Artiste/Groupe:

Overkill

CD:

The Grinding Wheel

Date de sortie:

Février 2017

Label:

Nuclear Blast

Style:

Thrash Metal

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Note:

14/20

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Overkill ou le groupe le plus prolifique de la scène thrash mondiale... Il n'y a pas à débattre là-dessus : The Grinding Wheel n'est autre que le dix-huitième album de ces vétérans (je ne compte pas les EP, les live ou l'album de reprises). Qui dit mieux ? Voilà. Maintenant, la quantité est une chose, la qualité... une autre. Cela dit, après une période morne pendant laquelle il n'a rien sorti de très marquant (les avis divergent sur la question mais pour ma part, après 1996 et jusqu'en 2010, à part un Bloodletting qui s'en sortait pas si mal en 2000, c'est encéphalogramme plat), ces sept dernières années ont montré un combo affichant un beau regain de vivacité et d'inspiration. J'ai même particulièrement aimé Ironbound que je n'hésiterais pas à classer parmi les tous meilleurs albums du groupe si on me le demandait. On ne me le demande pas ? OK. Passons donc à ce The Grinding Wheel et voyons s'il est du même niveau que ses récents prédécesseurs. 

Je propose de répondre immédiatement à l'interrogation "Alors, encore un très bon album d'Overkill ?". Eh bien, ça me contrarie un peu de l'admettre mais, pour moi, ce nouvel opus sent le petit coup de fatigue. Pas vraiment sur un plan formel, non, Blitz et ses potes ont toujours la pêche et, malgré leur âge, The Grinding Wheel a de la puissance à revendre. C'est plus au niveau de l'inspiration que le bât blesse parfois. Oui, parfois, parce qu'il y a encore de très belles choses ici. L'album commence d'ailleurs assez bien avec Mean Green Killing Machine, Goddamn Trouble et Our Finest Hour. La chanson d'ouverture a une bonne intro qui repose sur sa section rythmique et s'avère assez changeante sur plus de sept minutes trente. Gros heavy, thrash qui tache, break mélodique, passage Sabbathien, solo speedé sur fond de double grosse caisse... Overkill sort la grosse artillerie ! Moins immédiat qu'un Armorist, par exemple, mais pas mal du tout en fin de compte. Goddamn Trouble et Our Finest Hour sont des morceaux thrash plus directs, moins alambiqués. Pas mal mais j'ai déjà entendu mieux venant de ces vétérans. Disons que ça a au moins le mérite de l'efficacité... mais, si on prend la troisième piste, on touche au petit souci d'inspiration que j'évoquais plus haut. Dix-huit albums, ce n'est pas rien... et par conséquent, pas toujours facile d'éviter les redites. Parfois, ça passe, d'autres fois, c'est un peu trop flagrant. Et pour ce qui est de Our Finest Hour : ne ressemblerait-elle pas d'un peu trop près à une certaine Electric Rattlesnake ? Pas sûr ? Voilà de quoi vous convaincre au cas où vous auriez un doute :

The Grinding Wheel a d'autres bons moments à offrir, heureusement, mais il a aussi, à mon sens, un autre défaut : sa durée. Ce disque a le même nombre de chansons que son prédécesseur mais il dure une heure (soit dix minutes de plus, avec une moitié de compos s'étirant pendant six ou sept minutes) et ça se sent. Je n'affirme pas qu'il aurait fallu raccourcir tous les morceaux car quelques-uns s'en sortent très bien mais une poignée d'entre-eux me donne la sensation de traîner en longueur. Et puis, il arrive aussi qu'une chanson prenne la tête, comme Shine On avec ses "Come On!" et son refrain très répétitif scandés par un Bobby "Blitz" Ellsworth un poil usant à la longue. Mais comme je vous le disais juste avant, il reste de bonnes choses : l'enjouée Let's All Go To Hades est entraînante, The Long Road est également assez sympa et contribue à rendre cet opus varié avec une intro old-school (sous influence NWOBHM) rappelant les premières heures du groupe. La féroce Red, White And Blue (une de mes préférées) ne fait pas de quartier, c'est une salve thrashy qui envoie du bois avec, au menu, vitesse, puissance, hargne et gang vocals qui vont bien. Et la chanson titre qui clôt l'album nous ressort la carte de la compo changeante, bien construite et qui se permet même de surprendre (un peu) son monde avec une conclusion épique assez inhabituelle pour Overkill : basse Maidenienne très mélodique, choeurs et cloches ! Ca le fait carrément et permet à l'album de s'achever sur quelque chose d'assez mémorable. 

Ce disque n'est (à mon avis) pas le meilleur du groupe. Il est même certainement le moins remarquable parmi ses sorties les plus récentes (depuis Ironbound en 2010) mais il reste néanmoins honnête, puissant, relativement conforme à ce qu'on peut attendre de ces thrashers new-yorkais aujourd'hui et compte de bons moments. Le son du combo est préservé (avec la fameuse basse de D.D. Verni toujours aussi audible) et le mix confié à Andy Sneap est aux petits oignons. Cela fait plus de trente ans qu'Overkill balance ses skeuds à la face du monde et ce dix-huitième opus synthétise son savoir-faire et ses influences (punk, heavy, hardcore) en plus de prouver que les gars ont encore la niaque. The Grinding Wheel aurait gagné à être un peu plus concis et surprenant mais comme il n'a rien de honteux et que certaines pistes sont bien efficaces, il saura contenter les fans du combo. Après les quelques très bons (ou excellents) albums de thrash récemment sortis sur ce label (je pense notamment aux derniers Death Angel, Testament ou Kreator), celui-ci fait un peu redescendre le niveau mais demeure tout à fait sympathique et recommandable... à défaut d'être incontournable.

Tracklist de The Grinding Wheel :

01. Mean Green Killing Machine
02. Goddamn Trouble
03. Our Finest Hour
04. Shine On
05. The Long Road
06. Let's All Go To Hades
07. Come Heavy
08. Red White And Blue
09. The Wheel
10. The Grinding Wheel