C H R O N I Q U E

Avec un groupe au nom aussi évocateur et un album au titre non moins éloquent, soyez sûrs que vous atteindrez les sommets (...) ! Certes, c'eût pu être du second degré mais pas plus que notre bien-aimé Président (!), Ross Friedman ne pratique la distanciation sémantique : tout deux sont convaincus qu'ils détiennent la formule du big bang et ne laissent le soin à personne de les contredire... Pourquoi ce parallèle me direz-vous ? Tout simplement parce que je ne connais pas beaucoup d'énergumènes de cette espèce qui impose le culte de leur personnalité comme préalable à toute communication... Aussi pas plus que je n'accepterais de me plier aux injonctions de l'un, je n'adhérerais aux arguments de l'autre et Nice et Versailles... C'est donc avec un certain à priori (!) que j'ai abordé l'écoute de ce CD et sa pochette ne risquait pas d'adoucir mes préjugés : un aigle justicier qui domine un monde ravagé par la guerre... Il n'est toutefois pas inutile de planter le décor afin d'identifier clairement la personnalité du super-héros : Ross n'est autre que le guitariste original de Manowar (1980-1988) : si, rappelez-vous le quatuor body-buildé trop à l'étroit dans leurs slips de fourrure... Entouré de l'ex-tribute band Allemand "Men of war" (avec lesquels un beau soir de 2006 au festival "Keep it true", il rejoua l'album mythique "Kings of metal"), Ross, donc, interprète ici 11 morceaux originaux composés principalement pour mettre en valeur sa virtuosité à la guitare. Faut-il lui en tenir rigueur pour autant ? Il joue toujours aussi bien : rythmique ou solo, le boss assure ! Patrick Fuchs au chant fait de son mieux ("Matador") même s'il atteint souvent les limites de son registre notamment dans les aigus ("Blood of knives") ! La prod signée Tarek MS Maghary (Majesty) et Achim Köhler (Axxis, Sinner ou Headhunter) est soignée ! Quelques morceaux sortent du lot : "Death and glory" à la Kai Hansen mais à la section rythmique sans saveur, "God of dying" mais ça reste ultra-classique, "We will kill" mais les choeurs répétitifs sont particulièrement chiants, "Immortal son" tout en nuance mais ça sent l'influence Maidenienne... Bref, pas de surprise : du true metal comme Manowar en délivrait à la louche mais c'était au siècle dernier ! Et l'indulgence n'est aujourd'hui plus de mise surtout à l'égard d'une arrogance aussi outrancière... Non, décidément, je ne me ferais jamais à l'exubérance des donneurs de leçons : qu'ils soient guitaristes ou gouvernants !