Artiste/Groupe:

Trust

CD:

Marche Ou Crève

Date de sortie:

1981

Label:

Style:

Hard Rock

Chroniqueur:

Orion

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Et de trois !
Trust est dans une excellente dynamique, grâce au succès de son album précédent et de son tube Antisocial et après la tournée triomphale "Répression dans l’Hexagone", le groupe reprend le chemin des studios, celui du Polar Studio de Stockholm pour l’enregistrement et celui du Battery Studio de Londres pour le mixage avec un nouveau producteur, Tony Platt (producteur d’AC/DC notamment). Le tout pour un son plus agressif que sur les deux albums précédents, surtout au niveau des guitares. D’ailleurs, pour cet album, un second guitariste (Moho) a été embauché pour épauler Nono et pour renforcer le côté heavy du groupe. Et du coup, le son obtenu correspond-il à celui qu’on attendait de Trust ? Un peu trop compact pour certains, manquant de relief. 
A noter qu’un nouveau batteur a été recruté après le départ fracassant de Jeannot, il s’agit de Nicko McBrain, du groupe Pat Travers Band et futur batteur d’Iron Maiden. Celui-ci rejoindra les Anglais après la tournée commune aux deux groupes, s’étant lié d’amitié avec les membres de la Vierge de Fer. En fait, ce sera un échange de strapontin puisque leur batteur, Clive Burr, deviendra batteur de Trust à ce moment-là.

Et ça commence fort avec La Grande Illusion, au texte comme d’habitude engagé ("je ne suis qu’un bulletin qu’on intoxique et qu’on glisse dans une urne"). Bernie est toujours très inspiré au niveau de l’écriture et surtout, on a l’impression qu’il a encore plus la rage que sur les deux opus précédents. Sa voix est plus agressive, il a la haine !  
Le Sauvage place les guitares en avant, avec un beau break (les deux guitaristes sont globalement à la fête sur cet album) et des paroles qui font toujours mouche ("un jour viendra où j’aurai son âge mais on ne me mettra pas en cage"). A noter que la version anglaise de Marche Ou Crève qui a été enregistrée pour le marché international porte le titre de ce morceau (Savage).
Répression - en forme d’hommage à l’album précédent (qui porte le même titre, pour celui qui n’aurait pas suivi…) - , avec son refrain gueulé comme un slogan de manif, est un titre bien méchant. Cet album se distingue par son côté plus agressif donc, comme si le groupe voulait montrer que le succès ne les avait pas changés et qu’ils n’allaient pas faire des compromis et se mettre à faire du Téléphone. C'est pourquoi on a ici des morceaux sur lesquels le groupe lâche les chevaux. Le titre éponyme en est un autre bon exemple, avec son tempo rapide sur lequel Bernie débite les paroles à un rythme infernal. Il a même dû enregistrer les phrases qui se suivent en deux temps car elles se chevauchent.
Pas de compromis donc mais on ne doit pas oublier quand même le morceau qui pourra faire office de single. Ce sera Certitude… Solitude… mais celui-ci n’aura pas le même impact qu’Antisocial, ni même L’Elite, loin de là. Pourtant, avec son intro calme en son clair (bonjour Antisocial), son refrain mélodique qui reste dans la tête et son riff, c’est un très bon morceau. 
L’autre titre qui va bien marcher auprès des fans, c’est Les Templiers. Un riff inspiré et un texte qui l’est tout autant (les guerres au nom d'un dieu, ça reste d’actualité).

A propos de textes, Bernie s’inspire beaucoup de l’actualité internationale sur cet album : l’excellent La Junte sur les régimes autoritaires d’Amérique du Sud, Les Brutes sur l’invasion soviétique dans les pays de l’Est et Misère qui évoque l’Angleterre de Thatcher en crise et en plein conflit avec l’Irlande (ce titre ne sera d’ailleurs pas disponible sur la version anglaise, on comprend pourquoi en lisant le texte). Même à travers le texte des Templiers est évoquée la guerre en Irlande du Nord (encore) et au Salvador. Marche Ou Crève, c’est aussi un véritable reflet de l’état du monde au début des années 80.
Et bien sûr, comment terminer sans évoquer le poignant Ton Dernier Acte ? Un titre entièrement dédié à son ami Bon Scott, décédé juste avant la sortie de l’album Répression. Un Bon Scott avec qui il avait passé la soirée, à Londres, la veille du drame. Un titre bluesy, empreint de tristesse forcément et dans lequel on décèle l’immense respect qu’avait le chanteur français pour son homologue australien.

Et pourtant, malgré ses qualités, Marche Ou Crève sera un échec commercial car il s’en vendra nettement moins que Répression. L’explication est simple : ce dernier, grâce à Antisocial, n’a pas touché que le public métalleux de l’époque. Marche Ou Crève, plus brut et surtout non porté par un tube fédérateur, aura touché nettement moins de gens, uniquement les vrais fans du groupe. Il n’en reste pas moins qu’il est aujourd'hui considéré comme étant l’un des trois meilleurs albums du groupe français… et il risque bien de le rester quand on voit ce que Trust produit depuis un moment. A posséder, comme les deux précédents. 

Tracklist de Marche Ou Crève :

01. La Grande Illusion
02. Le Sauvage
03. Répression 
04. La Junte
05. Misère
06. Les Brutes
07. Certitude… Solitude…
08. Marche Ou Crève

09. Les Templiers
10. Ton Dernier Acte

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