Artiste/Groupe:

Suffocation

CD:

...Of The Dark Light

Date de sortie:

Juin 2017

Label:

Nuclear Blast

Style:

Brutal Death Metal

Chroniqueur:

hourkach

Note:

18.5/20

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Voici que, novice dans ma jeune carrière de chroniqueur, je me retrouve déjà face à un monument du Brutal Death Metal, Suffocation. Parler de ce groupe m'ôte au moins un stress, la peur de la page blanche. En effet, à l'image d'un épisode des Feux De L'Amour, il se passe toujours quelque chose pour le combo new yorkais depuis sa formation en 1988 : split, reformation, caprices de line-up, derniers albums en demi-teinte etc... Malgré cette existence tumultueuse, Suffocation a toujours su se remettre en question et a réussi à revenir sur le devant de la scène en 2013 grâce à la sortie de son album Pinnacle Of Bedlam. Alliant technicité et brutalité, Suffocation brise alors les codes établis et prouve à l'époque qu'il demeure encore la référence du genre. Quatre ans après ce véritable séisme auditif, Suffocation pointe à nouveau le bout de sa gratte avec un nouvel opus intitulé ...Of The Dark Light.

Dans la suite de sa précédente boucherie, cet album a été produit par Joe Cincotta, mixé et masterisé par Chris "Zeuss" Harris. Une bonne nouvelle quand on voit le boulot effectué dans le précédent album et quand on sait que ce dernier collabore également avec des groupes comme Hatebreed, Six Feet Under ou encore Revocation. En parlant de qualité, une chose me donne déjà envie de prendre et d'écouter l'album, c'est sa pochette. Réalisée par Colin Marks (Origin, Fleshgod Apocalypse, Kataklysm), cette dernière représente un corps foudroyé par une lumière et se désintégrant dans ce qui pourrait être l'au-delà. L'artwork n'a clairement rien à voir avec les précédentes réalisations du groupe, mais perso je le trouve intrigant et sacrément réaliste. Le boitier entre les mains, le CD dans le lecteur, je suis prêt, maintenant, à débuter ma descente aux enfers...

Beaucoup de choses ont changé depuis la sortie du précédent album car le batteur Dave Culross (présent sur Pinnacle Of Bedlam et Despise The Sun) et le guitariste Guy Marchais ont quitté le groupe, remplacés respectivement par Eric Morotti (ex-Killitorous, Blind Witness) et Charlie Errigo (ex-The Merciless Concept, Pyrexia). Rassurez-vous, Frank Mullen et ses potes n'ont pas choisi des touristes comme remplaçants et l'injection de sang neuf au sein du combo a même accentué la sensation de cataclysme laissée quatre ans plus tôt. Il n'y a qu'à écouter les deux premiers titres de ...Of The Dark Light pour se rendre compte de la puissance de cet album et de la prestation chirurgicale de chaque musicien. Clarity Through Deprivation et The Warmth Within The Dark explorent de nouveaux horizons avec des guitares toujours plus incisives, des changements de rythme et des ralentissements toujours plus prononcés ainsi que des passages mid-tempo à couper le souffle. La qualité de la production renforce cette impression de brutalité car chaque instrument délivre un son flirtant avec la perfection. Dès les premières notes, je suis bluffé par la clarté et la précision de la double pédale d'Eric Morotti ainsi que par les soli des deux guitaristes. Un vrai régal !!
La suite n'est pas moins jouissive car Your Last Breaths et Return To The Abyss donnent une leçon magistrale de technique. Les guitares sonnent plus heavy que jamais et ces deux titres renferment ainsi tout un tas de riffs de qualité brutaux, sombres et mélodiques à la fois. Terrance Hobbs a voulu apporter une touche plus "mélodique" sur ces deux chansons et le rendu final n'est pas loin de la réussite totale. Ses riffs et leads de guitares sont toujours accompagnés par des salves de double pédale et par des blasts toujours plus rapides d'Eric Morotti. D'ailleurs, je vous invite à regarder sa prestation sur la vidéo qui suit lorsqu'il joue Your Last Breaths, vous allez halluciner complet face à sa maîtrise derrière les fûts. A noter également sur ce titre, le retour des breaks laissant Derek Boyer nous cracher dessus avec sa basse. Ces soli avaient manqué sur le précédent album et leurs retours sont un pure régal auditif pour le fan de basse que je suis !! Le son de la basse reste peut-être inférieur à celui des guitares Terrance Hobbs ou Charlie Errigo mais l'instrument se fait quand même bien entendre grâce à des soli lourds et puissants.

