Artiste/Groupe:

Riverside

CD:

Lost'n'Found - Live in Tilburg

Date de sortie:

Décembre 2020

Label:

Inside Out Music

Style:

Rock Progressif

Chroniqueur:

dominique

Note:

16/20

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Un live, ça faisait longtemps. Et cela fait du bien… Même sous format virtuel, le live reste une affaire très personnelle. Plus encore que pour un album classique, chroniquer un album live d’un artiste que l’on ne connait pas, voir que l’on n’apprécie pas est une tâche ardue. C’est donc avec beaucoup de plaisir et d’attente que je me suis penché sur le Lost’n’Found – Live in Tilburg de Riverside. Vous vous doutez bien que ce ne sont malheureusement pas de nouveaux enregistrements qui sont proposés. A défaut de faire des fonds de tiroir, le groupe polonais a un peu joué la facilité en sortant publiquement un album qui était déjà à la disposition des fans sur leur site web. Cependant ce live, enregistré en octobre 2015 en Hollande, offre plusieurs avantages. Premièrement, il permet de retracer le travail du groupe sur sa première décennie d’existence (avec des titres sortis entre 2004 et 2014). Secundo, il offre à l’auditeur de voir le groupe sous sa forme originelle, avec le regretté Piotr Grudzinski (décédé en 2016) à la guitare principale. Tertio, il permet d’apprécier en plein l’extraordinaire talent de ce groupe, Mariusz Duda en tête. Finalement, et pour ceux qui seront séduits et qui en voudront plus, ce live peut être acquis avec un DVD du concert ainsi qu’un media book (en plus bien sûr des formats CD, vinyle et digital). Un beau cadeau de Noël à mettre sous l’arbre d’une être cher.

L’heure et quarante-cinq minutes d’écoute se déroule sans accroc, et les deux CD sont avalés goulûment. Les références sont multiples. Il y a bien sûr les incontournables du rock-metal progressifs, comme Steven Wilson (Found, Saturate Me), Katatonia (Hyperactive) ou Leprous (Conceiving You). Bien que vu la date de l’enregistrement de ce live, on peut se demander qui de l’œuf ou de la poule est la référence. Mais en plus, ce live révèle également d’autres influences clairement plus rock, peut-être moins visibles sur les enregistrements studios. Ainsi Pink Floyd (Escalator Shrine), U2 (la guitare d'intro de Panic Room) ou encore Sting (l'ouverture de Lost) pourraient se vanter d’avoir su infuser un peu de leurs univers musicaux au groupe de Mariusz Duda. Pour la peine, je me suis également replongé sur les derniers disques chroniqués sur votre site préféré. Autant Eye Of The Soundscape que Wasteland n’avaient pas trouvé grâce auprès de nos chroniqueurs. Ce live in Tilburg ne fait que souligner ce que semble avoir perdu Riverside depuis le départ prématuré de Grudzinski. Cette énergie rock teintée de metal que nous aimons dans ce groupe. Je le dis et je le répète, autant j’aime le travail de Mariusz avec Lunatic Soul, son projet solo, autant je trouve l’amalgame de cet univers avec le travail de Riverside ne prend pas et altère jusqu’au son de la basse du leader du groupe. Cette basse si importante et si perceptible dans ce live, qui prend une place aussi visible que les quatre autres instruments (si l’on inclut la voix de Mariusz).

Articulé autour de quatre titres de chacun de leurs excellents albums de 2013 (Shrine Of New Generation Slaves) et 2015 (Love, Fear And The Time Machine), ce Lost’n’Found nous guide sur le chemin initiatique du groupe. La set liste est parfaitement choisie. Elle permet de faire se succéder des titres pourtant distants d’une dizaine d’années. Les aller-retours en les décennies ne posent aucun problème. La cohérence dans le choix des titres retrace le parcours de Riverside et nous permet d’apprécier la qualité des musiciens. Franchement, les solos du regretté Piotr Grudzinski sont simplement irréprochables. Le travail aux claviers de Michał Łapaj est un élément nécessaire au prog proposé. La partie rythmique est parfaite. J’ai souligné l’indispensable ligne de basse de Mariusz, mais il ne faut certainement pas minimiser ce que fait Piotr Kozieradzki à la batterie. Il peut sembler moins visible que d’autres batteurs, mais franchement, sa relative discrétion est en fait une force. Toujours présent, il ne pèse jamais de manière abusive sur les morceaux. Bref tout ce que l’on demande à un batteur.

Comme j’en ai déjà émis l’idée plus haut, ce Live in Tilburg surligne le fait que Riverside peut et doit être avant tout considéré comme un groupe de rock progressif ; si quelques titres laissent grande ouverte la porte vers le metal progressif (Feel Like Falling, Hyperactive ou sous certains aspects Egoist Hedonist), la grande majorité ressort plus du rock solide teinté par moment de groove (Saturate Me), d’ambiance psyché (les vingt minutes d’Escalator Shrine en sont un bon exemple) ou de tessitures slaves et orientales. Toutefois, le fil rouge de Lost’n’Found c’est la mélancolie. Les ballades (Conceiving You, Found et surtout We Got Used To Us) par exemple, sont cafardeuses comme un jour de pluie de novembre (… j’écris ceci en regardant dehors… et je confirme).

Bref c’est un live comme ils devraient l‘être tous. Equilibré, homogène, bien enregistré (tout juste pourrait-on regretter un relatif manque d’« ambiance salle »), Lost’n’Found est simplement réjouissant. Chacun saura y trouver son intérêt. Moi j’affiche une petite préférence pour les titres issus de Shrine of New Generation Slaves, sans pour autant rejeter le reste. Et puis surtout, de Lost à Found, je me dis qu’en l’absence de vrais concerts, ce double CD me permet de partiellement combler un vide béant.

Tracklist de Lost’n’Found – Live in Tilburg:

CD 1

01. Lost
02. Feel Like Falling
03. Hyperactive
04. Conceiving You
05. Panic Room
06. Under the Pillow
07. The Depth of Self-Delusion
08. Saturate Me

CD 2

01. Egoist Hedonist
02. We Got Used To Us
03. Escalator Shrine
04. The Same River
05. Found

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