Ted Nugent

Artiste/Groupe

Ted Nugent

DVD

Ultralive Ballisticrock

Date de sortie

Octobre 2013

Label

Frontiers Records

Style

Hard Rock

Chroniqueur

Didier

Note Didier

16/20

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C H R O N I Q U E

Ce nouvel album est étonnant. Très étonnant même, car il nous permet de découvrir qui est vraiment Ted Nugent. Si comme moi vous frôlez la cinquantaine, vous avez sûrement des souvenirs du Motorcity Madman, le fou de la ville des bagnoles (Detroit) tignasse au vent, en pagne, extirpant des riffs de dingue de sa Gibson Byrdland (une 1/4 de caisse réputée dans le Jazz). Certains de ces tubes des années quatre-vingt sont devenus des hymnes : Cat Scratch Fever, Just What The Doctor Ordered, ou encore Wango Tango, que tonton Zégut utilisa pour son émission de radio sur RTL pendant dix ans. Les plus jeunes d'entre vous connaissent peut-être aussi Gonzo pour le morceau mythique Stangehold qui s'est retrouvé sur une des éditions du jeu Guitar Hero. Bref une bien belle carrière musicale, avec cinq albums dans les années soixante-dix, puis encore cinq dans les années quatre-vingt ; qui finit par se calmer avec un album en 1995 et encore deux en 2002 et 2007, dont Love Grenade le dernier en date. Bon ça, c'est l'angle musical. Il y a un autre angle qu'il est difficile de ne pas aborder. Car si au départ on connaissait Ted l'homme des bois, qui écrivait des livres sur l'art de la chasse à l'arc, du BBQ réussi, et autre vision de la vie au grand air, style chasse, pêche et traditions (surtout catholiques), le Ted sexagénaire est devenu de plus en plus rebelle et politiquement engagé (voire enragé). Il est banni de chasse en Californie et en Alaska pour ne pas avoir respecté les règles de chasse, et il est très impliqué dans la défense du droit à porter (et utiliser) une arme, puisqu'il est même au comité de direction de la célèbre NRA (National Riffle Association) qui fait la pluie (de balle) et le beau temps aux US. Bref un personnage bien sous tout rapport, qu'il vaut mieux compter dans ses amis que ses ennemis.

Pourquoi je vous raconte tout ça, après tout on est là pour parler de musique, et rien que de musique ? Eh bien parce que dans ce double album live, Ted-grande-bouche en fait des tonnes et entre quasiment chaque morceaux, on a droit à sa vision tout à fait particulière des choses de la vie. Politique intérieure, extérieure, gouvernement en place, NRA, armée, tous les sujets sont abordés dans un langage assez fleuri. Si vous parlez anglais ça peut être choquant. Et même si, dans certains cas, c'est de la pure provocation (une des spécialités de Ted), ça devient carrément lourd à la longue, on le croirait en pleine campagne politique.

Revenons à cet album live qui reste un grand moment de bon gros rock qui tache. Ted est accompagné, comme à la belle époque, par Derek St Holmes à la guitare, par Greg Smith à la basse, et par Mick Brown à la batterie. Les meilleurs moments sont Stormtroopin', Wango Tango, Just What The Doctor Ordered dans la première partie, et Motorcity Madhouse (solo de gratte un poil longuet), Cat Stratch Fever et bien sûr le mythique Stranglehold dans la seconde partie. Si vous ne connaissez pas Ted Nugent, écoutez au moins celle-là : quel solo de guitare fabuleux, et exécuté à la perfection ici. Je trouve par contre un peu lourdingue les hymnes à la chasse que sont Fred Bear ou Great White Buffalo qui clôt le concert, et carrément indigeste le I Still Believe, à la gloire de l'Amérique, et véritable discours de campagne politique.

