On vous l'a déjà fait, le coup de "on ne change pas une équipe qui gagne" pour démarrer une chro, n'est-ce pas ? Eh bah, le revoilà, c'est comme ça, désolé. Alors, quatre ans après le très bon World On Fire, Slash revient... et vous savez quoi ? On ne change pas une équipe qui gagne ! Il est donc accompagné, pour la troisième fois consécutive, du chanteur Myles Kennedy (Alter Bridge) et des fameux Conspirators (toujours Todd Kerns à la basse, Brent Fitz à la batterie... et même Frank Sidoris, guitariste rythmique habitué aux concerts mais dont c'est le premier enregistrement studio avec ses camarades). Et qui produit tout ça ? Michael "Elvis" Baskette bien sûr... Bah oui, on ne change pas une... Ok, j'arrête. 

Avec "seulement" douze pistes pour une petite cinquantaine de minutes, il semblerait que Slash et ses sbires aient décidé d'être un peu plus raisonnables qu'en 2014... ce qui aidera sans doute ce nouveau disque à être un peu plus digeste (ne nous plaignons pas trop, World On Fire était truffé de bonnes choses mais dix-sept pistes... il fallait quand même se sentir d'attaque). Les premiers extraits révélés dans les semaines qui ont précédé la sortie de Living The Dream, à savoir Driving Rain, Mind Your Manners et My Antidote, m'ont tous bien plu (à des degrés divers, les deux premiers plus que le troisième qui recycle d'ailleurs un peu le riff de You Could Be Mine) mais m'ont globalement inspiré le même commentaire : "très sympa mais pas renversant". Et c'est en gros l'impression principale qui se dégage et demeure à l'écoute de cette nouvelle galette dans son intégralité. C'est pas dégueu, on n'a pas affaire à n'importe qui, mais on a déjà entendu ça (du hard entraînant aux influences tantôt rock'n'roll, parfois plus bluesy, dont certains riffs évoquent du bon vieil Aerosmith)... et en mieux.

L'alchimie Slash / Myles fonctionne toujours bien... Le chanteur livre une prestation intéressante et fait preuve de plus de diversité sur Living The Dream. ll est agréable de l'entendre varier les registres et nous faire profiter de sa voix grave de temps en temps (comme sur Lost Inside The Girl). Vocalement parlant, il y a donc un peu plus d'amplitude sur cet opus que sur les précédents et c'est un plus non négligeable. Mais, cet élément mis à part, Living The Dream n'est pas foncièrement meilleur que ses deux prédécesseurs... je le trouve même un petit cran en-dessous. Il compte tout de même quelques vraies réussites, l'une des plus notables étant sans doute The One You Loved Is Gone qui rappelle les (bonnes) vieilles ballades de la fin des 80s / début des 90s et contient l'un des plus beaux solos de l'album. Je retiendrai aussi des morceaux punchy et efficaces - qui cartonneront en live - comme Call Of The Wild (très bon démarrage, bien enlevé), Mind Your Manners ou le single Driving Rain avec son riff très sympa et un refrain mémorable. D'autres titres sortent leur épingle du jeu, je pense notamment à l'énergique Sugar Cane doté d'un riff sautillant bien cool, mais on ne pourra pas s'empêcher de constater que, malgré des efforts pour diversifier le propos (cf. The Great Pretender dont le lead de guitare évoque un mix Gary Moore / Santana... que je n'adore pas), tout cela surprend assez peu. On retrouve globalement la recette utilisée sur Apocalyptic Love et World On Fire, l'effet de déjà entendu est donc assez inévitable et tous les titres ne sont pas aussi marquants que ceux cités plus haut (je n'arrive pas à me passionner pour Serve You Right, malgré son riff d'intro séduisant, Read Between The Lines dont le refrain me fatigue ou Slow Grind, par exemple).

Malgré ses aspects parfois prévisibles ou redondants, Living The Dream est un album plus qu'honnête... mais pas une bombe. Le savoir-faire demeure, Slash n'est pas n'importe quel guitariste, le moment passé est agréable mais pas bouleversant. J'en reviens alors à mon "on ne change pas une équipe qui gagne" (vous pensiez en être débarrassé ?); eh bien il va peut-être falloir changer deux ou trois choses justement car Living The Dream n'est qu'une semi-victoire. Une moitié d'album vaut le coup (et encore, on ne parle pas de folie, juste de bon hard rock efficace), l'autre oscille entre le sympa et le quelconque avec quelques pistes vite oubliées. La proposition reste tout à fait acceptable et souvent divertissante mais il me semblait que ces messieurs pouvaient faire un peu mieux que cela.

Tracklist de Living The Dream :

01. Call Of The Wild
02. Serve You Right 
03. My Antidote
04. Mind Your Manners
05. Lost Inside The Girl
06. Read Between The Lines
07. Slow Grind
08. The One You Loved Is Gone
09. Driving Rain
10. Sugar Cane
11. The Great Pretender
12. Boulevard Of Broken Hearts