Artiste/Groupe:

Stratovarius

CD:

Eternal

Date de sortie:

Septembre 2015

Label:

Ear Music / Verycords

Style:

Power Metal Mélodique

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Note:

15/20

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Stratovarius, le groupe venu du nord (la Finlande, pas Lille) et surtout revenu de loin (doit-on rappeler que le cap des années 2000 a été compliqué à négocier et que beaucoup d'albums plus ou moins médiocres ont vu le jour pendant près de dix ans ?) effectue en cette rentrée 2015 son retour avec son (déjà) quinzième album. On reste dans la tradition des titres à trois syllabes que le combo affectionne tant (après Episode, Destiny, Infinite, Polaris, Elysium, Nemesis... et je suis sympa, j'en laisse quelques-uns de côté) puisque le nouveau venu s'appelle Eternal. Le line-up n'a pas bougé depuis l'opus précédent, le groupe est stable et vraisemblablement heureux de l'être. Il faut dire que Stratovarius a récemment trouvé un second souffle (avec l'arrivée du guitariste Matias Kupianen qui a pris le poste laissé vacant par un Timo Tolkki en panne d'inspiration depuis... on ne compte plus) et que ses derniers efforts (Elysium et Nemesis) ont réussi à rendre le combo pertinent alors qu'il oeuvre pourtant dans un style saturé et en perte de vitesse (vous en avez entendu beaucoup des albums de power mélodique surprenants ou renversants ces derniers temps, vous ?). Eternal confirme-t-il la bonne santé de ses géniteurs ? Réponse ci-dessous.

L'album démarre avec un morceau speed classique qui semble vouloir plaire à ceux qui suivent le groupe depuis longtemps. Le riff, le tempo enlevé, le son (clavecin) des claviers de Johansson (intro mise à part, on en reparle dans une seconde), la mélodie épique et positive, le duo guitare/clavier avant le dernier refrain... tout semble être mis en oeuvre pour faire jubiler le fan de power classique qui s'est éclaté sur les albums sortis par Strato entre 1996 et 2000. My Eternal Dream est une compo assez efficace mais, personnellement, le son kitch des claviers (genre trompettes qui annoncent l'arrivée des gladiateurs dans l'arène) sur le thème principal balancé dès l'intro et l'extrême classicisme du morceau me font quand même un peu grincer des dents. La bonne énergie et le niveau technique imparable des musiciens sont tout de même à souligner. Tout comme le son qui, pour ne pas déroger à la tradition des Finlandais, est ultra soigné et... énorme. 

Avec les pistes suivantes, Eternal semble confirmer une envie de faire plaisir au fan (et sans doute au groupe lui-même, du moins je l'espère) en restant en territoire connu. Nemesis était un album intéressant car même s'il était imparfait il mélangeait l'ancien et le neuf. On reconnaissait immédiatement le style Stratovarius mais de nouvelles sonorités et idées faisaient tout de même évoluer le combo. Cela parait moins flagrant ici même si Eternal n'est certainement pas qu'un retour en arrière. En fait, on a plutôt l'impression que les membres de Strato se sont réunis devant un tableau avec une liste composée de tout ce qui participe à l'identité du groupe et ont veillé à créer un album qui soit une synthèse de tous ces éléments. Du morceau speed avec riff "stratold-school" et descente de manche supersonique ? Check (Rise Above It). De la compo enlevée "single" à la Hunting High And Low / Eagleheart pourvue d'un gros refrain mélodique et fédérateur ? Check (Feeding The Fire - très bon refrain, soit dit en passant - et Few Are Those, un peu plus gentillette... probablement car elle été écrite avec Jari Liimatainen, le complice de Kotipelto au sein de Cain's Offering). De la chanson plus lente, pesante (avec une basse très présente et un peu de guitare sèche) et mélancolique ? Check avec Lost Without A Trace, une autre belle réussite. Une ballade avec du piano pour calmer les esprits ? Check (Fire In Your Eyes). "Et pour ceux qui ont aimé les sonorités plus modernes de Nemesis, on peut faire quelque chose ?" Re-check, c'est Man in The Mirror (une des meilleures chansons de cet album, à mon avis) qui s'en charge. "Hé les gars ! Et si on remettait une grosse compo épique d'une dizaine de minutes ?" Re-re-check !! Lost Saga et ses presque douze minutes seront la conclusion de ce disque. Alors, là-dedans, il y a du très bon, du bon et du moins convaincant. Parfois, le groupe marque des points avec des compos assez fortes et des mélodies bien pensées (Man In The Mirror, Lost Without A Trace, l'épique Lost Saga...) et à d'autres moments, il pêche par excès d'académisme ou de gentillesse (le single Shine In The Dark, encore écrit avec Liimatainen, décidément...).

Ce qui a probablement contribué à sauver les Finlandais du naufrage ces derniers temps, c'est cet équilibre trouvé au sein d'un groupe constitué de différents compositeurs. Dans Stratovarius, contrairement à ce qui se passait quand Tolkki était encore là, presque tout le monde écrit ou participe, ce qui permet de moins tourner en rond. Eternal n'en est peut-être pas l'exemple le plus frappant et manque sans doute un peu d'ambition mais il reste bien fait et plaisant. Un peu avare en surprise, ce disque propre et sage montre un groupe qui stagne plus qu'il n'évolue mais il ne faut pas être trop sévère... le savoir-faire est là, Kotipelto chante globalement très bien (même si on devine déjà que certains refrains, un peu trop hauts, seront difficiles à reproduire sur scène), le batteur Rolf Pilve, déjà présent sur l'album précédent, se montre aussi énergique que technique et les mélodies enjôleuses pleuvent. Les fans vont aimer, ça ne fait quasiment aucun doute. Ceux qui n'ont pas accroché avant ne risquent pas de changer d'avis non plus. Sortez les calendriers, Strato viendra vous présenter ses nouvelles chansons (dont on devine que certaines passeront le cap de la scène avec brio) en concert le 31 octobre à Besançon et le premier novembre à Paris.
 

Tracklist de Eternal :

01. My Eternal Dream
02. Shine In The Dark
03. Rise Above It
04. Lost Without A Trace
05. Feeding The Fire
06. In My Line Of Work
07. Man In The Mirror
08. Few Are Those
09. Fire In Your Eyes
10. Lost Saga