NIGHTWISH

Artiste/Groupe

Nightwish

Album

Dark Passion Play

Date de sortie

26/09/2007

Style

Métal Symphonique

Chroniqueur

Damien

Note

13,5/20

Site Officiel

http://www.nightwish.com/

C H R O N I Q U E

Le voici enfin, l'album le plus attendu de l'année, l'album événement, l'album des maîtres, l'album qui sauvera ou enterrera définitivement Nightwish. L'album qui change tout. Après le départ de Tarja, les évènements se sont multipliés, des multiples auditions à l'annonce de la nouvelle chanteuse en passant par les problèmes de soi-disant piratage informatique ayant permis aux trois quarts de l'album de se promener librement ici ou là sur la toile.

Lors de la révélation de l'identité de la nouvelle chanteuse alors que les paris les plus fous étaient pris (Liv Kristin ? Sharon Den Adel ? Vibeke Stene ?), la surprise fût de taille. La demoiselle au joli minois était suédoise et avait un groupe de rock. Et il n'en fallait pas plus pour trouver la cible parfaite sur qui taper en cas de déception. Mais voilà, ce Dark Passion Play ne se résume pas à Melle Anette Olzon. Décryptage.

L'angoisse guette quand démarre The Poet And The Pendelum, monstre d'ouverture annoncé avec 14 minutes au compteur. Et si Nightwish virait pop ? Et si Nightwish faisait un Once rock ? (Et si Nightwish faisait du Death ?). Une ambiance le seigneur des anneaux nous accueille, la voix d'un jeune garçon nous guide. Les guitares débarquent. Les parties orchestrales s'annoncent déjà fabuleuses. Anette nous délivre sa voix. Et là surprise ! Ça le fait ! Le refrain (Get Away ! Run Away ! Fly Away !) s'installe naturellement et se grave là dans votre tête, la dynamique de cette première partie fait plaisir à entendre, le metal symphonique n'a jamais sonné aussi grandiloquent depuis belles lurettes. Puis au bout de déjà quatre minutes, les guitares se taisent, l'orchestre reprend le dessus, le jeune homme reprend sa place. Le morceau se fait romantique, sur fond de clair de lune. Anette lui prête un coup de main, elle souligne les phrases de la voix enfantine. Le mariage est parfait. Mais le ciel s'obscurcit, l'orchestre se durcit, Anette déclame sur un ton parlé/soufflé. Le rythme s'accélère. Les guitares réapparaissent et se fondent incroyablement bien avec les parties classiques. Un larsen/riff lance la partie Heavy, celle de Marco. Et là, le doute s'installe. Si dans la mise en ouvre la partie est parfaitement introduite (ça vous colle le frisson !), elle est en elle-même ratée. Le chant de Marco est gueulé, le riff Heavy/Trash fait penser à du sous-Metallica avec l'attitude Thrash hero qui blesse l'orgueil. Merde. La première faute. Puis un piano vient accompagner le retour de la mélodie de départ, le refrain revient, toujours puissant, 9ème minute, les guitares la remettent en sourdine, des samples pas très rassurants se calent, une mélodie romantique revient décaler le morceau. Anette déclame encore quelques phrases et c'est la fin. Soit. Un premier morceau inégal, encombré de nombreuses parties pop ennuyeuses et totalement inutiles, certains enchainements sont surprenant de mauvais goût alors qu'en même temps la puissance de la mélodie, la grandiloquence de l'orchestre et la prestation d'Anette sont des gros points forts.

Deuxième morceau, annoncé comme une dédicace à Tarja Turunen, la supposée diva qui créa tant de problèmes au sein du groupe. Le nom ? Bye Bye Beautiful. Ça prédestine, forcement. Le riff se fait gras, le son de guitares est décidemment très agressif et très travaillé. C'est Anette qui lance les hostilités sur un couplet pas plus marquant que ça, mais lorsque le refrain débarque, on comprend. Tuomas, le compositeur principal a changé sa recette magique. Les paroles sont virulentes telles un doigt d'honneur serti de reproches 20 carats balancés à la tronche de Tarja. "Did you ever hear what I told you ? Did you ever read what I Wrote you? Did You ever listen to what we play ?". Je ne suis pas sûr mais je pense qu'il lui en veut (rappelons qu'officiellement, c'est le groupe qui a viré Tarja). En tout cas le message est clair. Le morceau est lourd, Heavy au bon sens du terme, soutenu par les envolées discrètes du clavier de Tuomas. Le chant de Marco est déchainé, la tempête fait rage. La troisième minute sonne l'accalmie, passagère avant de relancer une ultime le refrain. Pas très mélodique mais rageur !

