Artiste/Groupe:

Tokyo Blade

CD:

Blackhearts And Jaded Spades

Date de sortie:

1985

Label:

Style:

Hard Rock

Chroniqueur:

Orion

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Ah oui, pour de la pochette naze, c'est effectivement bien naze...
Quelle déception, cet album ! Et bien au-delà de la pochette.
Explications.

En 1984, Tokyo Blade, jeune groupe britannique, avait enflammé le monde du Metal avec son brillantissime Night Of The Blade qui faisait suite au prometteur album éponyme (sorti aussi sous le titre Midnight Rendez-Vous dans une autre édition). C'était le groupe espoir numéro un, dans quasiment tous les référendums des magazines spécialisés de l'époque. Autant dire que le troisième album était sacrément attendu.
Celui-ci, intitulé Blackhearts And Jaded Spades, sort en 1985. Comme on ne pouvait pas connaître un album avant de l’acheter à cette époque, je l’ai déposé fébrilement sur la platine disque à mon retour chez moi, m’attendant à la claque magistrale que m’avait fichu l’album précédent. Et là, bam ! La douche froide. Première réaction : mais que s'est-il passé ? Où est donc le groupe du génial Night Of The Blade ? On ne le reconnaît plus...
Combien de ballades trouve-t-on sur les deux albums précédents ? Aucune. Combien sur ce nouvel album ? Deux (You Are The Heart, Dancing In Blue Moonlight), pleurnicheuses et franchement pas mémorables. Ajoutons la bizarre Loving You Is An Easy Thing To Do (avec solo d'harmonica), qui est à mille lieues de ce que proposait le groupe avant, c’est à dire d’un Metal estampillé New Wave Of British Heavy Metal, et le choc est rude ! Il y a moins de folie sur cet album, les guitares sont nettement moins mordantes, on a ajouté du synthé (dégoulinant sur les deux ballades) car c'est à la mode... Tout comme le look des musiciens, qui est passé des pantalons moulants rayés à la Iron Maiden (le look NWOBHM) aux permanentes, foulards et accessoires du Glam Metal. On y verra forcément une tentative de conquête des charts américains. Il faut dire que c'était tentant, Def Leppard, lui aussi issu de la NWOBHM, avait bien réussi. Mais de ce côté-là, c'est un échec cuisant (d'autant que l'album ne sera disponible qu'en import là-bas.)

Mais bon, passée cette énorme déception, ce Blackhearts And Jaded Spades n'est pas un si mauvais album que ça. C'est juste que ce n'est pas ce à quoi on s'attendait. Quelques compositions tirent leur épingle du jeu, comme Dirty Faced Angels, Make It Through The Night, Always, Playroom Of Poison Dreams ou le titre éponyme. Ajoutons également le très énergique Monkeys Blood que l'on connaissait déjà (paru sur un EP sorti quelques mois avant, The Cave Sessions, et que l’on avait eu en cadeau sous forme de 45 tours flexible dans le magazine Hard Force) et qui finalement tranche pas mal avec le reste des morceaux de l'album (seul Blackhearts And Jaded Spades peut rivaliser). Pas de doute, les refrains ont été bien travaillés (Always, Undercover Honeymoon, Make It…), Vic Wright est un bon chanteur qui n'a rien perdu de son énergie, les deux guitaristes Andy Boulton et John Wiggins nous proposent toujours de bonnes parties mélodiques et de bons solos. Mais les compositions manquent globalement de puissance, d’intérêt même pour certaines, ça sent un peu trop le truc calculé, on voit que le groupe voulait se tourner vers un autre public. Mal leur en a pris...
La cause de ce changement de style, elle n'est pas difficile à trouver. Vic Wright, le chanteur fraîchement arrivé pour l'enregistrement de Night Of The Blade, et qui n'avait donc quasiment rien composé pour ce dernier à part deux ou trois lignes de chant, est ici crédité sur chaque titre. Et visiblement, ses aspirations étaient assez éloignées de la NWOBHM. Celles d’Andy Boulton, celui avec qui il a partagé l’essentiel de l’écriture de ce disque et principal compositeur des oeuvres précédentes, n’étaient plus, lui non plus, très en phase avec celles-ci.

A la fin de l'année 1985, le groupe explose (est-ce à cause des fameuses divergences musicales ?). Tous les membres foutent le camp. Vic Wright part fonder le groupe Johnny Crash, John Wiggins rejoint Paul DiAnno, ex-Iron Maiden, dans son nouveau projet Battlezone. Andy Wrighton (basse) et Steve Pierce (batterie) s'en vont retrouver Alan Marsh, le chanteur originel de Tokyo Blade qui, après son remplacement par Vic Wright, était allé fonder Shogun. Resté seul à bord, Andy Boulton continuera de faire vivre le groupe sous le nom de Andy Boulton's Tokyo Blade. Fin de parcours en eau de boudin pour l’un des groupes les plus en vue de la NWOBHM, celui à qui l’on promettait un destin aussi radieux que celui d’Iron Maiden.

Blackhearts n’est donc pas l’album à conseiller pour découvrir ce que Tokyo Blade a fait de mieux, vous l’aurez compris. Mais si l’on ne s’attache pas trop à ce que le groupe a produit avant, il reste une bonne poignée de compositions sympathiques à découvrir, pour peu qu'on apprécie le Hard Rock à l'américaine des années 80.

Tracklist de Blackhearts And Jaded Spades :

01. Dirty Faced Angels
02. Make It Through The Night
03. Always
04. Loving You Is An Easy Thing To Do
05. Undercover Honeymoon
06. You Are The Heart
07. Blackhearts And Jaded Spades
08. Though Guys Tumble
09. Dancing In Blue Moonlight
10. Playroom Of Poison Dreams
11. Monkeys Blood