Artiste/Groupe:

Tad Morose

CD:

St. Demonius

Date de sortie:

Août 2015

Label:

Despotz Records

Style:

Heavy Metal

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Note:

15/20

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Ouf... le retour de Tad Morose se confirme et n'était donc pas qu'une brève renaissance sans lendemain. Quand Revenant est sorti, fin 2013, le groupe émergeait d'une décennie de silence. Et comme cette formation suédoise continue d'évoluer dans une certaine confidentialité (pour formuler les choses avec tact), on pouvait se demander si et quand il y aurait une suite à ses aventures. Finalement, on n'aura pas attendu longtemps car, moins de deux ans après Revenant, voici déjà St. Demonius et sa jaquette qui évoque immédiatement l'artwork d'un vieil album de King Diamond (Them, pour les incultes). Pour ce huitième opus, le line-up est exactement le même qu'il y a deux ans. Quant au style du groupe, il n'a pas véritablement changé non plus. C'est du heavy metal traditionnel bien lourd, sombre et servi par de gros riffs costauds. La seule petite évolution notable réside dans l'aspect encore un peu plus ténébreux (suggéré par la pochette déjà évoquée plus haut) de ce cru 2015. Fans de happy metal ou de refrains dignes de la fête de la bière, passez votre chemin ! On n'est pas là pour se poiler.

Je vais le dire tout de suite : non, tout n'est pas absolument parfait chez Tad Morose... mais le combo a un certain nombre d'atouts. L'un d'entre eux (et pas des moindres) est de maîtriser l'art délicat et ancestral du riff. Certains groupes, à force de peaufiner leurs ambiances, jouer avec leur image, tout miser sur le chant, les orchestrations (etc.), l'oublient... mais dans le heavy metal, le riff, c'est essentiel. C'est la base. Sans un bon riff qui tue, vous pouvez balancer tous les arrangements que vous voulez et vous ramener avec un son à décorner les boeufs, cela ne fera pas illusion longtemps. Christer "Krunt" Andersson (guitariste fondateur, seul membre rescapé du line-up originel) l'a bien compris et, encore sur fois, sur St. Demonius, c'est le festival du riff. C'est évident dès les premiers instants de l'enlevée et tranchante Bow To The Reaper's Blade (forcément, avec un titre pareil, ça ne pouvait que trancher)... et ça se confirme un peu plus loin avec une rythmique super catchy sur Black Fire Rising ou sur la plus thrash The Shadows Play. Darkness Prevail ou Dream Of Memories (aux mélodies et ambiances qui me rappellent l'excellence de Mercyful Fate) sont également là pour en attester. Mais Tad Morose, ce n'est pas que de la guitare. C'est aussi une section rythmique en béton armé et un chant de haute volée... même si je serai un peu plus nuancé sur ce dernier point. Ronny Hemlin (dont c'est le deuxième album avec ce groupe) livre une prestation impressionnante, c'est clair, il est très fort. Il me rappelle souvent Tim "Ripper" Owens de par son timbre, sa puissance et une certaine théâtralité... mais parfois, il en fait un peu trop à mon goût et quelques passages très en force me font sourire ou m'agacent plus qu'ils ne me séduisent réellement. Je reste impressionné mais lui préfère Urban Breed (son prédécesseur), qui apportait au groupe plus de finesse. 

Revenons aux nouvelles compos. Beaucoup de bonnes choses ici... La chanson d'ouverture (Bow To The Reaper's Blade, déjà citée), les compos choisies pour faire la promo de l'album sur le web (Forlorn, Your Own Demise) par le biais de vidéos à l'intérêt visuel très limité (mais l'essentiel reste la musique), l'excellente Where Ignorance Reigns (un des meilleurs refrains - et pas trop "déjà entendu" - de l'album), l'accrocheuse Black Fire Rising, la pesante Darkness Prevail, l'envoûtant couplet de The World Is Growing Old (à l'ambiance qui évoque les premières heures, plus progressives, du groupe)... Mais, comme dit plus haut, tout n'est pas parfait. Probablement parce que l'album est un peu trop homogène et manque de variété, ce qui fait qu'on a parfois l'impression d'avoir déjà entendu, il y a quelques pistes de cela, un morceau similaire à celui qu'on est en train d'écouter. Aussi parce qu'une poignée de refrains manquent parfois d'évidence et auraient nécessité une mélodie plus marquante afin d'être plus mémorables ou digestes (Fear Subside, Dream Of Memories). Enfin, les détracteurs pourront toujours reprocher à Tad Morose de ne pas sortir des sentiers battus. Oui, ça se discute, ce n'est pas complètement faux, leur metal n'est pas révolutionnaire... Mais ça reste du bon heavy, pas totalement dénué de personnalité (avec un effort notable pour proposer des lignes de chant non entendues des milliers de fois auparavant), dark, traditionnel sans sonner désuet ou nostalgique (St. Demonius ne va pas jusqu'à épouser le son des années 80, par exemple), très bien produit (le son est impeccable) et qui permettra au fan du genre de se faire plaisir. 

St. Demonius est bon même s'il n'est pas, à mon avis, le meilleur album de Tad Morose. En revanche, il est probablement l'opus le plus heavy sorti par ces méritants Suédois. Avec un peu plus de variété, de subtilité saupoudrée ici ou là et quelques refrains plus accrocheurs, ce disque aurait pu être grand (comme l'excellent Modus Vivendi, par exemple). Mais s'il n'est sans doute pas le mieux placé pour figurer parmi les indispensables des années 2010, il reste cependant tout à fait honorable et je le recommande chaudement aux amateurs de heavy metal de qualité et à ceux qui n'ont jamais entendu parler de ce groupe qui demeure l'un des plus dignes représentants de la Suède dans ce style. Pour ceux qui connaissent et aiment déjà, allez-y sans crainte, nul besoin de vous convaincre... vous avez déjà vu la lumière, petits chanceux. Ensemble, répandons la bonne parole et aidons ceux qui pensent que les meilleurs groupes de heavy/power suédois se nomment Hammerfall ou Sabaton à revenir dans le droit chemin. 


Tracklist de St. Demonius :

01. Bow To The Reaper's Blade
02. Forlorn
03. Where Ignorance Reigns
04. Remain
05. Black Fire Rising
06. Day Of Reckoning
07. The Shadows Play
08. Darkness Prevail
09. Fear Subside
10. Dream Of Memories
11. The World Is Growing Old
12. Your Own Demise