C H R O N I Q U E

Eh bien, contrairement à beaucoup de fans qui semblent préférer les albums plus récents de Rhapsody et délaisser leur premier essai qu'ils considèrent comme un disque pas très impressionnant ou peu abouti, je le trouve impeccable ce Legendary Tales et même supérieur à bon nombre d'autres albums de nos chers italiens... oui, malgré cette pochette un peu enfantine et grossière qui peut laisser craindre un contenu assez "cheap"!

Certes, je l'avoue, le fait d'avoir découvert le groupe "à l'époque" joue fortement sur l'appréciation que j'ai de ce disque. Vous le savez bien, on a tendance à être très marqué et à rester parfois un peu bloqué sur le disque qui nous a fait flasher... Après, on est toujours amené à comparer les nouveaux albums avec celui qui nous a tant séduit. Le premier a l'avantage de la surprise, il a forcément un statut privilégié... sauf si c'est une daube bien sûr...

Mais de daube, il n'est absolument pas question avec ce Legendary Tales ! Bien au contraire. La raison pour laquelle je le trouve aussi bon est la suivante: il représente à mon avis l'équilibre parfait entre le metal et le côté plus symphonique et médiéval qui sera de plus en plus développé par le groupe, jusqu'à l'overdose (en ce qui me concerne). On a ici de vraies bonnes chansons qui, au delà de leur aspect symphonique, se suffisent à elle-mêmes: Rage of the Winter, Flames of Revenge, Land of Immortal ou Lord of the Thunder sont des hymnes imparables. On pense parfois à Helloween, Malmsteen, Blind Guardian ou même Manowar. Rhapsody est en effet une synthèse très réussie de toutes ces influences.

On avait déjà entendu des chansons de ce style mais jamais avec tant de moyens. Vous pouvez écouter de nouveau les albums de ce genre de groupes avant 1997, vous ne trouverez pas de superproductions symphoniques à la Nightwish... Les gars de Rhapsody ont poussé le concept jusque-là creusé par des groupes comme Blind Guardian, mais jamais on avait entendu des arrangements aussi classes, aussi travaillés. Les orchestrations sont extrêmement bien utilisées mais ne prennent pas non plus le dessus sur l'aspect heavy metal des compositions. Tout le monde fait un super boulot, les riffs et soli de Luca Turilli sont excellents, Fabio Lione chante bien mieux qu'il ne chantera quelques années plus tard, et le tout me semble plus sobre, moins ampoulé ou pompeux que ce que le groupe produira à partir de leur troisième opus.

En 1997, Rhapsody ne faisait pas dans le "Hollywood Metal" (terme qui illustre parfaitement le côté un peu déviant et démesuré de certains de leurs disques)... Non, ces musiciens nous livraient juste un superbe album de metal épique aux arrangements impressionnants. C'était surprenant (car loin d'être aussi courant en 1997, je le répète), assez flamboyant et classe... Et pourtant ce n'était pas non plus si sobre que celà; et les clichés un peu poussifs du genre étaient déjà présents, MAIS ça marchait bien et ne sombrait pas dans l'excès ou le ridicule.

Je garde aussi un très bon souvenir du deuxième album Symphony of the Enchanted Lands. Tout ça, c'était avant de découvrir ces musiciens sur scène (pas un excellent souvenir, loin de là), et d'écouter des albums de plus en plus produits, mais de moins en moins inspirés et efficaces. Depuis, j'ai vu le groupe devenir une parodie de lui-même... Mais Legendary Tales mérite d'être sauvé et de compter parmi les grands albums de speed épique et symphonique.