On disait la Norvège à la ramasse niveau BM ces derniers temps, on disait Trondheim perdue sous les vagues d'Instagrameurs, on disait… on disait… mais on se trompait complétement. C’était en effet très mal connaître la soif d’une partie des Scandinaves pour l’occulte et la violence, que d’imaginer que cette partie là du globe n’allait plus jamais rien produire de sordide. One Tail, One Head prouve aujourd’hui que la Norvège n’a pas dit son dernier mot en la matière.

Il faut dire que le groupe cache des grands noms de la scène norvégienne. On dénombre des membres issus des excellents Aptorian Demon, Mare, Darvaza, Vemod, Dark Sonority et surtout Behexen, puisque Luctus (alias Wraath) y officie en tant que guitariste, et dès à présent comme chanteur au sein de One Tail, One Head.

Le résultat ? Un groupe qui enchaîne les bonnes démos, les EP intrigants et une compilation regroupant ces différentes pépites. Le format complet n’est néanmoins atteint qu’en 2018, date à laquelle ils sortent Worlds Open, Worlds Collide.

Des mondes musicaux qui se rencontrent, c’est en effet de cela dont il est question dans ce premier opus, pas tant dans la multiplicité des genres, bien sûr, que dans la diversité des influences et des approches du BM à la norvégienne. Cela, on le sent dès Certainly Not avec son entrée brutale et grossière, pourtant vite rattrapée vers la moitié de la piste par un style beaucoup plus précis et profondément flippant. La voix de Luctus vire en effet très rapidement de l’assourdissant au totalement strident, avec une justesse terrible dans l’interprétation.

Des mondes s’entrechoquent.

La métaphore se file sans ambages au sein de l’opus, de l'excellente et instrumentale Sordid Sanctitude jusqu’au climax atteint par Summon Surreal Surrender dont les sonorités hésitent entre un Negative Plane sous stéroïdes et un Behexen au sommet de son art. Les dix minutes qui composent la piste élèvent le style de One Tail, One Head un bon cran au-dessus des groupes de BM qui pullulent en ce moment : virtuosité dans la violence, violence dans la virtuosité technique et émotionnelle. Mais pour cela, il fallait bien que ce soit la Norvège qui se réveille de la léthargie commerciale.

Ceci étant dit, il ne nous reste plus qu’à espérer que le mouvement – amorcé ici et là – poursuive son chemin de croix pour nous offrir de nouvelles pépites. Worlds Open, Worlds Collide réussit en tout cas le pari du renouveau et de l’originalité dans une scène aujourd'hui surchargée de copies.


Tracklist de Worlds Open, Worlds Collide :

01. Certainly Not
02. Arrival, Yet Again
03. Worlds Open, Worlds Collide
04. Stellar Storms
05. An Utter Lack of Meaning, Hitherto Unbeknownst, Suddenly Revealed
06. Firebirds
07. Sordid Sanctitude
08. Rise In Red
09. Passage
10. Summon Surreal Surrender