C H R O N I Q U E

Paradise Lost est le type de combo qui ne reste pas figé sur ses positions et qui fait évoluer sa musique au fil des albums.
Le groupe a commencé sa carrière en jouant un Death Doom très sombre. Puis nos gars d'Halifax ont doucement évolué vers des terres plus gothiques et plus mélodiques pour aboutir à un album à la limite de la pop, sur les terres de Depeche Mode (le très controversé Host, paru en 1999). Mais Icon, sorti en 1993, peut véritablement être considéré comme l'album charnière. Celui par lequel ils quittent le monde du Death Metal et entrent directement dans la première division du Doom Metal Gothique… et dans la première division du Metal tout court.

Oui, Icon marque un tournant dans la carrière du groupe (un peu amorcé avec le précédent, Shades Of God, sorte de brouillon de ce qui allait devenir ce joyau du groupe). La mélodie est de plus en plus présente, les refrains font mouche mais les rythmiques sont encore puissantes, carrément doom parfois. C’est le cas du premier titre, Embers Fire, qui montre tout de suite que c’est un gouffre qui sépare cet album des réalisations antérieures. Les riffs de la paire Gregor Mackintosh / Aaron Aedy sont à la fois puissants et monstrueusement beaux (Remembrance, Dying Freedom, True Belief). C’est une évidence, une des forces de cet album réside dans le travail des deux guitaristes. Les solos sont superbes, complètement intégrés aux compos.
Le chant de Nick Holmes a lui aussi bien évolué. S’il est toujours aussi puissant, terminés les growls. Holmes chante... et il chante très bien !
Les rythmiques sont encore très imprégnées par le doom des débuts du groupe (Joys Of The Emptiness, Colossal Rains), une lourdeur qui met encore plus en valeur les magnifiques passages mélodiques des refrains et les chorus de guitare. Et n’oublions pas ce son monumental qui confère à l’ensemble encore plus de profondeur.
Dying Freedom est sans doute le morceau qui montre le mieux où en est Paradise Lost sur cet album. Il garde toute la force du Doom Metal des Anglais et tend vers des mélodies plus faciles à assimiler, tout en subtilité, vers ce que l’on va qualifier rapidement de Gothic Metal. Le côté gothique vient d’une influence revendiquée par le groupe, les Sisters of Mercy (dont Paradise Lost reprendra le Walk Away deux ans plus tard). Paradise Lost est d’ailleurs l’un des premiers groupes pour lesquels le terme "gothique" sera utilisé afin de qualifier leur musique.
Difficile de trouver le moindre défaut à cet ensemble de compositions. Que ce soit True Belief et son superbe refrain, le très gothique Christendom et son chant féminin ou l’instrumental ténébreux Deus Misereatur qui conclut l’album, tout est somptueux et touche à la perfection. Si bien que dès la dernière note éteinte, on se dit qu’on vient d’écouter là le chef d’œuvre de cette année 1993. Où comment Paradise Lost, groupe anglais encore assez obscur avant cet album, va devenir le chef de file du mouvement Gothic Metal.
Icon est aussi le dernier album avec Matt Archer au poste de batteur. Un poste assez instable chez Paradise Lost puisqu’il en a vu défiler trois depuis, alors que les autres membres du groupe sont tous là depuis le début.

Bien sûr, pas mal de fans de Paradise Lost choisiront Draconian Times, sorti deux ans plus tard, comme étant l’album le plus abouti du groupe. Et je ne peux leur donner tort tant il s’agit effectivement d’un chef-d’œuvre lui aussi. Mais, après toutes ces années, je garde une préférence pour ce Icon. Plus fort, plus beau, plus grandiose. En tout cas, il est aussi indispensable dans toute CDthèque que son frère cadet.

Tracklist de Icon :

01. Embers Fire
02. Remembrance
03. Forging Sympathy
04. Joys Of The Emptiness
05. Dying Freedom
06. Widow
07. Colossal Rains
08. Weeping Words
09. Poison
10. True Belief
11. Shallow Seasons
12. Christendom
13. Deus Misereatur

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