Artiste/Groupe:

Sweet Oblivion

CD:

Sweet Oblivion

Date de sortie:

Juin 2019

Label:

Frontiers Music

Style:

Heavy Metal

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Note:

14.5/20

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A quand remonte la dernière fois que vous avez entendu Geoff Tate chanter sur un très bon album ? Sauriez-vous le dire ? Attention, je parle bien d'un album où le monsieur occupe le poste de chanteur à temps plein, pas d'un disque d'Avantasia où il joue le rôle d'invité sur une piste ou deux. En ce qui me concerne, la réponse est simple : il me faut remonter le temps jusqu'en 1994, année de sortie de Promised Land de Queensrÿche, pour trouver un disque avec Tate qui me ravisse réellement. Cela ne veut pas dire que je trouve que tout ce qu'il a fait par la suite est mauvais... Mais après 1994, le niveau des productions où apparait le fameux vocaliste oscille entre correct et pénible en passant par le moyen. J'ai eu bien du mal à accrocher aux derniers albums enregistrés avec Queensrÿche et je n'ai pas été franchement convaincu par la trilogie de son projet Operation: Mindcrime (son album solo sorti en 2012 m'a également semblé bien médiocre). Bref, tout cela pour dire que, Geoff Tate, je n'en attends plus grand-chose... et depuis un bon bout de temps. D'où l'agréable surprise que constitue cet album de Sweet Oblivion.

Sweet Oblivion, c'est quoi exactement ? Eh bien, c'est un groupe de musiciens italiens qui compte deux membres de DGM, Simone Mularoni (guitare, basse, compositeur, producteur) et Emanuele Casali (claviers), ainsi que Paolo Caridi, batteur de Hollow Haze... auquel on a donc ajouté Mr. Tate au chant. L'idée de ce projet vient encore du président du label italien Frontiers, c'est lui qui a mis en contact Tate et Mularoni... Le guitariste (fan du Queensrÿche de la grande époque) s'est donc attelé, sur commande, à la composition d'un album comme Tate n'en fait plus depuis belle lurette. Le concept était, d'après ses propres dires, de proposer un heavy / hard naviguant entre vieille école (avec des touches de Queensrÿche classique qui rappellent le bon vieux temps) et une approche plus contemporaine. A l'écoute, on peut dire que le résultat correspond assez bien à l'intention de départ. L'album ne sonne absolument pas comme un disque de Geoff Tate récent, ce n'est pas un nouvel album solo ou un épisode caché d'Operation: Mindcrime, ce qui, pour moi, est un soulagement. Confier un tel projet à Simone Mularoni (qui est un excellent guitariste doublé d'un très bon compositeur et producteur) était assurément une bonne idée. 

Le metal mélodique composé par Mularoni et (bien) chanté par Tate ne manque pas d'attraits. La production est réussie et ne sonne pas datée, les riffs et mélodies sont souvent sympas et accrocheurs, les musiciens sont évidemment talentueux (on a de beaux solos de guitare ou de clavier)... Les clins d'œil ou emprunts à Queensrÿche sont évidemment de la partie même s'il serait exagéré de dire que l'album ne fait que copier les œuvres du gang de Seattle. Parfois, l'hommage est cependant un peu trop appuyé. J'en veux pour preuve la chanson titre qui lorgne beaucoup trop du côté de compos comme Breaking The Silence ou I Don't Believe In Love (issues du fameux Operation: Mindcrime). Elle est sympa, efficace mais son côté déjà-entendu joue un peu contre elle, je trouve. Sweet Oblivion s'en tire mieux sur True Colors (dont la rythmique pendant le solo rappelle quand même pas mal celle de Walk In The Shadows, un classique du Rÿche), Behind Your Eyes ou My Last Story, par exemple, qui reprennent des éléments que l'on aimait dans les vieux Queensrÿche (période Rage For Order parfois, Operation: Mindcrime ou Empire surtout) en évitant de sombrer dans le plagiat. Certains morceaux arrivent même à s'éloigner de Queensrÿche. Je pense notamment à A Recess From My Fate ou The Deceiver, tous deux bien heavy, enlevés, avec des sonorités powerprog modernes (notamment grâce aux claviers de Casali). L'ensemble est globalement agréable et homogène. Aucune piste n'est mauvaise, quelques-unes sont même franchement bonnes mais l'ensemble manque cependant un peu de magie à mon goût. Reste que Mularoni est un bon faiseur et que son savoir-faire rend l'entreprise séduisante à défaut de me bouleverser. Je retiendrai surtout que tout cela sonne bien et qu'il est bon d'entendre Tate retrouver un peu de fougue et chanter sur du metal mélodique de qualité.  

Pas mal, ce Sweet Oblivion... pas mal du tout même. Mais ça n'ira pas plus loin. C'est déjà bien mais bon, n'exagérons pas : avec quelques riffs plus forts, une poignée de pistes qui sortent davantage du lot et un peu plus d'originalité, on aurait pu affirmer qu'on tenait là un grand album. Ce n'est pas le cas mais il n'en reste pas moins que cet effort est très agréable en plus d'être, de loin, ce que Geoff Tate a enregistré de plus solide depuis plus de vingt ans. Certains nostalgiques vont se réjouir, c'est sûr. 

Tracklist de Sweet Oblivion :

01. True Colors
02. Sweet Oblivion
03. Behind Your Eyes
04. Hide Away
05. My Last Story
06. A Recess From My Fate
07. Transition
08. Disconnect
09. The Deceiver
10. Seek The Light

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