 


L'opération de destruction massive se poursuit avec les titres The Violation et ...Of The Dark Light. Les changements rapides de rythme sont encore omniprésents mais Suffocation va encore plus loin en proposant deux titres dans l'ensemble plus lourds avec des passages d'une lenteur quasi démoniaque. La dernière minute de ...Of The Dark Light va vous envoyer directement en enfer ou au moins à l'hôpital pour une rupture de cervicales !! A plusieurs reprises, les instruments s'arrêtent tous en même temps avant de repartir dans un fracas de blasts ou de breaks monstrueux ce qui renforce considérablement la violence lâchée. Si on ajoute à tout cela, les soli incisifs et puissants de Terrance et Charlie, vous obtenez deux chansons d'une efficacité absolue.
Les trois derniers titres ne sont pas là pour venir atténuer cette sensation de rouleau compresseur délivrée jusqu'alors. Some Things Should Be Left Alone débute avec un rythme saccadé et se poursuit avec de multiples blasts ne laissant que peu de place au headbanging. Caught Between Two Worlds est selon moi le titre le plus abouti de l'album et résume parfaitement l'identité du combo new-yorkais avec ses blasts, ses breaks rapides et déroutants, ses soli de basse ainsi que ses riffs puissants. Suffocation insiste sur la lourdeur et le côté groove de sa musique en terminant son opus avec un titre très lent et une basse sur le devant de la scène. Je n'en ai pas parlé jusqu'à présent mais la voix de Frank Mullen se marie parfaitement avec la brutalité des instruments même si cette dernière sonne un peu moins gutturale que dans le passé. Le Sieur Mullen prépare doucement mais sûrement sa retraite en délivrant sans doute ici son ultime prestation vocale sur un album de Suffocation. Il faut d'ailleurs noter que son successeur, Kevin Muller (The Merciless Concept), a participé à l'enregistrement de l'album mais je mets au défi quiconque de trouver à quel moment il chante car sa voix et celle de Frank sont tout simplement identiques. Comme dans Pinnacle Of Bedlam, Suffocation vient terminer sa litanie en dépoussiérant un titre de son album Breeding The Spawn sorti en 1993. La chanson Epitaph Of The Credulous retrouve ici une seconde jeunesse et vient vous coller une dernière branlée auditive bien sympathique !!

En définitive, ...Of The Dark Light bouscule les codes établis en délivrant un album ultra technique et un son d'une limpidité inégalée. Les puristes du genre ne manqueront sans doute pas de critiquer la perfection de ce son regrettant l'abandon du côté violent et caverneux du Brutal Death. De mon côté, je trouve au contraire que la clarté de ce son permet de saisir tous les détails et accentue considérablement la brutalité de chaque compo de l'album. Quoiqu'il en soit, ...Of The Dark Light ne laissera personne indifférent et risque de vous surprendre grâce à son savant mélange de violence et de technique. Si Pinnacle Of Bedlam avait permis à Suffocation de retrouver le devant de la scène, ...Of The Dark Light devrait faire entrer le groupe dans une nouvelle dimension... celle des légendes !!

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Tracklist de ...Of The Dark Light :

01. Clarity Through Derivation
02. The Warmth Within The Dark
03. Your Last Breaths
04. Return To The Abyss
05. The Violation
06. ...Of The Dark Light
07. Some Things Should Be Left Alone
08. Caught Between Two Worlds
09. Epitaph Of The Credulous