Artiste/Groupe:

Tiles

CD:

Pretending 2 Run

Date de sortie:

Avril 2016

Label:

The Laser's Edge

Style:

Metal Progressif

Chroniqueur:

Didier

Note:

13.5/20

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Tiles est un groupe de Detroit qui œuvre depuis vingt-deux ans dans le genre rock/metal progressif. Pourtant, ce Pretending 2 Run n'est que leur sixième album. Il faut ajouter que leur précédent opus, Fly Paper, est sorti en 2008, une durée qui explique sûrement la décision de sortir un double album. Je ne connaissais pas du tout ce groupe qui, pourtant, aurait du attirer mon attention car plusieurs détails les rapprochent de Rush, mon groupe préféré. D'abord, leur producteur depuis 1997 et l'album Fence The Clear n'est autre que Terry Brown, qui a longtemps bossé avec Rush. Ensuite, l'artwork, plutôt original et assez mystérieux (à base de tortue, d'escalator, de draisienne et d'enfants), est l'œuvre de Hugh Syme, qui a aussi réalisé de nombreuses pochettes de Rush. Enfin, Alex Lifeson, le guitariste de Rush, était apparu en guest sur l'album précédent. Alors au final, on peut retrouver quelques petites touches qui sonnent un peu comme Rush, mais attention, il n'y a quand même pas tant de similitudes que cela.

Le groupe est constitué de Chris Herin (guitare, claviers, trompette, mandoline), Paul Rarick (chant), Mark Evans (batterie) et Jeff Whittle (basse, claviers), et on retrouve pas mal de guests de luxe sur l'album puisque y figurent : Mike Portnoy, Ian Anderson, Mike Stern, Colin Edwin, Kim Mitchell...

L'album est ponctué de petites phrases lues par une petite fille (France Espitalier) en français. La plupart du temps, ce sont des extraits du Petit Prince de St Exupéry, d'autres fois ce sont des extraits de textes du prêtre italien Girolamo Savonarola. Le premier morceau, Pretending To Run, est une belle pièce de rock progressif, avec de nombreux changements de rythmes. On y découvre la voix de Paul Rarick, très agréable, bien épaulée par des chœurs du groupe. Etonnamment, le chant dans le morceau suivant, Shelter In Place, me fait penser a celui de Klaus Maine dans les anciens Scorpions (époque Uli Roth). Les guitares sonnent plus crues, le morceau est bien plus pêchu et beaucoup plus court. La basse de Jeff est très efficace et rappelle pour le coup le style de Geddy Lee. Le solo se permet quelques notes off scale : c'est un style, il faut oser, ça coince un peu chez moi.

On change encore d'ambiance avec Stonewall, plutôt psychédélique et progressif, qui me fait penser un peu à Jethro Tull, la flûte en moins, mais un joli de solo de hautbois en plus. C'est avec le morceau Voir Dire, que l'on comprend mieux les références à Rush. C'est un instrumental de quatre minutes trente, assez réussi, qui peut faire penser à des anciens Rush, principalement pour la son de la rythmique de Chris Herin. J'aime bien aussi le fait que le morceau serve d'intro et enchaîne direct sur Drops Of Rain, qui est à mon avis un des meilleurs moments de ce premier CD. C'est un certain Kevin Chown qui assure la bonne grosse ligne de basse. Le morceau comporte pas mal de chœurs et un solo, que je trouve encore assez atypique, presque dissonant. Le groupe n'hésite pas à utiliser des machines, on en retrouve sur Taken By Surprise ; on en avait déjà eu en intro de l'album. L'intro de Taken By Surprise est bâtie autour d'une ligne de basse fretless, qui revient à la fin. Il est aussi le plus long du CD, avec plus de onze minutes dans une pure tradition de metal prog (à la Dream Theater, pour le coup), plutôt inspiré, avec pas mal de claviers, de bonnes lignes de fretless et quelques beaux roulements de batterie à la Neil Peart. Le chant n'apparaît qu'au bout de plus de six minutes, donc soyez patients. le morceau est globalement le plus pêchu de ce premier CD, et on peut parler ici réellement de metal prog. Je trouve par contre Refugium, un quasi trois minutes de cantiques, carrément inutile. On termine the premier CD sur Small Fire Burning, avec, sur l'intro, la voix de France et la basse de Jeff Whittle. Le reste rappelle certains morceaux des Norvégiens de Gazpacho, mid tempo, chant entraînant, chœurs et boîte à musique pour l'outro. Le chant de Paul Rarick est excellent mais le morceau reste un peu en dessous.

