C H R O N I Q U E
Le Chili est un pays auquel on ne pense pas immédiatement quand on parle de genèse du metal extrême. En effet, l’Amérique du Sud a eu très tôt ses combos d’avant-garde dans cette vague ; on évoque le plus souvent le Brésil avec des groupes comme Sepultura et Sarcofago. Mais il faut savoir que le Chili, également sous l’influence des premiers Slayer, Possessed, Hellhammer et autres Venom s’est converti en un véritable vivier à formations underground à la fin des années quatre-vingt. L’une d’entre elles fut Pentagram, groupe fondé par Anton Reisenegger et Juan Pablo Uribe en 1985. Jusqu’à sa troisième et dernière reformation en 2009, Pentagram Chile (rebaptisé ainsi en 2012 par respect pour le célèbre groupe américain de doom) n’avait pas dépassé le stade de démo car le groupe n’intéressait apparemment pas les labels malgré sa cote de popularité dans l’underground. Leurs vieilles démos ont fait l’objet de compilations en 2000 (Pentagram) et 2008 (Under The Spell Of The Pentagram). Au final, avec persévérance, travail et conviction (les mots sont faibles), le duo originel a réuni un line-up (un batteur et plusieurs bassistes de session) pour enregistrer leur tout premier album depuis la création du groupe. Sorti chez le label allemand Cyclone Empire (qui avait déjà édité la plus récente compilation), The Malefice est l’album tant attendu d'une entité devenue culte avec les années.
Et le résultat m’a envoyé au tapis dès les premières écoutes : c’est tout simplement une TUERIE. Un véritable rifforama death/thrash, avec des compos toutes plus mémorables les unes que les autres. L’aura black démoniaque qui s’y greffe termine d’envoûter l’auditoire, déjà subjugué par une telle efficacité de composition. Les Chiliens restent très ancrés dans un style old school, ce qu’ils savent faire de mieux ; on a l’impression qu’ils ont gardé le meilleur de tout ce qu’ils ont écrit depuis 1985 pour l’inclure ici. On sent encore pas mal leurs influences des débuts, notamment Slayer sur des titres comme The Apparition ou Spontaneous Combustion avec ce fameux cri à la Tom Araya. Les morceaux, dont la durée oscille entre quatre et six minutes, sont très riches et ne se contentent pas de tourner sur le même riff principal, les riffs secondaires étant pour la plupart tout aussi géniaux. Et les solos sont à tomber par terre.
La production est largement à la hauteur, claire, puissante et équilibrée. Pentagram Chile ne montre à aucun moment de signe de faiblesse, l’intensité de cette œuvre demeure la même du début à la fin… et on en redemande ! Parmi les invités, on retrouve Tomas Lindberg (At The Gates, Lock Up), Schmier (Destruction), Marc Grewe (Morgoth).
Franchement, quel retour ! Un véritable exploit de la part d’un groupe resté trop longtemps dans l’ombre. Pentagram Chile vomit sa haine à la face du monde, comme s’il s’était retenu depuis toutes ses années et ça n’en est que plus corrosif et abondant. Dans le style, cette sortie me semble absolument indispensable et je la place d’emblée parmi les meilleures en metal extrême de cette année.
En édition limitée, un digipack double CD avec sept titres réenregistrés, déjà présents sur les vieilles démos. Le titre King Pest est également en bonus sur les éditions limitées.
Tracklist de The Malefice :
01. The Death Of Satan 02. La Furia 03. The Apparition 04. Horror Vacui 05. Spontaneous Combustion 06. Grand Design 07. Sacrophobia 08. Arachnoids 09. King Pest (titre bonus) 10. Prophetic Tremors
CD Bonus (édition limitée)
01. Fatal Predictions 02. The Malefice 03. Demoniac Possession 04. Demented 05. Profaner 06. Temple Of Perdition 07. Spell Of The Pentagram
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