Puis la première très bonne surprise. Le second single, Amaranth. Cette chanson qui démarre tambour battant sur des harmonies croisées metal/classiques permet à Anette de faire étalage de toute sa maîtrise. Le refrain est un vrai bon refrain finlandais, progressivement puissant, mélodiquement parfait. La section rythmique est réglée comme une horloge, ce morceau sent bon la bonne humeur et met une pèche d'enfer tout en conservant un côté impressionnant de par sa richesse musicale et ses trouvailles mélodiques (la reprise sur le pont) toujours soutenues par des discrets mais puissants choeurs du meilleur effet. Seule petite fausse note, l'avant dernier cri de tigresse d'Anette est laid. Mais vu la teneur du morceau, on lui pardonne aisément.

Cadence Of Her Last Breath démarre sur le sample d'une respiration, le riff souligné d'abord par un piano puis par les cuivres se met en place. Techniquement, rien à dire, les musiciens assurent. Le refrain est mélodique, aux confins de la pop nordique, puissant, renforcé par des interventions judicieuses de Marco.

Puis vient l'incident Master Passion Greed. Morceau dédié au manageur de mari de Tarja, il débute par un riff rapide, Heavy, et un cri en forme de "banzaï" lancé rageur dans l'air. Le couplet est haletant, le refrain souffre : la hargne de Marco ne le sauve pas, il est inabouti, on aurait bien vu une ou deux phrases en plus parce que là, on reste sur notre faim. La fin de refrain est une sorte d'hallucination avec des choeurs montagnes-russes surprenants mais parfaits, puis le tonnerre reprend, Marco se démène, le speed traditionnel reprend ses droits, quelques instants, livrant les seuls vestiges de l'ère Tarja. Puis la fin du morceau est sauvée In Extremis par les violons virevoltants qui donnent une dimension dantesque aux dernières secondes de Master Passion Greed (pourquoi ne l'ont-ils pas fait avant ?).

Puis pause. Eva, le premier single, la chanson de la peur, celle qui a fait rire ou pleurer les ex fans de Nightwish. A priori, une ballade sans intérêt autre que de profiter de la jolie voix d'Anette. Nous sommes à mi-chemin, 6 morceaux viennent de passer, l'occasion de tirer les premières conclusions. D'abord, Anette assure. Ceux qui voulaient taper dessus n'ont plus qu'à se raviser : certes, elle est différente mais loin d'être moins bonne que Tarja. Les émotions qui passent sont différentes, voilà tout. Ensuite, on se prend à avoir peur par moments. Peur de la catastrophe. Un premier morceau inégal, mal construit, des refrains inaboutis, un Master Passion Greed brouillon. 3 morceaux qui sont pour l'instant excellents : Amaranth, Bye Bye Beautiful et Cadence OF Her Last Breath. On passe à la suite, la deuxième moitié de l'album.

Sahara, le septième morceau. Un riff Heavy rampant pose l'ambiance. Incertaine, peu rassurante, légèrement orientale, l'orchestre et les choeurs s'y taillent la part du lion. Anette est envoutante, le refrain se cache bien derrière des airs patauds et la fin est grandiose, digne du générique de fin d'un bon film d'aventure.

Whoever Brings The Night est le seul morceau composé par Emppu Vuorinen. Différent car plus dans un esprit sombre, on peut penser aux Necrophagia et à leur côté sautillant. Le refrain est étrange, le chant est filtré pour un effet et un rendu menaçant. La belle module sa voix de manière nouvelle, étalant encore une nuance dans sa palette vocale. Un riff décoiffant mais limite Dark Electro Indus se greffe tant bien que mal. Etrange étrange.

Puis vient For The Heart I Once Had, aux accents FM, sorte de Power ballade, mélodiquement assez réussie, présentant une progression séduisante. Mais le reste du morceau ne s'avère pas plus marquant que ça.

