Artiste/Groupe:

Southern Empire

CD:

Civilisation

Date de sortie:

Juillet 2018

Label:

GEP

Style:

Rock Progressif

Chroniqueur:

dominique

Note:

16/20

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Le groupe australien Southern Empire a sorti cet été son second album, Civilisation. Un album de rock progressif très propre, limpide et facile d’accès. Pour tout dire, Civilisation est progressif jusqu’au bout des voiles ; instrumentalement, musicalement, structurellement tout ici se réfère au prog, à ses valeurs et à certaines de ses icônes. Certainement une sortie à recommander, même si à mon goût elle manque un brin de piquant sur certains titres.

Le projet Southern Empire, né en 2016 des cendres d’Unitopia par la grâce du multi instrumentaliste Sean Timms, se base avant tout sur des musiciens de qualité ; tous capables de s’inspirer de leurs références musicales tout en y rajoutant leur touche personnelle. Il y a du Dream Theater, du Steven Wilson mais aussi des teintes de groupes historiques. Alors bien évidemment, l’utilisation active de synthés y est pour beaucoup, mais ne pas ressentir l’influence de Genesis, des Queen ou de Toto semble presque improbable. Sur Civilisation, le travail mélodique et l’harmonie générale ne semblent jamais mis en défaut. La balance entre les instruments est excellente, chacun ayant l’opportunité de prendre le lead. Parfois rock, parfois plus jazz ou funk, certaines mélodies nous permettent de prolonger nos vacances. Avant de revoir un peu plus en détail les titres de l’album, je souhaite souligner l’excellent travail du groupe sur les voix. Cette arme, car il faut bien admettre que cela ajoute beaucoup à l’attraction du disque, est maniée à merveille par Southern Empire. La voix claire du chanteur Danny Lopresto est irréprochable et parfaitement accompagnée à tour de rôle par celles de ses compères musiciens. Une excellente base sur laquelle le groupe peut construire son travail.

Les soixante-dix minutes de Civilisation ne regroupent que quatre titres. Le plus court (mais pas le moins bon) est le titre d’ouverture Goliath’s Moon. Un autre titre de dix minutes clôt le disque (Innocence & Fortune), et laisse le centre à deux monstres hors du temps : Cries For The Lonely (vingt minutes) et The Crossroads (trente minutes). Même si la longueur des titres ne se fait pas (trop) sentir grâce à des rythmiques évolutives et des sources musicales variées, il n’en reste pas moins que le pari de proposer un EP de quatre titres et de plus d’une heure reste couillu. Le contenant ayant été abordé, qu’en est-il du contenu ?

L’ouverture proposée par Goliath’s Moon est fort plaisante. Un bon titre très rock, teinté de jazz tout en rupture sur environ quatre minutes. Tout juste pourra-t-on lui reprocher le manque d’ambition au niveau des paroles. La partie médiane, sur un peu plus d'une minute et demi, est plus relax, genre Daiquiri au bord de la piscine. La reprise se fait sur un solide solo de guitare, qui relance le titre sur les bases de son début. La fin est plus fun et permet à Brody Green de s’éclater à la batterie. L’intro spatiale de Cries For The Lonely annonce la couleur. Le titre va nous faire voir du pays. Le lien historique avec Genesis se fait plus que sentir. Il faut dire que les claviers et synthés de Sean Timms sont vintages. En superposition, des lignes rythmiques guitares / basse / batterie, leur ligne mélodique fait merveille. Les voix prennent de la place dès la quatrième minute. Danny Lopresto en lead et le reste du groupe en back, cette partie du titre est très jouissive. Toute l’importance et la force vocale du groupe s’y font sentir. Entre rock et metal symphonique, ces presque trois minutes sont avalées sans problème. Le titre vire alors sur un rock plus intimiste, façon Steven Wilson ; après dix minutes, changement radical avec une ouverture sur un rock funk-jazz agrémenté de synthés. Hors d’âge et certainement aussi agréable pour les musiciens que pour les auditeurs. A treize minutes, l’axe spatial, presque romantique, refait surface ; synthés en tête et voix en unisson. Peut-être pas la meilleure partie du titre, mais finalement elle joue son rôle de rupture rythmique. Et puis elle facilite le passage presque obligé aux gros solos de guitares, langoureux et ultra mélodiques. Un titre de vingt minutes sympa, sous influence de Dream Theater, et qui s’écoute et se réécoute sans problème.

The Crossroad porte bien son nom : c’est un voyage musical qui nous emmène au croisement des chemins musicaux de différents influences. Début africain, teinte orientale, touche arabo-hispanique et dégradé slave, tout y passe. Et puis, il y a les nécessaires patines rock ; là, elles sont très marquées années 80, solo de saxophone et de guitare en tête. On donne dans le slow, le revival presque avec cette inclusion seventies vers la dixième minute. Au final, cette fusion musicale ne passe pas trop mal ; ce d’autant plus que les voix font le travail. Un vrai virage se produit vers la vingt-et-unième minute, avec un partie rock plus assumée et plus musclée, suivie comme pour Goliath’s Moon, d’une partie très jazz, de Sting à Carlos Santana. Cela reste très old-style, entre Queen et Genesis, et cela s’écoute très facilement. Malgré une ouverture cinématographique anxiogène, l’album se termine sur le plus léger et le plus joueur Innocence & Fortune. Cette balade plus pop-rock fait très Steven Wilson. Les parties flûte, synthés et guitare sèche n’y sont pas pour rien ; voix plus fine et son éthéré, l’ambiance générale est cool, tout juste entrecoupée par des parties un brin plus structurées et plus groovy. Un titre facile, avec une bonne dynamique.

Cette dynamique qui, du reste, est l’une des forces de l’album. Elle permet de faire passer ces soixante-dix minutes sans lassitude et sans heurts. Bref, un bel art-work, quatre titres, soixante-dix minutes et mille ambiances, un bel album prog à écouter pour le plaisir.

Tracklist de Civilisation :

01. Goliath’s Moon
02. Cries For The Lonely
03. The Crossroads
04. Innocence And Fortune
 

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