Sarcasm est un groupe avec une histoire intéressante et riche en rebondissements.
Formé initialement à Uppsala fin 1990, le groupe est le fruit de la rencontre de Heval Bozarslan et Fredrik Wallenberg. Le premier avait abandonné son premier projet, Third Storm, très axé black metal et inspiré par Hellhammer (comme son nom l'indique) et Bathory, et qui aurait pu être un précurseur de la seconde vague black metal s'il avait été plus abouti. Le second était également dans un groupe qui avait périclité, le brutal Embalmed.
Dans un premier temps, le projet jouait un death très autopsyien. Mais les premières démos parues laissaient entrevoir un changement de style radical : plus mélodiques, plus atmosphériques, ces démos développaient une identité bien plus suédoise. Bien qu'ils n'aient jamais sorti d'album sous ce label, on associe fréquemment Sarcasm au style No Fashion.
En 1994, Fredrik Wallenberg s'est associé à Tomas Lindberg pour monter un projet crust, Skitsystem, ce qui a marqué la fin de la première ère de Sarcasm.

Le groupe a été remis sur pied, pour une courte durée, en 1997. Puis à nouveau en 2015, autour du line-up d'origine. La mort du batteur Oskar Karlsson a failli avoir raison de leur détermination – Fredrik Wallenberg n'est d'ailleurs pas resté -, mais Sarcasm a fini par sortir son premier album en 2016, plus de vingt ans après son enregistrement : il s'agit de Burial Dimensions, enregistré initialement en 1994. Les démos du groupe avaient déjà été compilées auparavant.

Et voici donc leur second méfait, Within The Sphere Of Ethereal Minds. Le groupe nous livre un authentique album de mélodeath suédois, à l'ancienne : enregistrement qu'on dirait d'époque, gros riffs mélodique typique du son No Fashion, ce chant hurlé de Heval Bozarslan au meilleur de sa forme et à la limite entre black et death, une musique des plus atmosphériques sans faire usage de trop d'artifices. Bref, du mélodeath comme on n'aurait jamais dû cesser d'en faire, et qui ne se pratique pourtant plus tellement.

On a droit à des compos très bien construites, alternant subtilement mid et up tempo, rivalisant d'ingéniosité pour les plans mélodiques, avec des ambiances toujours très travaillées qui prennent le temps pour se mettre en place ; comme c'est le cas sur le très long A Black Veil For Earth, seul morceau en doom tempo et qui commence par une intro acoustique empreinte de nostalgie. Un titre superbe.

D'un côté, cet album de Sarcasm sonne presque anachronique, tant il est proche du son des années 90. D'un autre côté, on est content d'entendre un disque aussi inspiré qui nous ramène à ce style qui a eu tellement de succès à l'époque.
Sarcasm n'a rien réinvité, n'a pas innové dans le style. Mais cette œuvre n'en est pas moins touchante de sincérité. Après les déboires du groupe, ce n'est que justice qu'ils parviennent à un niveau de reconnaissance digne de leur talent.

Tracklist de Within The Sphere Of Ethereal Minds :

01. Bloodsoaked Sunrise
02. From The Crimson Fog They Emerged
03. Embodiment Of Source
04. Scars Of A Land Forgotten
05. In the Grip Of Awakening Times
06. Silent Waves Summoned Your Inner Being
07. A Black Veil For Earth
08. The Drowning Light At The Edge Of The Dawn