Saxon

Artiste/Groupe

Saxon

DVD

Heavy Metal Thunder: The Movie

Date de sortie

Décembre 2012

Label

Coolhead Productions

Style

Heavy Métal

Chroniqueur

Didier

Note Didier

17/20

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C H R O N I Q U E

La carrière de Saxon, commencée à la fin des annés 70, n’en finit plus de surprendre certains. Leur musique semble intemporelle, et après les années Carrère (maison de disque française qui a cru en eux la première) au cours desquelles Saxon aligne les hits comme des perles, ces dernières années, plus calmes, ont vu le groupe délivrer des albums de grande qualité, avec une régularité métronomique. Le temps laisse des traces sur les individus mais la musique reste, c’est ça la marque des meilleurs et Saxon fait partie des meilleurs. Le leader du groupe, Biff avait déjà raconté la carrière de Saxon dans un bouquin sorti chez Camion Blanc. Mais pour ceux qui n’aiment pas lire (j’entends même des ricanements sur le fait que les metalleux ne savent pas lire... balivernes ! L’existence de Camion Blanc et le nombre de revues spécialisées sont bien la preuve du contraire). Je m’égare, car le point important est que ce DVD raconte aussi la vie de Saxon de son origine à aujourd’hui racontée par ses membres, ses anciens membres (pourtant on va voir qu’ils en ont gros sur la patate), ses managers, et certains autres musiciens connus, dont principalement Lemmy et Lars Ulrich. Le tout est raconté par Toby Jepson (ex Little Angels, Fastway, Gun). Ça c’est pour le DVD 1. C’est un documentaire, de deux heures, qui va vous conter des tonnes d’anecdotes sympas, parfois marrantes, d’autres fois tristes, qui ont forgé la réputation du groupe. Attention, il va falloir faire des efforts côté langue car certains des membres ont un accent du Yorkshire à couper au couteau. Bon je lâche le morceau : il y a des sous-titres en français ! Ca aide par moment. Le DVD 2 est rempli jusqu'à la gueule de choses diverses et variées. Des concerts, des making of de certains albums plus récents et encore d'autres choses. On y reviendra.

Commençons par le DVD 1 car on y découvre des choses étonnantes. On apprend par exemple que Biff Byford était bassiste et chanteur avec son pote guitariste Paul Quinn. Le groupe fusionne avec un autre groupe local (SOB) dans lequel jouent Graham Oliver et Steve Dawson, et ils se retrouvent avec deux bassistes, quelques temps avant que Biff lâche la sienne pour se concentrer sur le chant. Le nom Saxon (Son Of A Bitch c'était pas facile comme nom !) a été suggéré par Claude Carrère, le boss de Carrère Records, leur maison de disque française. D'abord Anglosaxon puis Saxon tout simplement. Peter Gill, un autre gars de Sheffield, les rejoint rapidement derrière les fûts. Il vient du groupe de Gary Glitter, avec déjà une bonne expérience de la scène musicale. Lui a refusé d'intervenir sur le documentaire. Il quitte le groupe en 1981, à cause d'un problème aux mains, et sera remplacé par Nigel Glockler. Peter jouera ensuite avec Motörhead pendant un temps. Son départ du groupe reste assez mystérieux, leur manager l'explique en mettant en doute sa blessure. On aurait bien aimé entendre sa version des faits aussi. Le contexte politique de l'époque (largement monopolisé par Margaret Thatcher) est bien mis en valeur dans le documentaire, et expliqué par Biff. Les fans de ce qui deviendra la NWOBHM sont massivement recrutés dans les usines, où les conditions de travail sont dures et les soirs de week-end deviennent des défouloirs, où la musique metal semble prendre tout son sens. Son Of A Bitch sillonne l'Angleterre dans des vans pourris. Quand le concert se passait bien, Biff expliquait qu'ils n'avaient pas d'endroit où dormir et souvent ils se faisaient inviter par des fans. Ils ne gagnaient quasiment rien, piquaient tous ce qu'ils pouvaient revendre (cigarettes), la débrouille quoi.
Un ami artiste leur dessine la première pochette avec le viking et surtout le logo avec le S en double hache, qui restera le leur ensuite. Plus surprenant, on apprend qu’ils sont buveurs de thé !! Eh oui, de thé, et de thé anglais en plus, et leur manageur (David Poxon) d’expliquer que pour la première tournée aux US, il a dû expédier la moitié d’un camion de sachet de thé. Quand on imagine que la première tournée US se faisait avec Lemmy, on en rigole d'avance. Les anecdotes sur la première rencontre sont truculentes, mais finalement, les membres de Saxon resteront des buveurs de thé. David Poxon raconte sa première rencontre avec le groupe à qui il trouve des looks de maçons, certains dégarnis, d'autres avec des moustaches, bref pas du tout des looks de rockers. Ils passent leur soirée à parler en buvant du thé.

