C H R O N I Q U E

Comment peut-on sérieusement s'avancer en 2011 sur la scène extrême actuelle avec sous le bras un album de black metal norvégien en sachant que l'on ne fait partie que « des autres » ? Les autres, ceux qui n'ont pas fait l'actualité il y a vingt ans de cela, ceux qui n'ont pas brulé d'églises, ceux qui n'ont pas dévoré des morceaux du cerveau de leur ami fraichement suicidé, ceux qui tentent de faire partie du cercle très fermé des créateurs de toute cette scène qui vit s'entrechoquer la passion dévorante et la folie dans une époque où la Norvège avait cessé d'être paisible.

The Konsortium nous apporte un élément de réponse. Pour faire partie des autres, il faut déjà savoir de quoi l'on parle. Et l'on est rapidement forcé de reconnaître que le groupe sait où il met les pieds : compositions alternant des rythmes voulus écrasant et mines furieuses histoire de rappeler que le black, ça fait peur. Les nordiques n'en oublient pas pour autant une certaine finesse dans les compositions pour alléger le tout. Ce qui donne un Gasmask Prince basique mais efficace, un Decomposers redoutable, traversé par un solo thrash à faire blanchir plus d'un extrémiste convaincu, un Onwards! Onwards! torturé, ou un Tesla absolument excellent, grâce encore une fois au fait qu'il sorte du carcan habituel black metal pour aller jouer dans la cour des cousins d'outre-Atlantique. Car oui, si il n'est pas mauvais sur les parties traditionnelles, c'est quand il se sent les ailes d'aller jouer sur d'autres terrains autrement risqués pour un groupe extrême qu'il se révèle le plus intéressant : The Konsortium avec un tel potentiel peut arriver à devenir le meilleur groupe européen de la catégorie, tout simplement. Les idées sont là, le talent de composition aussi, il ne manque plus qu'à organiser tout cela et à renforcer les incursions thrash pour nous pondre un second album qui pourrait devenir culte.

Mais oui, il faut auparavant veiller à se débarrasser du très gros défaut de cet album éponyme, défaut par moment presque rédhibitoire, le chant clair. Par pitié, messieurs, cessez de vouloir en mettre, même pas un petit peu, non, plus une note de chant clair. Non pas qu'il soit mauvais attention, mais pour l'instant il ne colle absolument pas à ce qui est proposé autour et tombe tout le temps comme un cheveu sur la soupe (n'apportant pas grand chose mais causant un désintérêt rapide de l'auditeur qui pour le coup n'a pas mérité ça) au milieu d'un morceau qui était pourtant agréable à écouter (Slangenes Barn, ou comment ruiner la dernière minute d'un morceau pourtant au format radio....). C'est la seule condition pour que The Konsortium confirme son statut de potentiel champion. Pour le moment, c'est un talent plein d'espoir qui doit apprendre à se canaliser, à travailler sa technique, à développer sa créativité et à travailler son endurance. Et surtout à laisser tomber les parties en voix claire.

Pour terminer, sachez que cet album est entré dans le top 100 des charts officiels norvégiens début août. Voici une autre preuve que ces gens-là ont du goût.

Tracklist de The Konsortium :

01. Gasmask Prince 
02. Lik Ulven 
03. Under The Black Flag 
04. Decomposers 
05. Knokkeklang 
06. Slagens Barn 
07. Onwards! Onwards! 
08. Tesla 

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