Storm Corrosion

Artiste/Groupe

Storm Corrosion

CD

Storm Corrosion

Date de sortie

Mai 2012

Label

Roadrunner

Style

Rock Progressif

Chroniqueur

Didier

Note Didier

10/20

Site Officiel Artiste

Myspace Artiste

C H R O N I Q U E

L’album était plutôt attendu. Vous pensez bien, car caché derrière ce nom un peu agressif de Storm Corrosion on trouve deux pointures du metal prog. A ma droite, moustache et cheveux au vent, originaire des terres froides de sa Suède natale, Mickael Akerfeldt, leader, chanteur et guitariste d’Opeth. A ma gauche, cheveux au vent, petites lunettes, le petit génie british du son et leader de nombreux projets comme Porcupine Tree, Greenfield ou OSI, l’homme a aussi à son actif quelques albums solos, j’ai nommé, Steven Wilson. Ce n’est pas la première fois, loin de là, que ces deux-là collaborent puisqu’on retrouve déjà Steven Wilson aux manettes de nombreux albums d’Opeth. Storm Corrosion est un projet qui synthétise plusieurs années de collaboration. Si vous êtes amateurs de ces deux artistes, vous n’êtes pas sans savoir que les dernières réalisations de leurs groupes respectifs ont fait couler pas mal d’encre. Côté Opeth, l’album est certainement un virage important vers le progressif. Exit les grunts de Mickael, et les gros sons death qui avaient fait la renommée d’Opeth. J’avoue avoir eu un peu de mal à rentrer dans cet album, jusqu’au jour où j’ai pu voir Opeth le défendre sur scène, ce qui m’a permis ensuite de mieux comprendre certaines de ses orientations. Coté Porcupine Tree, c’est un peu la même chose. Les amateurs de l’époque Fear Of The Blank Planet ont probablement eu des difficultés avec le dernier opus très minimaliste et comme pour Opeth, c’est en voyant Porcupine Tree live, au Transbordeur, que j’ai pu enfin l’accepter. Tout ça pour dire qu’on se demande bien ce que ce Storm Corrosion nous réserve.

Je préfère prévenir de suite que la tendance se confirme et que si les derniers albums cités ci-dessus ne sont pas à votre goût, j’ai bien peur que ce Storm Corrosion vous laisse de marbre. Les deux compères sont tout à fait sur la même longueur d’onde, c’est très calme, progressif (pas metal pour un sou), parfois expérimental, avec même des moments franchement insupportables. La question va être plutôt, si on arrive, nous aussi, à se mettre sur cette longueur d’onde en question. Je m’explique :

La première chose est que le style de chant calme de Mickael et de Steven est plutôt similaire : monocorde, tendance dépressive et soporifique. J’exagère peut être un peu, mais pas beaucoup, il est très facile de s’assoupir à l’écoute de cet album, surtout si comme moi vous l’écoutez au casque, et dans un long courrier. Ensuite, côté orchestrations, on est ici dans le minimalisme extrême. Des guitares acoustiques, des bruits de doigts qui courent sur les cordes, des synthés qui plombent l‘ambiance, des bruits bizarres, pas mal de doubles voix, on navigue entre ambiances sombres et ambiances inquiétantes, pas le genre à filer la grosse banane pour attaquer la journée. Gavin Harrison (aussi batteur de Porcupine Tree), qui est crédité en tant que batteur sur cet album, n’a pas dû avoir trop de boulot, j’espère qu’il n'était pas payé au coup de baguette ! Quelques cymbales, un coup de triangle au bon moment et l’affaire est dans le sac. Les morceaux sont longs et changeants, très progressifs dans l’âme, prenant souvent l’auditeur à contre-pied. L’album contient seulement six morceaux dont trois de dix minutes.

