Artiste/Groupe:

Superscream

CD:

The Engine Cries

Date de sortie:

Mai 2017

Label:

Send The Wood Music

Style:

Metal Progressif

Chroniqueur:

Didier

Note:

15.5/20

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Laissez-moi vous parler de cet album assez surprenant que je viens découvrir. Mon œil a d’abord été attiré par la pochette plutôt sympa, avec une sorte de baignoire flottante sur une mer de lait très agitée. Je me suis dit que si le contenu sonore avait reçu autant d’attention que la pochette, ça pouvait être une belle trouvaille. En fait c’en est une. Superscream est un groupe de Rouen, composé d'Eric Pariche (chant), de Phil Vermont (guitare), Daniel Sminiac (guitare), Stéphane Lescarbotte (basse) et de Martin Mabire (batterie). C’est Phil qui est le compositeur principal du groupe, et ce The Engine Cries est leur deuxième album après Some Strange Heavy Sound sorti en 2011. En fait, le titre du premier album laisse entendre un son puissant et étrange, et c’est exactement ce qu’on trouve dans ce second opus.
Après une intro aussi courte qu’inutile, le groupe balance un premier morceau assez démoniaque, Evil Cream.

Le morceau est clairement typé metal prog de haut niveau (proche d’un Dream Theater inspiré). Les riffs des guitares sont puissants, la prod hyper soignée. Le morceau s’articule autour d’un gimmick de guitare qui revient régulièrement. L’autre belle nouvelle, c’est que le chant d'Eric est superbe, dans le style d’un Jorn Lande, Russel Allen ou James LaBrie. L’accent anglais est aussi excellent, ce qui ajoute au professionnalisme de l’ensemble. J’aime beaucoup les alternances de tempo de la batterie de Martin, qui accentue le gros boulot des guitares de Phil et Daniel. Ces six premières minutes sont de bon augure, mais ce n’est rien à côté des six suivantes du morceau The Engine Cries (Superscreamrise), que je trouve assez intéressant car une autre facette du groupe se dévoile. En effet le morceau est rythmé dans son intro par des percussions nord africaines, qui font penser aux sons orientaux de Myrath. Là encore, Phil a sorti le gimmick qui tue, et qui revient régulièrement, pendant qu'Eric se sort les tripes avec un chant puissant, plus grave, qui rappelle encore plus Jorn Lande. C’est très réussi, d’autant plus que le solo de guitare est des plus réussis. Vers la quatrième minute, le morceau change de tempo et se transforme en quelque chose qui me rappelle un peu les vieux Angra, c’est assez jouissif. Avant de revenir du break, Stéphane fait parler la cinq cordes, histoire de nous rappeler qu’il n’est pas là pour la déco. Changement de décor justement, pour Pandora et son intro de carillon, suivit d’un énorme riff de guitare mid tempo. C’est du lourd de chez lourd, aéré par une pointe de claviers (crédités indistinctement à Boris Branilovic et Nicolas Goulay). Le tout sonne très Dream Theater, qui est une source d’inspiration déclarée du groupe. Les solos de guitare sont encore très bons, il me semble que les deux guitaristes alternent. Le groupe sait surprendre son monde hors des carcans des styles et c’est justement le cas une première fois avec ce Velvet Cigarette, dont le riff semble emprunté à un album de System Of a Down. C’est hard rock, presque punk, un peu délirant, totalement fulgurant, et ça termine dans une quinte de toux gag. Même si la ballade n’est pas ma tasse de thé, c’est un exercice dont le groupe s'acquitte avec les honneurs. Your Necklace of Bites est une grosse ballade, celle qui prouve que derrière tous ces cheveux, il y a un petit cœur qui bat. L’accent français ressort un peu, comme souvent sur des morceaux plus calme (pas facile), mais c’est pas atroce. Les guitaristes en profitent pour nous claquer de beaux solos, pendant que les autres déroulent en roupillant.
Ways Out est le morceau fleuve de l’album avec plus de neuf minutes au compteur. C’est encore un début assez calme, avec une ambiance indienne, des sons de cithare, des percussions orientales et des nappes de claviers. Au moins avec Superscream, on voyage ! Le refrain me fait un peu penser à du Queensrÿche, mais je n'arrive pas à trouver pourquoi exactement. En tout cas j’aime bien le plan de guitare sur le refrain et les riffs. Le break prend tout le monde à contre-pied : son de cithare, et beatbox à la voix, franchement il y a de bonnes trouvailles là-dedans. Ahhh ! Que se passe-t-il dans ma platine CD ? Un cri, un riff metal sur un shuffle de jazz, un chant death ! Belzebuth est dans la place ? Ca c’est du mix improbable ! Ca me fait penser au délire de 6:33. Bref c’est Where is my Mom? Quand je vous disais que ces types avaient de l’humour ! De l’humour et beaucoup de talent pour marier savamment du metal et des bouts de jazz, bravo ! Pour se faire pardonner, le groupe nous prouve qu’ils savent manier le bon vieux riff de heavy metal old school avec Metal Builders. Le refrain très réussi contraste avec le couplet, car il revient à un schéma plus metal prog, le tout est encore bien fait, même si Eric n’a pas l’accent de Rob Halford. Sur un break Phil et Daniel balancent la purée à grands coups de six cordes chacun leur tour puis en duo, c’est bien foutu. On termine cet album avec encore un bon morceau mid tempo, Insane God, où la guitare est épaulée par le piano. Le chant d’Eric est bien mis en valeur. Le morceau est ponctué de solos de guitare mais curieusement se termine en fade-out, sur un dernier solo, ce qui a le don de m’agacer. Dommage de prendre un carton jaune dans les arrêts de jeu.

Toujours est-il que ce The Engine Cries est une très belle pièce de musique, avec un beau concept visuel, des compositions bien léchées et une production des plus soignées. Rien n’a effectivement été laissé au hasard, comme l’indique le teaser du CD promo. En parlant de teaser, je vous conseille les deux teasers vidéo de l’album. Beaucoup d’humour. On sent le groupe qui pousse le concept à fond, sans se prendre trop au sérieux. Ca force le respect.

 

 

Tracklist de The Engine Cries :

01. Cubozoas' Gossips
02. Evil Cream
03. The Engine Cries (Superscreamrise)
04. Pandora
05. Velvet Cigarette
06. Your Necklace of Bites
07. Ways Out
08. Where's My Mom ?
09. Metal Builders
10. Insane God