Symphony X

Artiste/Groupe

Symphony X

CD

Iconoclast

Date de sortie

Juin 2011

Style

Metal Progressif et Symphonique

Chroniqueur

Blaster of Muppets

Note Blaster of Muppets

17/20

Site Officiel Artiste

Myspace Artiste

C H R O N I Q U E

Si vous êtes fans de metal progressif, vous ne sauriez ignorer que le nouvel album de Symphony X est sur le point d'arriver dans les bacs. J'ai beau trouver la discographie du groupe assez remarquable, je conçois tout à fait que les attentes vis à vis d'un nouveau disque de nos chers Américains puissent varier d'une personne à l'autre et que certaines orientations choisies par le quintet puissent légitimement en refroidir certains. Il y a ceux qui préfèrent les albums comme The Divine Wings Of Tragedy ou V, pour leur côté plus mélodique, progressif ou symphonique, et qui sont un peu déçus de la direction plus "metal" des derniers opus... Pour d'autres, c'est l'inverse. Cependant, quel que soit l'album que l'on préfère (ou que l'on aime le moins), on ne peut jamais taxer le groupe de médiocrité, à moins d'être de mauvaise foi. La musique de Symphony X est puissante, technique, mélodique, travaillée, intéressante, bien produite (en général)... et, le plus souvent, elle enterre profondément toute concurrence !
Ce verdict sans appel (vous avez le droit de ne pas être d'accord mais vous avez tort) sera-t-il le même avec cette nouvelle offrande qui nous parvient quatre ans (c'est long !) après Paradise Lost ? La réponse est : oui. Il existe une petite communauté constituée de quelques rares groupes qui ne savent pas se planter, et il semble bien que Symphony X soit le leader de ce mouvement !
Iconoclast : une oeuvre parfaite, le meilleur album du groupe ? Non, pas forcément (et encore, ça dépendra des goûts)... mais un excellent disque qui marquera à coup sûr l'année 2011 ? A n'en point douter !

Par où commencer ? Allez, parlons du son. Enorme ! Voilà, c'est fait. Trop bref ? C'était pour me rattraper de mon intro interminable... Bref, disons-le sans trop de détours, il s'agit probablement de la meilleure production dont le groupe ait bénéficié à ce jour. Section rythmique en béton armé avec une batterie qui claque fort, un son de guitare toujours aussi monstrueux, et un mix qui laisse mieux entendre les claviers de Michael Pinnella que sur l'album précédent... rien à redire, c'est puissant, clair, tout est sa place... parfait.

Le style, maintenant ? Ah, c'est là que certaines dents vont se mettre à grincer. Symphony X enfonce le clou: c'est très très TRES heavy, sombre... méchant !! On n'est pas là pour rigoler et ceux qui souhaitaient voir leur groupe favori revenir à des compos un peu moins lourdes ou hargneuses vont devoir se faire une raison. Sans complètement tourner le dos à ce qui a forgé l'identité du combo pendant toutes ces années, les cinq fantastiques du New Jersey signent, avec Iconoclast, leur album le plus metal. Si vous aimez votre Symphony X bien velu, vous allez vous régaler ! Si, en revanche, vous n'avez pas adhéré à la démarche du groupe sur ses albums les plus récents, peut-être aurez-vous des difficultés à accrocher à celui-ci.

Première bonne surprise de ce nouvel opus : la chanson titre qui ouvre le bal. Voilà une composition époustouflante, s'étalant sur près de onze minutes, et qui va vous asseoir sur votre séant de sorte que vous ne bougiez plus pendant le reste de l'écoute. Titre épique, résolument prog (on y retrouve la technique hallucinante, les passages instrumentaux à couper le souffle, les changements de rythme...) et doté d'un refrain surprenant de par ses choeurs guerriers ("Fight ! Fight ! Fight !"), Iconoclast est carré, mélodique et accrocheur. Les amateurs de riffs puissants et complexes seront ravis, ceux qui aiment la voix intense et racée de Russell Allen ne seront pas déçus non plus. Bref, ça commence plus que bien.
Ensuite, c'est The End Of Innocence, morceau de facture plus classique qui vient prendre la relève. Pas véritablement novateur (il rappelle le style d'un Eve Of Seduction, sur Paradise Lost, en moins véloce), il demeure très bien fichu et possède un refrain épique et efficace, dont la mélodie fait mouche.
Avec Dehumanized, c'est la claque... et ça ne va pas plaire à tout le monde ! Compo singulièrement heavy, au riff à la fois gras et tranchant (pas toujours facile de concilier les deux) et aux lignes de chants particulièrement agressives, elle vous scotche sur place. Mais voilà, certains trouveront peut-être que Symphony X pousse le bouchon un peu loin (notamment au niveau du chant assez inhumain, ce qui colle bien au thème de la chanson soit dit en passant) en matière de bourrinage. Moi, j'adore... mais je ne serais pas surpris qu'un tel morceau ne fasse pas l'unanimité.
Le tempo s'accélère avec Bastards Of The Machine, entraînante, virtuose et implacable. A ce moment de l'écoute, on se dit qu'une petite accalmie serait la bienvenue... et bien non. Heretic déboule toute en force et noirceur. Le riff, ce n'est même plus du heavy, ni du prog... c'est du thrash ! Précisons que depuis le début de l'album, tous les musiciens sont, comme à leur habitude, monstrueux. Ce titre de déroge pas à la règle, c'est encore une fois du metal de haute volée.

