Satyricon

Artiste/Groupe

Satyricon

CD

Satyricon

Date de sortie

Septembre 2013

Label

Roadrunner Records

Style

Metal

Chroniqueur

Orion

Note Orion

14/20

Site Officiel Artiste

Autre Site Artiste

C H R O N I Q U E

Voilà le nouvel album de Satyricon, un des groupes phares de la mouvance Black Metal norvégienne. Un album que le groupe aura mis cinq ans à nous proposer. Un album qui va encore diviser les fans du groupe, sans aucun doute.

Car oui, à la base, Satyricon est un groupe de Black Metal. Mais qu’en est-il aujourd’hui ? On est maintenant à des années lumières d’un Dark Medieval Times, d'un Shadowtrone ou d'un Nemesis Divina, (ceux qui attendent toujours ce Satyricon-là doivent se faire une raison, il ne reviendra plus). Si Rebel Extravaganza amenait le groupe sur un Black Metal plus moderne, plus expérimental aussi, avec Volcano, et surtout Now Diabolical, le Black du groupe devenait plus rock et moins violent. Aujourd’hui, Satyricon continue logiquement son chemin pour amener son Black Metal (oui, bon, peut-on encore parler de Black Metal ?) où bon lui semble. D’une certaine manière, Satyricon est la suite logique de The Age Of Nero, avec cinq ans de maturation en plus. Et en cinq ans, la vision de la musique de nos deux lascars a évolué. On reprochera sans doute à Satyricon de ne plus privilégier l’agressivité. Mais quand on y réfléchit bien, le dernier album en date, The Age Of Nero, n’était pas d’un extrémisme musical intense. Riffs tournants et répétitifs, passages instrumentaux limite atmosphériques… seule la voix de Satyr, toujours agressive, rappelait vraiment les racines Black de ce groupe et la noirceur du combo. Oui, Satyricon a évolué et a tellement dilué son Black Metal dans d'autres influences qu'il est normal que certains n'y retrouvent pas leurs petits.
Maintenant, je le répète, si l’on suit l’évolution logique de ce groupe depuis quelques albums, cet album est tout sauf surprenant.

Pas surprenant donc mais peut-être bien déroutant pour le fan du groupe.
Frost et Satyr, les deux complices, sont juste allés un peu plus loin dans leur voyage vers les rivages du mainstream. Les premiers morceaux de l’opus poursuivent le travail accompli sur The Age Of Nero et Now, Diabolical, en peut-être un peu plus lisse encore (si, si, c’est possible). Voice Of Shadows, l’instrumental qui constitue l’intro de l’album, n’a vraiment plus grand chose à voir avec le Black, cette musique sombre et agressive à la base. Les guitares sont mélodiques, le beat de batterie assez martial. Et Tro Og Kraft continue sur le même principe. De nouveau, c’est la voix de Satyr qui est le seul lien avec le Black Metal. Car même les roulements de double grosse caisse de Frost se font rares. Une petite plage atmosphérique en milieu de morceau pour déstabiliser encore plus l’auditeur et voilà le Satyricon 2013.
Le titre suivant est un peu plus agressif et rappelle davantage les travaux des deux albums précédents. Mais comme, décidément, Satyricon ne sort pas deux fois le même album, on aura droit à des synthés aux sonorités gothiques sur ce titre et le suivant (Nocturnal Flare).
Le morceau le plus déstabilisant est sans aucun doute Phoenix avec cette voix claire (celle d'un certain Sivert Høyem, chanteur dans un groupe de rock norvégien, Madrugada). Celui-là, effectivement, tu peux le faire écouter à ta grand-mère, il passe tout seul. On dirait presque du Him, c'est dire le grand écart qu'a fait le groupe avec ce titre. A Ceux pour qui le chant clair n’a rien à faire dans Satyricon : je pense que le voyage va s’arrêter là. Pourtant, sorti du contexte "c'est sur le dernier Satyricon, ça ?", ce morceau est bien fichu et amène une sacrée variété à l’ensemble. Il s’agit d’ailleurs de l’album le plus varié du groupe. Le grand écart dont je parlais plus haut est d’autant plus évident quand déboule le morceau suivant, Walker Upon The Wind, qui est celui qui ressemble le plus au Satyricon agressif de la décennie précédente. Là, du coup, la grand-mère qui était restée bien calée dans son fauteuil pour écouter la suite s'est barrée en courant (c’est là qu’on voit qu’elle a encore ses jambes, mamie...).
Voilà de quoi il retourne avec ce Satyricon. On navigue constamment entre deux eaux. Nekrohaven, avec ses guitares très mélodiques, évoque un peu Moonspell tandis que Ageless Northern Spirit rappelle un peu plus les deux albums précédents. The Infinity Of Time And Space alterne lui les deux univers, Black et atmosphérique. Quand à l'ultime instrumental, point de trace de Black Metal dedans non plus... Un dernier pied de nez, comme pour affirmer une ultime fois "on fait ce qu’on veut et on vous emm…". Satyricon a inventé le Black mainstream.
Du coup, qualitativement, cet album n’a pas grand chose à se reprocher. Mais est-ce ce que les fans attendaient ?

Vous voilà prévenus. Si vous êtes nostalgique du Satyricon bien sombre et agressif, allez voir du côté des Allemands de Sonic Reign et de leur dernier très bon album, Monument In Black. C’est un excellent substitut, vraiment. En revanche, si vous pouvez faire abstraction du passé du groupe, si vous n'avez pas peur des combos qui prennent des risques, ne craignez pas le melting-pot musical, si vous aimez le Metal au sens large et les ambiances changeantes d'un morceau à l'autre, vous pouvez jeter une oreille sur cet album. Il pourrait vous plaire par sa diversité.

 

Tracklist de Satyricon :

01. Voice Of Shadows
02. Tro Og Kraft
03. Our World, It Rumbles Tonight
04. Nocturnal Flare
05. Phoenix
06. Walker Upon The Wind
07. Nekrohaven
08. Ageless Northern Spirit
09. The Infinity Of Time And Space
10. Natt

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