Le CD2 commence plutôt bien avec Midwinter, dans laquelle on est cueilli par la flûte de Ian Anderson en personne. L'ambiance minimaliste me rappelle encore beaucoup les derniers (et excellents) albums de Gazpacho. Weightless qui suit est mon morceau préféré du deuxième CD, son inspiration est clairement Yes. J'aime bien aussi le travail de basse fretless de Jeff et le chant de Paul. C'est le morceau fleuve du deuxième CD, avec quand même plus de neuf minutes. Mais c'est changeant et inspiré, et on ne voit pas le temps passer. Keith Kaminski y est crédité pour un solo de saxophone assez réussi. On s'ennuie un peu sur Friend Of Foe, qui sonne comme du Saga moyennement inspiré. Battle Weary est un morceau calme et très agréable, sur lequel on peut entendre Chris jouer de la trompette. Meditatio est la même erreur que les cantiques du premier CD, juste un peu plus court, mais toujours aussi inutile, si ce n'est pour y entendre France nous réciter des passages du Petit Prince. Le petit morceau suivant, Other Arrangements, est d'inspiration Pink Floyd, c'est un certain Adam Holzman qui nous montre ses talents au synthétiseur Moog. Moi, ça me fait bâiller... Mais ça sert d'intro à The Disappearing Floor, morceau étrange qui emprunte un riff à The Song Remains The Same, et dont le chant semble posé à contre temps. On note en guest Mike Stern (qui a été guitariste de Miles Davies, bande de chevelus ignares). Mélangez le tout pour obtenir un morceau prog-jazzeux, avant-guardiste pas vraiment des plus faciles d'accès (le solo de Mike est à la limite du supportable pour pas mal d'entre nous).

Ouf, c'est bon quand ça s'arrête et qu'on retrouve un truc plus classique intro-couplet-refrain, quoi. C'est Fait Accompli, un poil niais, avec beaucoup de chœurs, et un certain Mike Portnoy à la batterie, des violons, de la viole et du violoncelle. Entre deux courtes reprises du thème de Predenting To Run, très typées Rush, on trouve un instrumental assez sympa, Uneasy Truce, avec solo de violon, des chœurs et pas mal de changements de rythmes. Une belle petite démonstration de metal prog. The View From Here est encore un petit délire de Adam Holzman et son synthé Moog magique, qui meuble inutilement l'espace. Enfin, le CD2 termine sur Backsliding, tout aussi inutile ; heureusement que le son du hautbois revient nous chatouiller les oreilles.

Au final il faut, à mon avis, éviter trop d'amalgame autour de Rush. Tiles a bien son identité propre et n'est un aucun cas un ersatz de Rush. L'album par contre me semble un peu long, et j'ai eu du mal à enquiller les deux CD d'affilée. Je comprends très bien l'envie du groupe de nous fournir un max de musique après ces huit ans de composition, mais ça reste un peu longuet et pas toujours homogène. Surtout dans le CD2 qui contient de nombreux petits intermèdes pas forcément super utiles. Donc dommage que tout n'ait pas été concentré sur un seul CD. Les amateurs de prog (plutôt rock que metal) devraient apprécier le concept de cet album et ses petites touches de Rush, Dream Theater ou encore Gazpacho.


Tracklist de Pretending 2 Run :

CD 1
01. Pretending To Run
02. Shelter In Place
03. Stonewall
04. Voir Dire
05. Drops Of Rain
06. Taken By Surprise
07. Refugium
08. Small Fire Burning


CD 2
01. Midwinter
02. Weightless
03. Friend Or Foe
04. Battle Weary
05. Meditatio
06. Other Arrangements
07. The Disappearing Floor
08. Fait Accompli
09. Pretending To Run (Reprise 1)
10. Uneasy Truce
11. Pretending To Run (Reprise 2)
12. The View From Here
13. Backsliding