Saint Vitus

Artiste/Groupe

Saint Vitus

CD

Lillie F-65

Date de sortie

Avril 2012

Label

Season Of Mist

Style

Doom Metal

Chroniqueur

Scum

Note Scum

18/20

Site Officiel Artiste

Myspace Artiste

C H R O N I Q U E

Soyez les bienvenus dans la légende. La vraie. Celle qui a tout vu, qui vit cachée des projecteurs, qui n'aime pas la compagnie de ses semblables, mais qui pourtant est plus héroïque que n'importe quel gugusse proclamé star du jour au lendemain. La légende qui met minable toute la nouvelle garde quand elle veut où elle veut juste en claquant des doigts. La légende et la classe. Voilà ce qui définit Saint Vitus, un groupe pas comme les autre qui entre 1984 et 1995 a appris la vie à pas mal de groupes supposément doom (et qui ont finit par se rendre compte qu'en fait non), à coup de Mournful Cries, Die Healing ou de cultissime Born Too Late et ses déchirements électriques à faire passer un orage pour un léger tourbillon dans un verre de jus de pomme. Die Healing justement, le dernier album du groupe, date de...1995, soit 17 ans. Sacrée pause en effet. Mais alleluja, en cette fin du monde programmée, Wino Weinrich, Dave Chandler, Mark Adams et Henry Vasquez ont décidé que les temps de disette, de joie et d'allégresse étaient terminés. Et que la nuée de groupes soit disant doom qui tente de percer devait se prendre un coup de douze pour la réveiller. Quoi de mieux qu'un nouvel opus nommé Lillie F-65 pour ça ?

Rien. Tout part d'un single au leitmotiv simple comme bonjour : Let Them Fall. Et voilà comment en trois mots on sait que le grand Saint Vitus est revenu aux affaires sérieuses. Ce n'est pas aux vieux singes qu'on apprend à faire la grimace disait un vieux sage, et ce n'est pas à ces quatre-là qu'on va apprendre comment écrabouiller joie, bonheur et insousciance. Si de prime abord l'écoute de ce titre peut décevoir par la banalité du propos, on comprend vite que c'est justement cette banalité et le désemparement total qui l'habitent qui en font un truc exceptionnel. La rengaine des paroles est balancée quasiment sans âme par Wino, comme si tout cela le dégoutait. Les brutales montées en intensité du sieur boostent notre électrocardiogramme et quand résonne le dernier cri du titre, on a compris de quoi il s'agissait. Il s'agit d'un talent qui n'a pas bougé d'un iota en dix-sept ans de silence. Et la preuve est apportée par The Bleeding Ground, morceau absolument somptueux entre amour de la lourdeur ultime retrouvée et accélération bulldozer-esque qui donnent réellement le tournis, le voilà le morceau qui tabasse. Le grain du son de guitares y est déployé avec aisance et la saleté punk des anciens temps réapparait magiquement sans avoir pris la moindre ride.

Vertigo est lui essentiel malgré ses airs de pause pour asthmatiques essouflés au bout de deux morceaux : il assome l'auditeur de sa petite mélodie insignifiante qui permet en fait de lier le précédent morceau et Blessed Night, morceau encore 100% Vitus, soit la rencontre parfaite entre le meilleur Black Sabbath et un Motorhead cramé. Oui, il y a du Lemmy chez Wino et la musique évoquera sans sourciller les grands moments du Sab. Mais rassurez-vous, comme toujours avec le Vitus on reconnait le groupe au bout de trois secondes, la personnalité de celui-ci étant restée intacte malgré le poid des années écoulées.

Puis vient The Waste Of Time et là on passe encore un niveau supérieur. Le niveau vers le septième ciel. Un pur morceau de doom à l'ancienne, riff majestueux devant, intensité de la première à la dernière seconde jamais prise en défaut, éclairs de génie purs et simples, là mes amis c'est du très haut niveau. Et ça continue de plus belle sur Dependence qui offre carrément un pont drone à souhait (on veut un nouveau Sunn O)) !), qui coupe en deux un moment de perdition intense, entre paroles profondément ancrées dans votre tête et substance poisseuse attenante au titre qui ne vous quittera plus. Et prenez-vous cette fin dantesque dans les dents ! Et la fin, c'est ce dernier morceau uniquement rempli de bruitages et de larsens, véritable poésie metallique, single parfait du désespoir de Saint Vitus, délire total qui finit de nous emmener dans les contrées de la folie et la perte de conscience des réalités qui nous entourent.

Oui, vous l'aurez compris ce Saint Vitus là regorge de pics d'intensité rarement atteints par le groupe. Il signe un retour totalement réussi (pouvait-on en douter ?) et même frustrant de part sa brieveté (une bonne demi-heure...). Quand on en veut encore, c'est que c'est bon. Et là, Saint Vitus signe peut-être son deuxième meilleur album derrière l'intouchable Born Too Late mais sûrement devant l'inégal Die Healing (et son putain de In The Asylum). On s'incline et on dit merci.

Tracklist de Lillie F-65 :


01. Let Them Fall
02. The Bleeding Ground
03. Vertigo
04. Blessed Night
05. The Waste Of Time
06. Dependence
07. Withdrawal

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