Sur le premier, Drag Ropes, on va dire qu’on retrouve l’ambiance un peu lourde et minimale du dernier Opeth. C’est Mickael qui chante. Le morceau change de multiples fois pendant ces presque dix minutes. Et même si certains passages sont géniaux (le petit thème de voix en canon, presque a capella, ou le joli solo de guitare assez Floyd-ien), je me dis par moment que certaines trouvailles, qui auraient constitué un bref passage dans un album de Opeth ou de Porcupine Tree, sont ici répétées et étirées aux limites. Le morceau suivant, éponyme (nom de l’album et du groupe), plus bucolique (guitare acoustique et clavier), chanté plus aigu par Steven, affiche encore dix minutes au compteur. L’ambiance est toujours un peu dépressive, plus proche de la noirceur de Porcupine Tree que de celle d’Opeth, si vous voyez ce que je veux dire. Une fois de plus, on note un bon petit solo de guitare (probablement de Mickael). Seulement voilà, à trois minutes de la fin, c’est un délire de sons insupportables, de bruits même, de choses qu’on pouvait trouver sur les plus délirants albums de Yes ou de Pink Floyd. On est presque obligé d’interrompre l’écoute tant la fin est insupportable. On résiste (pas sûr) pour enfin retrouver le thème initial. Ouf ! Mais finalement, pourquoi nous imposer ces moments-là ? Quel est le message ? L’idée ? Que la musique peut être une torture ? C’est clair ! Hag, qui suit, n’est pas là pour changer la donne. Ambiance minimaliste, un peu de basse, du chant monocorde, aigu et cristallin de Steven Wilson, on s’endort presque avant la fin de l’intro. Un piano à peine effleuré accompagne Steven jusqu’à ce que (enfin !) une basse vient un peu structurer l’ensemble. Et là, une fois de plus, les deux dernières minutes sont incompréhensibles. Une batterie déboule, hystérique, et avec un son que je qualifierai de … pourave. Incroyable de contraste par rapport à une production impeccable pour le reste, on croirait la batterie sortie d’un placard à balais, ou d’un vieil album des années psychédéliques. Aïe ! Encore un message pas compris ? Je souris en écoutant le morceau suivant car il se nomme Happy, et si vous imaginez Droopy au summum de sa forme, vous annonçant : "I am happy", eh bien c’est un peu ça. Ca, plus son lot de bruits bizarres, une guitare acoustique tristounette, un chant fantomatique et des claviers monotones. Même les petites ritournelles des deux guitares acoustiques n’arrivent pas à nous sortir de cette torpeur. Sans parler des OVNI qui nous attaquent à trente secondes de la fin. David Vincent les a peut être vus, mais moi j’ai vraiment rien compris. Sur Lock Howl qui suit, on se dit, en écoutant l’intro, que c’est pas mal et qu'enfin ça va décoller, que la batterie vas remplacer le maracas. Mais en fait non. Les guitares acoustiques sont sympas, le thème un peu plus gai  (quoique), on pense encore à Pink Floyd (c’est peut être un hommage ?). Une fois de plus, le thème est étiré jusqu’à la corde et on s'ennuie. Un petit passage type orchestre en train de s’accorder et ça repart pour le thème de l’intro (foutage de gueule ou artiste incompris ?). Ca part très mal pour le morceau final, Ljudet Innan, qui veut sûrement dire quelque chose en suédois. L’intro est des plus étranges, voire même carrément déconcertante. Jazz fusion minimaliste, on se dit que les dernières dix minutes vont être difficiles, mieux vaut avoir toute sa santé mentale. Mais après quelques longues minutes de… rien (mais un rien un peu aquatique), qui pourrait faire passer la musique de "Le Grand Bleu" pour du metal extrême, on se retrouve dans une ambiance à la Vangelis ou Yes (époque Fragile, mais sans Jon Anderson), Gavin à sorti les balais, pour effleurer ses toms, et on se demande où on va. Certes le solo de guitare est sympathique, la douce voix de Steven est jolie, mais à quoi ont servi les quatre minutes qui le précèdent ? Un rite initiatique ? Une souffrance pour apprécier un petit moment de bonheur. Un contraste ? J’avoue ne plus savoir que penser…

Bon. A l’heure du bilan, j’ai un peu de mal. J’ai dû écouter cet album des dizaines de fois pour arriver à en extraire la quintessence. Et je ne suis pas certain d’y être arrivé. Certaines choses me touchent, certaines m’exaspèrent. On sent que le projet est très personnel, qu’il leur tient à cœur. Mais, et nous, les auditeurs, dans tout ça ? On aimerait y accéder plus facilement mais ce n'est pas possible. Par moment, j’ai l’impression de visiter un musée d’art moderne avec son lot de gens qui s’extasient devant des œuvres merveilleuses que je trouve totalement ridicules. Je m’interroge. Si je n’avais pas eu à écrire cette chronique, aurais-je eu cette patience ? Aurez-vous la patience ? Ou avec plus d’humour, pourquoi ne pas fournir une cigarette qui fait rigoler pour tout achat de cet album, car à l’évidence les auteurs en ont fait bon usage…



Tracklist de Storm Corrosion:

1. Drag ropes
2. Storm corrosion
3. Hag
4. Happy
5. Lock howl
6. Ljudet innan

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