Artiste/Groupe:

The Last Of Lucy

CD:

Ashvattha

Date de sortie:

Novembre 2017

Label:

Auto-production

Style:

Death-Jazz Technique

Chroniqueur:

JeanMichHell

Note:

16/20

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Pour celles et ceux qui ne seraient pas un tant soit peu ouvert à un mélange des genres et des styles, il n’est pas nécessaire de vous user les yeux sur cette chronique, car je vais vous parler d’un genre peu commun : l’extraterrestre musicien. Ce type de personne, peut paraitre, de prime abord, comme tout le monde, dix doigts, deux oreilles, et un petit cœur qui bat. Mais attention les amis, ceci n’est qu’une ruse pour se fondre dans la masse et nous faire passer des ovnis pour des lanternes. Ils forment un groupe, The Last Of Lucy, et portent des noms comme tout le monde : Josh De La Sol au chant, Gad Gidon et Christian Mansfield aux guitares, Ricky Fregosi à la basse et Brandon Millan à la batterie... quoi de plus classique comme couverture ? Le plus flagrant étant le nom de leur ville d’origine : Orange aux Etats-Unis, comment faire plus commun ? Ces gredins font tout pour paraitre humain mais moi, Jean Mich’, fan absolu de Jean Claude Bourré (le cousin de celui en «E.T.»), je les ai démasqués.


Le quintet donne dans le Death technique, ok donc jusqu’ici pas besoin d’être martien pour jouer ce genre de musique, d’autres humains y arrivent très bien. Mais lorsque le mathcore s’y invite, déjà, on change de dimension. Le mélange entre ces deux genres stylistiques n’est déjà pas très conventionnel et donne par moment du fil à retordre pour comprendre complètement ce qui est en train de bouleverser mon cerveau…  Je vous mets au défi de compter le nombre de riff différents sur le début d’Agarttha, qui porte la base d’un riff clairement death mais qui se fait couper, entrecouper, découper pour y introduire toute sorte de descentes de gammes, d’arpèges, où tout "simplement" un autre bout de riff que certains groupes de Mathcore auraient été déjà bien contents de trouver. Si Psyopus (autres hyper-êtres, pas tout à fait humains) avaient dû faire du Death, ils l’auraient certainement construit ainsi.

Et ce n’est pas tout car dans ces têtes d’aliens, la recette devait être trop fade pour ne pas rajouter quelques petits passages jazzy. Eh oui, quand le jazz est là, c’est le Death qui s’en va ! Le groupe nous fait voyager vers un autre univers sans besoin de soucoupe volante. On prend de la hauteur, la musique devient plus aérée et aérienne mais ne perd pas en qualité technique, ce qui est vraiment la marque de fabrique du groupe. Des cuivres, du slap, des mélodies tout en douceur, le groupe ne se refuse rien et arrive à mélanger tout cela comme si c’était une évidence. Il n’existe pas de mesure à quatre temps sur Ashvattha, et dès qu’il s’agit de reproduire ladite mesure, je pense que cela doit leur donner des boutons. J’ai rarement entendu autant de virtuosité dans des styles si opposés, peut être chez Ephel Duath et encore…


Dans sa manière de composer, le groupe me fait penser à Hypno5e, avec ce côté bicéphale. Etre capable de proposer des mélodies envoûtantes et dans la mesure suivante, de mettre un grand coup d’accélérateur qui laisse sans voix, n’est pas donné à tout le monde. L’insertion d’interludes renforce cet effet, un titre ou un passage jazzy puis une déflagration death dans ta face. Certains titres comme Odyssey ou Permutation (qui, pour le coup, porte bien son nom), eux, arrivent à fusionner les deux genres.

Le seul point discutable de cet album, c’est qu’il est clairement difficile à appréhender. Les structures sont complexes et il faudra de l’acharnement à l’auditeur rien que pour comprendre tout ce qui est en train de se jouer. Cet album n’est clairement pas "grand public" et risque, à l’instar d’un Ephel Duath, d’avoir avant tout un succès d’estime. Sauf si, vous aussi, vous avez des capacités surnaturelles…

Alors ne vous laissez pas avoir mes amis, ces extraterrestres musiciens sont dangereux pour votre santé mentale. Ils peuvent vous créer un choc mélodique si puissant que vous risquez l’incompréhension musicale. Mais si vous avez confiance en vos oreilles et votre cerveau, n’hésitez pas à faire une rencontre du troisième type.

 
Tracklist de Ashvattha :

01. Chapter I: Epiphyte
02. Chapter II: Odyssey
03. Chapter III: Ashvattha Awaits
04. Hypostatize (Interlude)
05. Obsidian Archetype
06. Advertent Avidity
07. Vigilance (Interlude)
08. Formication
09. Agarttha
10. Permutation (Outro)