J'ai beau aimer tout ce que j'entends, je dois tout de même émettre un (tout) petit regret par rapport à une tendance qui semble se dégager de cet Iconoclast. Russell Allen, vocaliste absolument incroyable, sans doute pour coller au concept "Matrixien" de l'album (le conflit entre l'homme et la machine), est monstrueux... il l'est peut-être même un peu trop. On est forcément admiratif face à une telle performance toute en force, mais on a connu le bonhomme plus subtil et nuancé. Parfois, on aimerait retrouver ces magnifiques mélodies lyriques, sublimées par un chant clair, auxquelles le groupe nous a habitués sur des albums plus anciens. Enfin, je dis ça... et je le pense... mais j'adore tout de même ce qui se passe ici. Ils sont forts ces ricains !

Allez, terminons, vous avez commencé à lire cette chronique hier... De la mélodie, on en voulait et on va justement en avoir avec l'excellente Children Of A Faceless God qui possède probablement un des refrains les plus marquants de cet album. Avec la très efficace Electric Messiah, on revient à de la compo plus speed et agressive. Prometheus (I Am Alive) permet au groupe de faire étalage de sa science en matière de heavy prog musclé et mélodique, et à Russell Allen de sa monstruosité sur le couplet... avant de laisser éclater une mélodie imparable et bienvenue sur le refrain ("Alive, alive, rising up, I am Alive") qui aura bien du mal à sortir de votre tête une fois l'écoute achevée.
Tout cela est réjouissant; comme je vous le disais plus tôt, c'est très metal et assez homogène, tout en restant du Symphony X bien sûr... mais il manque quelque chose. Et c'est pile à ce moment-là que nous est servie la sublime conclusion intitulée When All Is Lost. Le groupe se souvient enfin qu'il sait aussi composer de belles chansons épiques, et délaisse le poutrage intensif pour nous proposer quelque chose de plus mélodique et lyrique. Moins méchant que ses prédecesseurs, ce morceau nous donne enfin l'occasion de souffler un peu et d'entendre le chant clair de Mr. Allen. Plus progressif, alternant entre la ballade et des passages plus enlevés (on se rapproche, dans le style, de compos comme The Accolade), When All Is Lost relève du chef-d'oeuvre et permet à l'album de gagner en humanité.

Voilà, Symphony X a encore frappé fort. Une introduction et un final de rêve (un peu comme pour le dernier Blind Guardian, la première et la dernière chansons sont les plus classes) encadrent une série de compos soignées et qui se révèlent à vous au fil des écoutes... pour ne plus vous lâcher. C'en est définitivement fini des gammes néo-classiques à la Malmsteen (il n'y en avait déjà quasiment plus sur l'album précédent) même si les musiciens restent de vrais virtuoses et nous le font savoir sur chaque piste de ce disque. Le groupe ne regarde pas en arrière et continue de défendre les couleurs d'une musique toujours progressive et classe, mais plus sombre et agressive que jamais. Les suivrez-vous dans cette voie ou retournerez-vous à vos classiques ? En ce qui me concerne, j'ai fait mon choix et attends avec impatience la prochaine tournée européenne qui devrait théoriquement avoir lieu d'ici la fin de l'année.

 

Tracklist de Iconoclast:

01. Iconoclast
02. The End Of Innocence
03. Dehumanized
04. Bastards Of The Machine
05. Heretic
06. Children Of A Faceless God
07. Electric Messiah
08. Prometheus (I Am Alive)
09. When All Is Lost

 

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