C H R O N I Q U E

Widow's Weeds est le premier album de Tristania, paru en 1998.
Sur les traces d'un Theatre of Tragedy et de son chef d'oeuvre (Velvet Darkness They Fear), Tristania, tout jeune groupe norvégien également, fonce tête baissée dans le créneau tout nouveau du Gothic Dark Metal qui s'ouvre devant eux.
En effet, alors que Theatre of Tragedy va s'éloigner de ce style en s’assagissant avec Aegis, paru la même année que ce Widow’s Weeds, Tristania reprend le flambeau de fort belle manière.

Après une intro religieuse, le premier morceau, Evenfall, est un modèle du genre. Tous les ingrédients du style y sont réunis. Dès ce premier titre, la recette de l'alternance des voix masculines extrêmes (Morten Veland) et des voix féminines tout en douceur (Vibeke Stene) sur une musique lourde mais symphonique fait merveille. Totale osmose. Les chœurs, pas encore aussi impressionnants que par la suite, viennent déjà apporter une touche grandiloquente à l’ensemble. Un break piano et synthé avec la voix angélique de Vibeke amène ce qu’il faut de finesse au titre. On a même droit à un violon (présent sur plusieurs titres). En cela, on retrouve le lien avec Velvet Darkness, la bible du genre.
Pale Enchantress continue sur la lancée. La mélodie est amenée par le synthé et le violon. Le titre reste rythmiquement bien lourd. Le chant féminin se superpose aux growls sur le refrain. Le violon réapparaît en fin de morceau. Superbe.
Sur December Elegy, les rôles sont inversés et c'est Vibeke qui commence à chanter sur une guitare acoustique, rejointe plus tard par Morten et les rythmiques écrasantes. A noter le break de ce morceau avec le bruit de l’eau qui coule, des voix chuchotées et un violon aux consonances celtiques, de toute beauté. Fermez les yeux, voyage garanti.
Les morceaux de cet album sont dans l'ensemble très lourds, limite Doom. Un peu comme les titres du premier album de Within Temptation, qui jouait aussi dans un registre très proche de celui-ci, à l'époque (ça a bien changé, depuis). Le morceau suivant, Midwintertears, reste dans cette dynamique.
En revanche, Angellore fait figure de titre le plus accessible de l'album avec son chant masculin clair (que l’on ne doit pas à Morten Veland mais à Osten Bergoy) et son rythme plus rapide. Les growls ne sont pas absents, on les retrouve sur le refrain.
My Lost Lenore emprunte aussi cette voie avec un rythme entraînant et plus guilleret que le début d’album. Vibeke montre ses capacités vocales sur ce morceau.
L’album se termine (si l’on excepte l’outro Postludium) par un morceau bien rentre-dedans, Wasteland’s Caress, sans doute le plus costaud de l’ensemble.
Tous les titres sont excellents, ce premier essai est une vraie réussite.

Le seul reproche que l'on peut faire à cet album est une production qui manque de puissance, pourtant confiée à Terje Refsnes qui s’occupera des deux albums suivants du groupe et de ceux de Sirenia avec un bien meilleur résultat.
Mais bon, cela n’empêchera pas Tristania de s’élever avec cet album en nouveau chef de file des groupes du genre (bientôt rejoint par leurs compatriotes de Trail of Tears et The Sins Of Thy Beloved) et d’en rester les leaders grâce à un second album l’année suivante, Beyond the Veil, tout aussi génial.
Le Gothic Dark, chasse gardée des groupes norvégiens ? Peut-être...

Tracklist de Widow's Weeds :

01. Preludium...
02. Evenfall
03. Pale Enchantress
04. December Elegy
05. Midwintertears
06. Angellore
07. My Lost Lenore
08. Wasteland's Caress
09. ... Postludium

Venez donc discuter de cette chronique, sur notre forum !