Et là, le doute s'installe. The Islander, morceau composé par Marco avec une superbe ambiance celtique, ouvert par la pluie, l'orage et les mouettes. Ambiance marine donc des plus réussies, avec de toutes petites apparition de mademoiselle Olzon sur les harmonies. Un instant superbe. Mais tadam, les bruitages reprennent et c'est le drame. La même chose que The Islander, instrumentale cette fois-ci. Où est l'intérêt ? Combler un trou ? Même avec seulement 12 morceaux ça n'aurait pas changé grand-chose ! Une sacrée faute de goût de la part de Tuomas qui finit par ennuyer fermement. Bon, une faute, certes, mais peut-être pas si grave.

Surtout que s'annonce le prometteur Seven Days To The Wolves. Un des morceaux dont un sample de 30 secondes annonçait un refrain dantesque. Donc forcement un grand morceau. Qui déçoit énormément au final. On a parfois l'impression d'entendre de l'After Forever version 2007, on retrouve même une harmonie symphonique de la chanson Discord, morceau d'ouverture du dernier album éponyme dudit groupe. (Tuomas aurait composé l'album en 2005, After Forever auraient-ils copié ?). La platitude est décourageante, la puissance est bien présente mais le morceau finit par ne plus avoir ni queue ni tête, on ne comprend plus rien. On se perd. Même le break d'Anette est inégal, et alors que celui-ci prend fin, le retour du refrain se fait par enchantement, comme ça, de manière totalement fortuite. Incroyablement inabouti là encore.

Mais alors que commence le dernier morceau de Dark Passion Play, on n'y est plus. Et eux non plus apparemment. Meadows Of Heaven donc. Qui commence calmement, tel un slow langoureux, soutenu progressivement par des choeurs virant au gospel ! Oui, la puissance pop de la chanson se termine en orgie Power Gospel 100% US tel un Micheal Jackson dans les années 90. Nightwish, ou plutôt Tuomas conclut Dark Passion Play par un slow de pop gospel. Oui, vous avez bien lu. Certes, il est beau, la fin est splendide, grandiose, mais pas pour un morceau de Nightwish. Là non. Ça en est même ridicule, d'entendre la pauvre Anette se prendre pour une afro américaine, de voir Tuomas jouer une version finlandaise de Sister Act.

Alors au final que dire de Dark Passion Play ?

1-Le buzz créé volontairement par le label autour de ce Nightwish nouvelle version est totalement discréditeur pour Dark Passion Play. L'album attendu comme le messie va devenir un album haïs de la plupart des ex-fans du groupe.

2-Tuomas s'est perdu. La conclusion s'impose d'elle-même, entre des refrains manquants de travail, inaboutis, et des enchainements d'amateurs, parfaitement brouillons, le compositeur claviériste du groupe s'est noyé dans son ressentiment envers Tarja et son mari et même dans la quasi-totalité de ses sentiments.

3-Toutefois si Dark Passion Play ne vire pas au naufrage, c'est grâce à celle qui a déjà été tant décriée : la patate d'Anette et le plaisir qu'elle semble prendre à se démener pour emmener Nightwish vers de nouveaux horizons font chaud au coeur, on se dit que elle, au moins, met du coeur à l'ouvrage. De plus, certes elle n'a pas la même voix que Tarja mais nom de Zeus elle a quand même un superbe organe ! Elle se permet d'être une des seules à signer un quasi sans fautes, assurant parfaitement son rôle de nouvelle frontwomen de Nightwish. Avec encore un peu de travail au niveau charisme on tient là une nouvelle déesse du Metal Sympho/Gothic à chant féminin.

4-Si vous n'oubliez pas l'ancien Nightwish, vous passerez à côté de ce Dark Passion Play tellement il envoie le groupe sur une nouvelle dynamique.

5-L'album est inégal : on navigue entre le très bon voire l'excellent (Amaranth, Bye Bye Beautiful, Cadence Of Her Last Breath, The Islander, Sahara, Eva) et le moins bon voire très mauvais (Seven Days To The Wolves, Master Passion Greed, Meadows Of heaven).

Dernière note, le clip d'Amaranth. Présentant le groupe en action pour la première fois avec Anette, il est très réussi (un des meilleurs du groupe à ce jour). Elle y est resplendissante de bonne humeur et de motivation, elle charme et s'impose déjà comme une évidence alors que derrière, le groupe semble plus soudé et proche qu'avant. Le regain de pèche amené par Mademoiselle Olzon semble avoir redynamisé les hommes et promet de grands moments en live. L'avenir de Nightwish c'est elle, et on ne peut lui dire qu'une chose : merci.