Primus

Artiste/Groupe

Primus

CD

Green Naugahyde

Date de sortie

Septembre 2011

Style

Metal Funk Psyché Jazzy

Chroniqueur

Hellblazer

Note Hellblazer

16/20

Site Officiel Artiste

Myspace Artiste

C H R O N I Q U E

2011 marque le retour des frappadingues de Primus. Le trio originel est donc reformé par Les Claypool (basse et chant déjanté), Larry Lalonde (guitare) et le longtemps absent (22 ans) Jay Lane (batterie). Le dernier véritable album datant de 1999 (Antipop), suivi depuis de quelques amuse-gueules (deux EP et un best-of), les fans vont être heureux. Oui, heureux, car le groupe est en pleine forme et le prouve tout au long des treize incongruités qui (dé)structurent ce nouvel ovni issu de la galaxie Primus.

Comment décrire un album de Primus, tant leurs créations sont en marge des sentiers battus ? Et bien, sur ce millésime 2011, le groupe m'a facilité la tâche, car s'il reste frappé, il s'est assagi.

Globalement, ce nouvel essai est très orienté funk, axé sur des lignes rythmiques de Lalonde soit reggae soit funky, ce dernier toutefois un tantinet en retrait par rapport à ses deux collègues (bien que le riff et le solo de Tragedy's A Comin' soient purement excellents et rappellent John Frusciante des RHCP), qui eux s'en donnent à coeur joie : Lane envoie une structure de batterie solide et organique, dont le jeu subtil colle parfaitement à l'ensemble. mais la palme revient au monstrueux et sérieusement dérangé Les Claypool et sa basse vivante, qui enchaine riffs aussi tortueux que virtuoses et plans d'enfer, à filer la déprime à tous les apprentis bassistes de la planète. Il module aussi bien ses sons avec un effet wah-wah aux allures psychédéliques, que ses lignes alambiquées, sur lesquelles bien des titres sont axés.

Après une courte intro de basse (Prelude to a Crawl), qui plonge dans le côté sombre, Hennepin Crawler ouvre réellement les hostilités en prenant l'auditeur aux tripes sur un riff de basse funky, qui déroule un titre aussi énergique qu'inspiré, limite dansant ! Excellente surprise, qui décevra peut-être ceux qui attendent de l'expérimental à la Mr Bungle. Par contre, il ravira ceux qui aiment l'originalité sans tomber dans le dingo. Derrière, Last Salmon Man arbore les atours plus classiques d'un Primus pur jus, un peu taré sur les bords, mais très audible et prenant. Tout comme le curieux mais très bon Eternal Consumption Engine, qui dévoile une autre facette de ce disque décidement varié. La super claque vient de Tragedy's A'Comin', qui pourrait passer sur les ondes sans problème ! Sur ce titre, Lalonde brille franchement en rôle phare.

Au sixième missile, ce n'est pas un moustique qui vous vrille l'oreille gauche, non, mais un plan diabolique de Claypool, appuyé par une rythmique en palm muting de Lalonde, que ce dernier ponctue de notes jetées judicieusement entre quelques soli atmosphériques : Eyes of the Squirrel est tout simplement trippant ! Seul Primus pouvait écrire un titre hypnotique comme ça... Jilly's on Smack continue de dérouler la folie douce du trio ricain, ouvert par une ligne psyché agréable, relayée par un riff simple et hypnotique, auquel les basses (très basses) de Claypool donnent un relief fou. Par-dessus, ce dernier sussure son texte. Grandiose et sombre. Lee Van Cleef assure le coté funky/circus du groupe avec une ligne de chant comique qui offre un break jovial avant que Moron TV ne s'empare à nouveau de vos synapses mis à mal. On se rapproche plus d'expérimental avec ce titre, ponctué de breaks reggae et de riffs tournoyants de basse sans pitié avec plusieurs tiroirs surprise... pas facile à suivre, mais encore très versatile.


Green Ranger démarre sur une ligne de batterie saccadée, qui laisse place au chant éthéré de Claypool (encore une variante... ce type est dingue !) ressemblant à Kiedis dans ses moments les plus softs. Par contre, l'ambiance sombre du titre est soulignée par la basse torturée. Très court, ce morceau débouche sur le funky (et on pense encore aux RHCP sur le titre Blood Sugar Sex Magic) HOINFODAMAN : le chant oscille entre ténèbreux, nasillard, parodique et normal (avec un hillarant break "... oh man, that's a juicy burger..."). Là, on réalise à quel point Claypool est un univers créatif à lui tout seul. Et il est parfaitement soutenu par ses deux compères du club des fadas. Que dire de Extinction Burst, qui est un carnaval sonore ? Rien que dans la première minute, on entend quatre changements majeurs d'orientation... mambo, opéra, funk, chant comique, ligne de basse en forme de terrier de ragondin, rythmique guitare effarée... quel voyage ! Ce trip, plutôt, c'est Salomon Men qui le clôture, genre de court choeur de marins gaillards chantant le mérite des Last Salmon Men.

Très honnêtement, Green Naugahyde me fait penser dans sa première partie à un mix entre le RHCP de Blood Sugar Sex Magic (pour la folie et l'éxubérance) et de Stadium Arcadium (pour la "non-violence", car Primus a laissé derrière lui l'agressivité de ses débuts). Dans sa seconde partie, le voyage psychédélique démarre réellement, mais - et c'est la force de Primus - s'il est totalement déjanté, voire expérimental, il sait toujours rester dans des contrées que l'auditeur non prévenu pourrait parcourir sans être rebuté par ce déferlement de folie créative.

Mention spéciale aux textes décapants, comiques, sombres, aussi, qui donnent à l'ensemble une véritable contenance.

Je vais aller jusqu'au bout de mon honnêteté : à ma part quelques titres comme Tommy The Cat, je ne connaissais pas vraiment la musique de Primus... eh bien j'ai adoré cette livraison du nouveau millénaire.

Track-listing Green Naugahyde  :

1. Prelude to a Crawl
2. Hennepin Crawler
3. Last Salmon Man
4. Eternal Consumption Engine
5. Tragedy's A'Comin'
6. Eyes of the Squirrel
7. Jilly's on Smack
8. Lee Van Cleef
9. Moron TV
10. Green Ranger
11. HOINFODAMAN
12. Extinction Burst
13. Salomon Men

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