Dans les autres moments croustillants, on trouve la découverte de la sexualité débridée des "birds" (les filles) américaines pour nos anglais du Yorkshire. Shocking ! Déjà c'est chaud sur la tournée avec Motörhead mais quand des années plus tard, ils y retournent assurer la première partie de Mötley Crüe, c'est la débauche totale. Bref. Ils en rigolent encore et nous avec. Plusieurs membres de Motörhead témoignent de la tournée Bomber (Lemmy, Fast Eddy Clarke). Lars Ulrich qui décrit sa première écoute de Wheels Of Steel et l'intro de moto, vaut le détour. On sent le vrai fan. On apprend aussi que Saxon a servi de modèle au film satirique The Spinal Tap. Faut-il en rire ou en pleurer ? Pas sûr. La pochette de Power & The Glory, qui commence la conquête des USA, a été dessinée par Ridley Scott, carrément !

Certains moments sont plus tristes, quand par exemple quand Graham Oliver (guitariste d'origine avec Paul Quinn) se fait couper un bout d'index gauche par une porte, il croit tout perdre, mais Paul vient l'aider, tous les jours pendant des semaines, à réapprendre à rejouer avec son handicap. Il a les larmes aux yeux en évoquant leur fraternité sans borne. Le documentaire laisse beaucoup de place à Graham et Steve, tout deux évincés du groupe. Il jouent le jeu jusqu'au bout, mais craque vers la fin pour affirmer leur volonté d'être à nouveau dans Saxon, et qu'ils ont forgé cet héritage dont le groupe bénéficie aujourd'hui. On sent qu'ils sont vraiment tristes, mais Biff a l'air sans équivoque. Pour lui, ils sont partis (Steve n'était pas d'accord avec la stratégie de conquête des USA que tentait à tout prix le groupe et Graham s'est fait virer pour avoir tenté de sortir des albums live pirates, un truc un peu bizarre) et les deux nouveaux (Doug Scarratt à la guitare et Tim "Nibbs" Carter à la basse) sont là depuis longtemps, insufflant à Saxon un peu de jeunesse et qu'ils y resteront. La vie doit continuer explique Biff, tu ne peux pas toujours vivre dans le passé, c'est pas bon. Pourtant c'est bien avec leur nouveau producteur Kevin Beamish qui s'occupe de l'album Crusader que les choses commencent à se gâter. C'est Steve Dawson qui craque le premier et dénonce les compromissions faites à leur son (et leur look) pour contenter le marché américains. C'est le début de la fin pour lui, il goûte aussi aux effets des drogues plus dures que le thé. Nigel Thomas, co-manager avec David Poxon, finit par le virer du groupe et le priver de ses royalties. Ne pouvant se payer un avocat, il retourne s'inscrire au chômage et bosser en usine.

Dans les choses plus rigolotes, on trouve Nigel Glockler, le remplaçant de Pete Gill à la batterie qui explique que lui est du Sud de l'Angleterre et qu'il ne comprenait rien à ce que disait Graham, tant son accent du Nord était épais. Ca nous rassure. Il explique aussi qu'il remplaça au pied levé Pete Gill, et fit son premier concert avec Saxon à Brighton pour la tournée Denim And Leather, alors qu'il avait déjà acheté des places pour aller les voir en spectateur. Une anecdote marrante, que raconte Lars Ulrich, fan absolu de Saxon dans sa jeunesse, est que lors du second concert de Metallica, encore pas très connu, ils ouvraient pour Saxon. Il faisait une chaleur accablante dans le club et James a demandé à allumer le ventilo devant la scène, mais le roady de Saxon refusa, prétextant que c'était le ventilo de Biff. Metallica n'est pas rancunier puisque lors d'un concert parisien de la tournée Death Magnetic, Biff monta sur scène pour reprendre avec eux Motorcycle Man, superbe !