Le DVD ajoute une dimension qui nous échappe dans les CD pendant les une heure cinquante-cinq du concert. Comme le drapeau américain en backdrop, les guitares suspendues devant et au-dessus des murs d'amplis, les armes lourdes sur leurs râteliers ou posées sur les amplis, les arcs, les serpents à sonnettes empaillés. La salle n'est pas si grande que ça, en bois, genre grande salle de square dance de cowboy. Au premier rang un barbu tout droit sorti de Délivrance porte une banderole "Uncle Ted President 2012" (c'est un concert capté pendant l'été 2011 avant la réélection d'Obama, pas de chance Uncle Ted !). Pendant Wango Tango, quatre greluches viennent se trémousser sur la scène en tenue de cheerleaders. On découvre aussi que Derek St Holmes chante (super bien) plusieurs morceaux et Greg Smith, le bassiste aussi. Ted change régulièrement de guitare, et toutes sont sympas: une avec la bannière étoilée (pour changer), une zébrée. Avant Raw Dogs & War Hogs, Ted rend un hommage à tous les corps de l'armée américaine présents ou pas dans la salle. Patriotisme, quand tu nous tiens ! Ted arbore un magnifique chapeau de cowboy en peau de croco ou de serpent, et il porte un micro portatif devant la bouche. C'est un sacré guitariste qui arrive à sortir des sons de slide avec juste ses doigts. On est content d'apprendre que la Pennsylvanie, compte le plus de chasseurs de cerfs et de potes de la NRA au monde ! Et qu'une viande à griller s'appelle : "Dead shit on the grill". Pour le rappel, Ted revient sur scène avec sa célèbre coiffe d'indien à plumes. Puis le final est grandiose, hollywoodien même. Il pose sa guitare (ou une copie) sur un stand, s'empare d'un arc de tir, y place une flèche, l'enflamme et tire sur le dos de la guitare qui explose ! Et c'est pas fini, tous coiffent un casque de l'armée américaine, et s'emparent de fusils mitrailleurs qui traînaient sur scène et nous refont la célèbre scène du lever de drapeau américain d'Iwo Jima. On croit rêver ! Ted lâche un dernier "Come and get it motherfuckers" et dégage la piste sous les hourras de la foule. Truc de dingue !!

Le DVD contient aussi deux bonus. Un sur le "Spirit Of The Wild", l'esprit de la nature qui semble habiter oncle Ted, et qui est juste une promotion de la chasse et de la pêche ne présentant aucun intérêt surtout si vous ne parlez pas anglais. L'autre, toujours pas sous-titré, est un mini reportage tourné avant le concert et dans les coulisses. Le seul passage intéressant est quand il explique sa première guitare, l'arrivée des LesPaul et l'influence de Chuck Berry et Bo Diddley.  

Pour finir, je vous laisse, sans les traduire pour garder leur authenticité, quelques-unes des perles d'oncle Ted, relevées dans l'album:

I'm inspired because I'm born in America.
The whole world sucks but America still sucks less.
And as soon as we kick those assholes out of the White House we won't suck at all, I hope some day.
I will use the freedom that you provide at great sacrifice, to clean up this country here at home, because we have too many pieces of shit taking advantage of we, the people.
All my NRA budies out there.
Tonight we are going to give all the young people a free machine gun, evrybody gets a free machine gun, it just seems like the right thing to do, anybody got a problem with that: fuck you! People at home are going: is that legal? Fuck you!
Tea Party baby, T stands for Ted.
I'm Ted Nugent I'm 63 fucking years old and I have the spirit, because I have been clean and sober for 63 years. Nothing but hunting, and fishing.
We are going to take this country back, anytime now, I pray to God.

Attention le bougre laisse entendre qu'il pourrait bien se présenter comme président en 2016 !


Tracklist de Ultralive Ballisticrock :

CD 1 :

01. Free For All
02. Stormtroopin'
03. Wango Tango
04. Just What the Doctor Ordered
05. Wang Dang Sweet Poontang
06. Need You Bad
07. Turn It Up
08. Raw Dogs & War Hogs
09. Dog Eat Dog

CD 2 :

01. Hey Baby
02. Fred Bear
03. I Still Believe
04. Motorcity Madhouse
05. Cat Scratch Fever
06. Stranglehold
07. Great White Buffalo


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