
04. Contagion
05. Joie De Ne Pas Vivre
06. Invigorating Clutch
07. Zero Gravitas Chamber
08. Fluxing Of The Muscle
09. Amoral
10. Throes Of Joy In The Jaws Of Defeatism
11. Acting In Gouged Faith
12. A Bellyful Of Salt And Spleen