Sur le DVD 2, on trouve un making of de Into The Labyrinth d'environ quinze minutes. On retrouve les gars dans leur studio en train d'enregistrer des parties de guitare, de chant, le tout encadré par leur producteur Charlie Bauerfeind. La séquence se termine sur la présentation de l'album à la presse, avec cocktail et petits fours. La deuxième partie s'appelle The Eagle And The Bomber, dans laquelle on retrouve Saxon qui ouvre pour Motörhead il y a un ou deux ans. Ils échangent quelques blagues avec Lemmy et sa douce voix, et on voit Saxon se préparer dans sa loge. Quelques instant plus tard, ils sont sur scène et balancent les premiers accords de Motorcycle Man, génial ! Le truc marrant se situe à 8:06, car tout à coup on bascule sur le même Motorcycle Man, mais trente ans avant, sur la tournée mythique Bomber. Les images sont un peu pourries mais quelle énergie !! A la fin du morceau, on retrouve les images récentes et une interview de Mikkey Dee et Phil Campbell de Motörhead. On bouge ensuite à Bristol pour le même genre de rituel. On rencontre aussi Danko Jones qui ouvrait le bal (Motörhead + Saxon + Danko Jones: belle affiche quand même !) et qui semble ravi de rencontrer des telles légendes. Le troisième chapitre est un concert intégral de Saxon On The Beat Club, 1981 pour la tournée Strong Arm Of The Law qui passait par Breme. Des murs d'amplis Marshall, des pantalons-poutres-apparentes et des riffs, et encore des riffs. L'image est excellente pour un document de 1981 (c'était enregistré par la télé allemande, ce qui explique tout). Le public est aussi démonstratif qu'un bac à huitres, alors que les musiciens se débattent comme des beaux diables. Les moments forts sont  Heavy Metal Thunder qui ouvre le bal, Strong Arm Of The Law, 747 (Strangers In The Night) et Dallas 1 PM, qui sont devenus de véritables hymnes aujourd'hui. Mais c'est aussi sympa d'entendre des morceaux du premier album comme Rainbow Theme / Frozen Rainbow, ou And the Band Played On, qui raconte leur premier Donington Festival, et qui n'était alors qu'un single avant la sortie de Denim And Leather.

Dans la quatrième partie, On A Crusade, on revient à l'époque de Crusader pour une série d'interviews des membres du groupe de l'époque, c'est à dire le groupe d'origine. Ca dure vingt minutes et c'est assez bien fait, les mêmes questions sont posées à chacun des musiciens et les réponses concordent souvent, diffèrent quelquefois. Ca recoupe quand même pas mal le premier DVD.
No Excuse est un chapitre avec des extraits de films capturés à l'époque de l'enregistrement de Innocence Is No Excuse. Environ dix minutes, dans les studios avec les membres du groupe. On y voit Biff qui joue de la guitare et la bistouquette de Graham, mais sinon, ça n'est pas d'un intérêt foudroyant.

St Georges, 2008 est le concert de St Georges qui a été filmé en 2008 à Londres lors de la tournée The Inner Sanctum. C'est une magnifique salle bien pleine pour l'occasion, de plusieurs générations de headbangers. L'image et le son sont d'excellente qualité. Le chant de Biff est assez impressionnant. Les meilleurs moments de ces cinquante minutes de concerts sont, pour moi, Sixth Form Girls, I´ve Got To Rock (To Stay Alive), And the Bands Played On (encore !) et le monumental Crusader pendant lequel un fan-croisé monte sur scène, serre la louche de Biff et passe une cape de croisé à Paul.
Big Nibbs, Little Nibbs, le dernier chapitre, est une blague de deux minutes montrant Tim "Nibbs" Carter lors de festival de Wacken interviewé par son propre fiston, c'est amusant.

Au final le package est un bon deal, rempli à ras-bord de témoignages et de preuves (s'il en fallait encore) que Saxon est bien un groupe de légende, certes, mais un groupe toujours bien vivant, que nous attendons de pied ferme au prochain Hellfest.  


Tracklist de Heavy Metal Thunder: The Movie


DVD1:

01. Heavy Metal Thunder: The Movie

DVD2:

01. Into The Labyrinh
02. The Eagle And The Bomber
03. Saxon On The Beat Club, 1981
   Heavy Metal Thunder
   See The Light Shining
   Hungry Years
   Rainbow Theme / Frozen Rainbow
   And the Band Played On
   Strong Arm Of The Law
   747 (Strangers In The Night)
   Freeway Mad
   Dallas 1 PM
   Wheels Of Steel
   Machine Gun
04. On A Crusade
05. No Excuse
06. St Georges, 2008
   Princess Of the Night
   Never Surrender
   Jack Tars
   English Man´O War
   Sixth Form Girls
   Warrior / Battle Cry / Man and Machine / Battle Cry
   I´ve got to rock (To Stay Alive)
   And the Bands Played On
   Denim And Leather / Ashes to Ashes
   Crusader
07. Big Nibbs, Little Nibbs

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